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Journées de la Censure Cinématographique (JCC)

Publié le 27 octobre 2010 par Maitre_zaz

Journées de la Censure Cinématographique (JCC)La 23ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), qui se déroulent du 23 au 31 octobre 2010, fait polémique surtout concernant les films tunisiens, qui ont été empêché de participer ou retirés de la compétition à la dernière minute.

Le premier film documentaire qui a été « censuré », d’après son réalisateur Jamel Mokni, porte le titre “Hymen National – malaise dans l’islam”. C’est un film qui a créé de la polémique avant même sa projection. Il aborde un sujet très délicat, la reconstruction chirurgicale de l’hymen. D’après le réalisateur, c’est une pratique semble-t-il de plus en plus courante dans son pays d’origine, la Tunisie.

Dans toutes les sociétés Arabo-musulmanes, c’est connu que l’exigence de la virginité de la femme avant le mariage existe toujours. Ni les temps modernes, ni l’émancipation des femmes dans ces régions là, n’ont pu l’effacer. Tout simplement parce que c’est un phénomène qui ne relève pas seulement du traditionnel, mais aussi parce que les gens l’associe à la religion, ce qui renforce son existence et sa continuité dans le temps.

Les jeunes femmes sont donc toujours confrontées à ce problème, certaines arrivent à se préserver, d’autres cèdent à la loi de la nature, et se retrouvent confrontées à un conflit social et psychologique qui leurs pèse trop lourd, elles doivent affronter la famille, les amis, les voisins…les autres, qui pensent avoir un droit sur leurs vies privées.

Pour échapper à la honte, espérer pouvoir construire un avenir parmi les leurs, et éviter d’être exclus, les jeunes femmes se voient obligées de faire recours à la chirurgie. Grâce à une opération chirurgicale simple, les jeunes femmes dépucelées se font recoudre l’hymen et retrouve une nouvelle virginité.

Le film documentaire de Jamel Mokni traite ce sujet de prêt en se basant sur des cas réels, et des témoignages de jeunes filles qui ont vécu ce problème de prêt ou de loin, ainsi que d’autres personnes témoins qui donnent leurs avis sur ce phénomène social.

Quelles sont les réelles raisons qui peuvent pousser les filles à une telle pratique ? Est ce effectivement pour des raisons religieuses comme le laisse sous-entendre le titre du documentaire ? Ou alors sommes nous juste en face d’une société qui a basé ses valeurs sur de l’hypocrisie ? dans ce cas qui est le vrai hypocrite dans cette affaire? La femme qui cherche à sauver son existence dans une société de mâle, ou ce mâle qui veut se garantir une virginité vaille que vaille, même artificielle ?   Et est ce que la virginité de la femme est réellement liée à cette membrane ?

Toutes ces questions répondent à la question : pourquoi ce film a été empêché de participer aux JCC (Journées Cinématographique de Carthage). On est toujours face à l’hypocrisie, plutôt cacher les problèmes que de les affronter. Une autre forme de se refaire une virginité: faire recours à une opération simple mais douloureuse : la censure.

Le deuxième film censuré pendant ces journées cinématographiques de Carthage est « Chak Wak » de Nasreddine Shili. Bien qu’il a été sélectionné dans le panorama des films, il a été interdit à la dernière minute. Les organisateurs déclarent que le film a été retiré par son réalisateur, Nasreddine Shili, alors que ce dernier nie catégoriquement cette version.

L’histoire du film se déroule dans un petit village, où les gens mènent une vie paisible, jusqu’au jour où leur Imam meure, et se mettent à chercher un remplaçant. Entre temps un bandit sort de prison, et brusquement toutes les habitudes du village sont bouleversées.

Le film présente une caricature sur la façon de concevoir l’islam par certains, et attire l’attention sur la nouvelle vague de rites, lectures et compréhensions de l’Islam. Des idées particulièrement véhiculés par les chaines satellitaires du golf, qui sont intruses et complètement étrangères aux habitudes et à la compréhension de l’Islam par les tunisiens en général. Le réalisateur par son film « chak-wak » tire l’alarme sur un phénomène bien réel, le changement brutal des habitudes et des mœurs d’une société, et nous montre à sa façon comment cela peut devenir incontrôlable et dangereux à la fois.

Le film sous une forme drôle et caricaturale traite un sujet très sérieux, le mouvement islamiste intégriste dans le Maghreb en général, et en Tunisie en particulier, alors qu’est ce qui s’est passé entre le moment de la programmation du film « chak-wak » et le jour de sa diffusion dans les salles de cinéma ? Une question qui reste sans réponse pour des raisons qu’on estime trop floues, fruits d’une hypocrisie incontrôlable et dangereuse.

Zahira DRIS



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