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La valeur ajoutée des indépendants : l’exemple des pharmacies aux USA

Publié le 05 octobre 2010 par Tnlavie

La valeur ajoutée des indépendants : l’exemple des pharmacies aux USA

 

D’après un article très intéressant issu du blog Healthtweet de Julie, Docteur en pharmacie.

Il dresse un panorama de l’organisation et de la situation économique des pharmacies d’officine aux Etats Unis, se répartissant entre grandes chaines pour 2/3 (3 dominent actuellement l’ensemble du territoire des Etats Unis) et réseau de pharmacies indépendantes (association d’un maximum de 3 officines) pour 1/3.

Les pharmacies d’officines indépendantes se distinguent par la qualité de leurs prestations et par leur taux de rentabilité supérieur aux chaines d’officines concurrentes :

- en offrant un service de proximité grâce à un harmonieux maillage territorial, ne privilégiant pas les zones à forte rentabilité,

- par leurs compétences et la qualité de leurs prestations envers leurs patients : conseils officinaux et services pharmaceutiques approfondis et l’adoption massive des nouvelles technologies 

Une situation qui n’est pas sans rappeler la mutation s’opérant dans le paysage de la biologie médicale française…

Voici l’article original dans son intégralité.

 Avec plus de 240 000 pharmaciens actifs aux Etats-Unis dont 62% travaillant en officine, cette profession fait partie intégrante du système de santé aux Etats-Unis. S’ils étaient traditionnellement en charge de la délivrance des ordonnances, la montée en puissance du managed care les place aujourd’hui au premier rang des services de soins primaires et de préventions.

La chaîne de distribution des médicaments aux Etats-Unis est réglementée au niveau des Etats fédérés et non par l’Etat fédéral. Trois circuits peuvent être identifiés selon que les pharmacies soient des structures indépendantes[1], appartiennent à une chaine ou bien opèrent par envoi postal[2]. Au total, environ 55 000 officines sont présentes sur le territoire américain ; 34 à 42% (selon les sources) d’entre elles sont des structures indépendantes[3]. Mais, avec plus de 38 000 points de ventes, les chaînes de pharmacies dominent le paysage officinal.

La valeur ajoutée des indépendants : l’exemple des pharmacies aux USA

En 2007, les officines se seront partagé un chiffre d’affaires colossal de 259,4 milliards USD pour les ventes des seuls produits de prescription, soit plus de 3,5 milliards d’ordonnances délivrées. Un taux de croissance de 3,5% par rapport à 2006. En moyenne, le chiffre d’affaires de pharmacies indépendantes s’élève à 2,3 millions USD avec 163 médicaments sur prescription distribués chaque jour. Les pharmacies de chaîne ont des ventes légèrement supérieures (CA moyen à 2,5 millions USD) pour 1 000 ordonnances traitées chaque semaine. Les profits nets de ce secteur ne s’élèvent qu’à 1,3% des revenus, soit un quart de la moyenne obtenue par les entreprises du classement Fortune 500 (à titre de comparaison, Fortune 500 annonce 15,8% de profits nets pour les laboratoires pharmaceutiques) [4]. Les pharmacies indépendantes génèrent cependant des marges nettes supérieures ; elles sont estimées entre 3,5 et 4% selon leur chiffre d’affaires annuel.

 

La valeur ajoutée des indépendants : l’exemple des pharmacies aux USA

 

Suite à plusieurs mouvements de fusion-acquisition, trois grandes chaînes de pharmacies dominent aujourd’hui le paysage américain : CVS en leader (avec 6800 magasins et 160 000 salariés suite au rachat, en octobre 2008, de Longs Drugs Stores pour 2,7 milliards USD), Walgreens et Rite Aid. Chacune de ces entreprises intègre différentes activités en plus de son corps de métier : celle de Pharmaceutical Benefit Management [5] par exemple, de vente par correspondance des médicaments ou même de « walk-in clinics » – des centres de santé low-cost qui permettent de soigner les petits urgences médicales à moindre coût et de faire ses vaccins 7 jours sur 7. Les pharmacies intégrées aux chaînes ou à des enseignes de la grande distribution n’ont rien à envier aux meilleurs communicants et excellent dans l’art des effets d’annonce. Ainsi, en 2006, dans un contexte où le prix du médicament était déjà un enjeu politique, Wal-Mart, le géant américain de la distribution, faisait la une des journaux en annonçant sa décision d’abaisser, dans ses magasins situés en Floride, à 4 USD le prix de 30 jours de traitements pour 291 médicaments génériques … au final, une campagne de publicité à moindre coût et un impact quasi-négligeable en terme de santé publique puisque 95% des clients enregistrés dans les pharmacies Wal-Mart disposaient alors d’une couverture médicale dont le co-paiement associé pour l’achat des génériques concernés était bien souvent inférieur à 4 USD. En 2008, les chaînes CVS et Walgreen se sont quant à elles positionnées en pionnières du DMP grâce à un partenariat avec Google pour le lancement de Google Health. Ce service d’informations médicales sur Internet se présente à la fois comme un dossier patient virtuel, un moteur de recherche géographique et/ ou par spécialisation des professionnels de santé, ainsi qu’un pilulier virtuel rappelant à l’internaute de prendre ses médicaments. Celui-ci est par ailleurs averti des éventuelles interactions entre deux ou plusieurs traitements et a accès, en ligne, aux notices des médicaments ou aux traitements qu’il a sélectionné. Bien entendu, Google Health inclut des liens vers les principales chaînes américaines de pharmacies, de groupes de médecins et de laboratoires d’analyses de biologie médicale.

 

Bien que leur nombre ait diminué de 18% ces dix dernières années, les pharmacies indépendantes continuent à représenter approximativement un tiers du paysage officinal … mais seulement 18,2% des ventes de médicaments de prescription en 2007. Dans un contexte où les grands groupes s’implantent dans les zones urbaines particulièrement rentables, les pharmacies indépendantes sont indispensables en termes de santé publique puisqu’elles améliorent le maillage territorial dans un pays qui n’impose aucun quorum. A titre de comparaison, les Etats-Unis comptent seulement 2,4 fois plus d’officines que la France pour un territoire 14 fois plus grand et une population 4,7 fois plus importante. Les officines indépendantes qui ont su survivre au développement massif de l’ensemble des chaînes de pharmacie sont celles qui se sont différenciées par leurs compétences et la qualité de leurs prestations envers les patients : conseils officinaux et services pharmaceutiques approfondis, excellente gestion et personnalisation de la relation client et adoption massive des nouvelles technologies.

Au final, un positionnement à forte valeur ajouté qui assure leur pérennité…


[1] Sont considérées comme indépendantes les structures regroupant au maximum 3 officines

[2] Il peut s’agir de pharmacies électroniques “virtuelles”, d’extensions commerciales de pharmacies ayant une existence physique, d’associations de patients, etc.

[3] Dale D. Christensen, “Pharmaceutical Care in Community Pharmacies: Practice and Research in the US” – The Annals of Pharmacotherapy: Vol. 40, #7, juillet 2008

[4] Données Fortune 500 – Enquête 2004

[5] Les PBM sont des organismes de « Managed Care » au même titre que les Health Management Organizations. Ils interviennent principalement entre les fabricants de médicaments et les assureurs ou prescripteurs du réseau de ville. Ces tiers administrateurs gèrent pour le compte des entreprises et des assurances-santé les dépenses de médicaments de leurs salariés.


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