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Présentation de la Série Mondiale 2010

Publié le 27 octobre 2010 par Vinz

Ce mercredi débutera à San Francisco la Série Mondiale 2010 entre les Giants de San Francisco et les Rangers du Texas. Cette affiche n’était pas prévue par les experts même si les deux équipes faisaient partie des prétendantes aux séries avant la saison. Reste qu’il s’agit d’une affiche inédite qui oppose deux formations qui ont mérité leur place.

world series 2010

Une première.

La Série Mondiale 2010 est la première dans l’histoire des Rangers du Texas. Fondés il y a 50 ans sous le nom des Senators de Washington, déménagés dans la banlieue de Dallas en 1971, les Rangers ont toujours eu l’image d’une équipe qui n’arrive à rien et ce malgré la présence de grands noms dans son effectif : Nolan Ryan, le recordman des strikeouts en carrière et un des trois plus grands lanceurs de l’histoire du baseball, Alex Rodriguez le plus jeune membre des frappeurs à 600 circuits, etc. Tout ce monde a vécu une partie de sa carrière au Texas sans jamais rien gagner, pas même une série. Et jusqu’au match 1 de la finale de la Ligue Américaine, pas un seul match à domicile ! Mais Nolan Ryan avait affirmé, ce qu’on pensait avec prétention, que l’équipe visait ni plus ni moins la Série Mondiale. Il avait raison.

Quant aux Giants de San Francisco, ils n’en sont pas à leur première Série Mondiale : leur dernière remonte à 2002 et cette série perdue en 7 matches contre les Angels d’Anaheim -la dernière série allée au bout-. C’était au temps de Barry Bonds. Avec l’émergence de Lincecum et cette présence en Série Mondiale, une page nostalgique est définitivement tournée. Il reste que l’équipe n’a jamais gagné de Série Mondiale depuis son départ de New York en 1958 ; elle l’a disputé trois fois (1962,1989 et 2002) sans jamais gagner. Les cinq World Series l’ont été entre 1905 et 1954 dans le mythique stade du Polo Grounds aujourd’hui détruit. D’ailleurs, chose amusante, les deux dernières disputées l’ont été contre des équipes californiennes : les A’s d’Oakland pour la Bay Series en 1989 et les Angels. Cette année, c’est le Texas, peut-être un signe.

Le parcours.

Pour arriver jusque-là les deux formations ont suivi des dynamiques différentes. :

- Les Giants de San Francisco ont passé les 5/6 de la saison à courir derrière les Padres de San Diego. Ce n’est qu’au début de septembre que les Californiens du Nord ont pris l’ascendant, en profitant d’une improbable série de défaites. Dans le même temps, Tim Lincecum s’est mis en mode Cy Young après un mois d’août très délicat. Les Giants se sont mis en place et ont surfé sur une dynamique de succès. C’est pourtant au dernier match de la saison qu’ils ont mis fin à la contestation des Padres en battant ces derniers 3-0.

sf giants logo

- Les Rangers du Texas ont suivi une autre dynamique. Ils ont imposé leur suprématie sur la division Ouest de la Ligue Américaine à partir du mois de mai, profitant de l’effondrement des Angels de Los Angeles, des limites des Athletics d’Oakland qui menaient en début de saison et de la sortie de piste prématurée des Mariners de Seattle. D’ailleurs, c’est cette dernière qui a permis aux Rangers de réussir leur meilleur coup de la saison : ramener Cliff Lee au Texas. Pourtant, l’équipe a été placée en faillite pour cause de défaillance de Tom Hicks et elle a été rachetée par un groupe dont le légendaire Nolan Ryan a été le visage et qui est devenu le président de la franchise. A partir de septembre, les Rangers ont plutôt déroulé mais avec pas mal d’inconstance.

rangers texas

En séries, les deux formations n’ont pas eu le même parcours non plus :

- Les Giants ont été opposés aux Braves d’Atlanta au premier tour. Ces derniers ont remporté le premier match mais San Francisco a raflé les trois suivantes, en associant l’opportunisme (le match3 est gagné sur une erreur défensive), la solidité et l’efficacité. Puis les Giants ont retrouvé les favoris de la Ligue Nationale et doubles champions sortants, les Phillies de Philadelphie. Ces derniers n’ont pas eu de mal à sortir les Reds de Cincinnati qui faisaient un retour en octobre après 15 ans d’absence. Halladay sortait un match sans point ni coup sûr (le deuxième dans l’histoire des playoffs) et le balayage était réalisé.

Dans cette finale, tout a finalement basculé dans le match 1 quand Lincecum a été meilleur qu’Halladay. Les Giants ont gagné 4-3 à l’extérieur puis après une victoire des Phillies dans le match 2, ils ont remporté les deux premières manches à domicile. Halladay a relancé les Phillies mais le match 6 a basculé en 8è manche quand Juan Uribe a expédié une balle dans les gradins pour le HR victorieux. Dans cette même manche, les Phillies ont mis en difficulté Lincecum venu en relève mais n’ont pas réussi à remonter leur déficit (défaite 2-3). Faire tomber la meilleure équipe des majeures depuis trois saisons n’est pas rien.

- Quant aux Rangers, ils ont commencé leur série à Tampa Bay. Et deux victoires en Floride ont donné l’impression que la meilleure formation de la Ligue Américaine allait disparaître corps et biens. Un seul point en deux matches. Mais les Rays sont allés chercher deux succès au Texas aussi convaincants qu’ont été les victoires des Rangers en Floride. Et c’est encore Cliff Lee qui allait servir la soupe à la grimace aux Rays. Enorme dans le match 1, il écœurait une deuxième fois les Rays chez eux pour permettre aux Rangers de remporter une première série éliminatoire dans l’histoire de la franchise.

Puis vint la finale contre les Yankees de New York, vainqueurs sortants de la Série Mondiale. Ces derniers avaient sorti sans problème les Twins du Minnesota, dont l’attaque était amochée (victoire 3-0). Malgré les réserves émis en fin de saison sur la densité de la rotation, le niveau de certains joueurs, les blessures, les Yankees montraient qu’ils étaient en mode victoire. Pourtant, les Rangers ont démontré leur supériorité et ce n’était pas gagné : Lee ne devait lancer que les matches 3 et 7 (s’il avait lieu). La présence du vainqueur du Cy Young 2008 était un élément clé. Mais il n’en a pas été crucial pour autant : Lee a certes dominé son match (le 3 gagné 8-0) mais les Colby Lewis ou Tommy Hunter ont été très dominants pendant que l’attaque des Yankees tombait en panne. Et l’offensive des Rangers associait rapidité et puissance pour assommer New York. Le gros match 5 de Sabathia n’a permis que de retarder l’échéance. Le bibendum était le seul partant au niveau chez les Yankees, c’était trop peu. En 6 matches, les Rangers éliminaient le champion.

Forces et faiblesses.

Dans cette partie je vais présenter secteur par secteur les forces et faiblesses de chaque équipe. Les Giants de San Francisco disposent de l’avantage du terrain lors de la Série Mondiale qui se joue en format 2-3-2 comme en NBA. Attention, les critères que j’utilise n’ont pas la même importance : certains comptent plus que d’autres.

Lanceurs partants

Le point fort des Giants avec quatre voire cinq partants de qualité : Lincecum, Cain, Sanchez, Baumgarner ou Zito. Le schéma des playoffs permet une certaine souplesse en envoyant en relève un des partants. Les succès des Giants ne sont pas dus au seul talent de l’extraordinaire Lincecum (Cy Young en 2008 et 2009) car derrière c’est du très haut niveau.

Chez les Rangers, on a Cliff Lee, invaincu en série en carrière (7 victoires) avec des statistiques hallucinantes. Le gaucher sera à nouveau le premier lanceur de son équipe lors d’une Série Mondiale. C’était le cas à Philadelphie l’an passé. L’ancien Indian doit certainement rentrer dans les annales : 4 clubs en un an et demi (Indians, Phillies, Mariners, Rangers), deux Séries mondiales disputées consécutivement avec deux équipes différentes et dans chaque ligue et deux fois comme lanceur numéro un. Ah, s’il avait eu cette forme-là en 2007, je n’aurai sans doute pas à pleurer l’effondrement des Indians !

Revenons au sujet : derrière Lee, nous avons Colby Lewis, Tommy Hunter et C.J. Wilson. Tout ce monde s’est révélé à un excellent niveau cette année mais on s’interroge quand même sur leur capacité à produire deux excellents matches. Le succès des partants explique la qualification des Rangers cette année. Il leur faudra tenir au moins 6 manches pour éviter d’user une relève qui a du mal avec les longues présences. Avec les faiblesses offensives des Giants, c’est parfaitement possible.

Avantage : Giants

En 2008, Cliff Lee (à gauche avec un uniforme indien) et Tim Lincecum avaient été partants au All-Star Game. Ils avaient remporté le Cy Young la même année (Lincecum récidiva en 2009 mais Lee alla en Série Mondiale). Ils se retrouvent en Série Mondiale pour le match d'ouverture et peut-être le match 5.

En 2008, Cliff Lee (à gauche avec un uniforme indien) et Tim Lincecum avaient été partants au All-Star Game. Ils avaient remporté le Cy Young la même année (Lincecum récidiva en 2009 mais Lee alla en Série Mondiale). Ils se retrouvent en Série Mondiale pour le match d'ouverture et peut-être le match 5.

La relève.

La relève des Giants est une des meilleures du baseball majeur. Derrière Brian Wilson, Sergio Romo et consort ont sorti le grand jeu et l’équipe est très solide même si elle peut flancher ici ou là. Cela n’a pas été le cas en séries.

Celle des Rangers a été modifiée en cours de saison. Frank Francisco a été remplacé par le rookie Neftali Feliz pour les sauvetages. Bien en a pris le manager Ron Washington : Feliz a protégé 40 victoires, le plus haut total jamais enregistré pour un rookie. Pour autant, la relève n’a pas toujours été très constante. Sa gestion a parfois été erratique comme contre Tampa Bay. Mais les Darren (O’Day et Oliver) ont été bons. Par contre, l’importance du partant est essentielle car si les Rangers sont contraints d’utiliser tôt leur relève, celle-ci est nettement plus fragile.

Avantage : Giants

L’attaque.

C’est le gros point faible des Giants. L’équipe s’est assez améliorée pour devenir une prétendante. Je l’avais dit en prévision de la saison : si les Giants sont meilleurs offensivement, ils peuvent faire quelque chose. La moyenne au bâton n’est pas extraordinaire mais l’efficacité est grande. Ce qui fait que les Giants gagneront surtout si le score est à bas pointage. Avec Huff, Sandoval, Uribe, Burrell ou le rookie Posey (rookie de la Ligue Nationale en 2010 ?) et autres, on a une bonne formation mais pas très puissante et rapide.

Les Rangers ont construit leur formation sur l’attaque. C’est la marque historique de la franchise : les cogneurs comme Palmeiro, Alex Rodriguez, Mark Teixeira, Ivan Rodriguez etc. ont marqué l’histoire de la franchise. Cette année, nous avons notre lot de cogneurs : Nelson Cruz, Vladimir Guerrero, Ian Kinsler, Josh Hamilton. En plus l’équipe s’appuie sur la vitesse avec Elvis Andrus, capable de voler la base qui peut amener à marquer le point. Les Yankees en ont fait les frais en encaissant quelques claques sévères dans la série précédente.

Avantage : Rangers

La défense.

Ne pas commettre d’erreurs est une des clés de la réussite dans n’importe quel sport. Les Braves d’Atlanta peuvent l’attester, eux qui ont perdu le crucial match 3 sur une erreur défensive contre les Giants. Ces derniers sont plutôt solides, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Quelques interrogations tournent autour de la défense de Pablo Sandoval au troisième but et de la capacité du receveur Buster Posey à dissuader les coureurs texans de voler les buts. A ce titre, le travail des lanceurs est crucial.

Chez les Rangers, on a un champ extérieur solide avec Hamilton, mais quelques soucis quand même. Il faut conjuguer défense et puissance offensive. Cependant, il n’y a pas vraiment de maillon faible mais des joueurs qui peuvent manquer de concentration.

Quand on compare poste par poste, on observe que les Rangers sont mieux armés dans le champ extérieur dans le trio arrêt-court, deuxième et troisième buts mais les Giants sont meilleurs au premier but, au poste de receveur et chez les lanceurs.

Avantage : Rangers

Le management.

Bruce Bochy chez les Giants est respecté et apprécié. Il commet assez peu d’erreurs.

Ron Washington a eu du mal à gérer sa relève même si contre les Yankees il a fait de bons choix. L’irrégularité de la justesse de ses décisions est aussi à prendre en compte.

Avantage : Giants

La règle.

En Série Mondiale, l’équipe qui reçoit applique la règle de sa ligue : autrement dit, dans les matches à San Francisco le lanceur est aussi frappeur alors qu’au Texas, le frappeur désigné le remplacera dans l’alignement offensif. Les statistiques des matches interligues donnent l’avantage aux équipes de la Ligue Américaine mais elles doivent être nuancées. D’autre part, le système offensif des Rangers est habitué à 9 frappeurs plutôt qu’à 8. Il faut réorganiser l’alignement en conséquence et cela pourrait pénaliser les Rangers qui devront sacrifier soit Guerrero (le frappeur désigné) soit David Murphy qui a bien fait en attaque comme en défense au champ extérieur. Quant aux Giants, ils feront sans doute jouer Sandoval en frappeur désigné pour améliorer la défense au troisième but soit en décalant Uribe à ce poste (il joue arrêt-court et Renteria occupera celui-ci), soit en utilisant Mike Fontenot.

Avantage : Giants.

L’expérience.

Comme je l’ai écrit plus haut, aucune équipe n’a disputé de série mondiale ces dernières années. La dernière participation des Giants remonte à 2003 et les Rangers à 1999. Il n’y a donc pas de culture de la gagne, mon expression favorite ces derniers temps.

Mais chez les joueurs, on peut en parler. Cliff Lee a disputé la série de l’an passé, gagnant ses deux sorties contre les Yankees avec les Phillies. L’expérience est du côté des Giants qui alignent des trentenaires (Burrell, Huff, Uribe, Renteria, Sanchez, Rowand, Zito, Guillen, plusieurs sont arrivés cette saison ou en cours de saison) mais aucun n’a gagné quoique ce soit dans son équipe. Au Texas, l’équipe est un peu plus jeune mais s’appuie sur des vétérans sortis des filiales sauf Vladimir Guerrero. Mais plus encore ici, la victoire est une découverte récente.

Avantage : Giants.

Bilan.

Objectivement, les Giants sont favoris et je miserai en 6 matches. 6 parce que Cliff Lee va encore faire des siennes même s’il sera opposé à Tim Lincecum pour le match 1. Un Indian qui lutte contre un Franciscain pour remporter un titre, il fallait bien ça. Je vais me sortir une bouteille de VUF !

PS. Au fait, quoiqu’il arrive, un joueur sera heureux car il recevra une bague de champion. C’est Bengie Molina. En effet, il joue pour les Rangers du Texas mais il a commencé la saison avec … les Giants de San Francisco. Et en vertu des règlements, il sera récompensé à ce titre.

Le calendrier (avec les lanceurs partants probables dans l’ordre des équipes hôtes et visiteuses)

Match 1. 27 octobre. San Francisco. Tim Lincecum ( SF.Cy Young dans la NL en 2008 et 2009) contre Cliff Lee (T.Cy Young en 2008 dans l’AL et 7 victoires, aucune défaite en 8 départs en playoffs en carrière). Deux lanceurs excellents en séries même si Lincecum a une défaite pour 2 victoires (3-0 Lee).

Match 2. 28 octobre. San Francisco. Matt Cain (SF) contre C.J. Wilson (T). Cain n’a encaissé aucun point en 13 manches 2/3 en séries.

Martch 3. 30 octobre. Arlington (Texas). Colby Lewis (T) contre Jonathan Sanchez (SF). Lewis a dégoûté les Yankees sur ses deux départs alors que Sanchez a souffert contre les Phillies (tout est relatif) malgré une belle sortie contre Atlanta.

Match 4. 31 octobre. Arlington (Texas). NC.

Match 5. 1er novembre. Arlington (Texas). NC.

Match 6. 3 novembre. San Francisco. NC.

Match 7. 4 novembre. San Francisco. NC.

Les matches 5-6-7 auront lieu évidemment si nécessité. Les matches débuteront vers 1 heure et demie du matin sauf pour le match 3 (0h30) et le 4 (2 heures pour un dimanche), heure de Paris. C’est-à-dire tôt là-bas puisque nous sommes dans l’Ouest (avec 8-9 heures de décalage horaire avec le Texas et la Californie).

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