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Accéder à la propriété devient il un luxe?

Publié le 10 août 2010 par Tnlavie


Aurait on pu imaginer il y encore quelques années que la loi du marché et de la concurrence viendrait menacer des citoyens établis depuis des décennies sur leurs terres?

Accéder à la propriété devient il un luxe?
La vente à Larrau de  terres agricoles à un prix inaccessible aux paysans a fait revenir au premier plan de l’actualité la question de la spéculation foncière et immobilière et de la difficulté de conserver l’équilibre socio-économique et l’avenir de l’Agriculture en France.

 Un combat féroce, soutenu par la mairie de Larrau, vient donc de s’engager suite à la promesse de vente signée entre un habitant de Ciboure et un agent immobilier qui avait évalué les 3 hectares de terres à 55.000 euros alors que cette parcelle avait été récemment préemptées par la Safer et expertisée pour une valeur de 20.000 euros.

 Le client de Ciboure souhaiterait y aménager une maison saisonnière, alors qu’un agriculteur était aussi intéressé mais était évidemment dans l’incapacité de surenchérir.

« Vendre sa terre au plus offrant est un délit » pour le syndicat agricole basque ELB qui s’est joint à la manifestation du collectif de Soule (Pays Basque) pour demander à l’éventuel acquéreur de renoncer à cette « honteuse spoliation-transaction« .

Le syndicat ELB dénonce depuis de nombreuses années la surenchère sur les prix « rendant le logement et la terre inaccessibles à bon nombre d’habitants » tandis qu’elle « défait le tissu sociétal du Pays Basque et le transforme en une zone de villégiature« .

« La terre devient source de spéculation, simple bien commercial et ce sont toutes les luttes d’ELB en faveur du maintien d’un tissu paysan fort au Pays Basque qui perdent tout leur sens »

Quand la loi de l’argent et du profit règne, les conséquences peuvent être « désastreuses » sur un plan agricole et sociétal, selon ELB: « transmission des exploitations quasiment impossibles, des arrangements de familles irréalisables sans démantèlement des exploitations, des villages devenus zones dortoirs ou de résidences secondaires, vide de paysans, vide de vie« .

Pour le propriétaire du terrain construit, le droit de préemption étant institué, plusieurs possibilités s’offre à présent à lui : vendre au prix de 20.000 euros à la Safer, qui procédera à un appel à candidature destiné à des agriculteurs susceptibles d’exploiter ces terres, retirer le bien de la vente, porter l’affaire devant les tribunaux (qui déterminera le prix de vente) ou enfin vendre la grange sans le terrain, une situation dans laquelle la Safer ne pourrait alors pas intervenir.

Nul doute que cette manifestation prend un caractère symbolique, et agrège par la même d’autres mécontentements locaux, comme en Corse où la citoyenneté locale agit pour tenter également enrayer la spéculation foncière sur l’Ile de Beauté.

Forts de leur poussée historique aux élections territoriales de mars, les indépendantistes corses ont ainsi exprimé dimanche, aux Journées internationales de Corte, leur volonté d’obtenir la citoyenneté, qui serait attribuée au bout de dix ans de résidence permanente dans l’île pour pouvoir y devenir propriétaire, afin d’enrayer la « spirale de la spéculation foncière et immobilière« . Selon le responsable pour la Haute-Corse de la Fédération départementale des syndicats des exploitants agricoles, Joseph Colombani, « tous les pays européens comparables à la Corse utilisent une notion s’apparentant à la citoyenneté »

Le chef de file du parti indépendantiste Corsica Libera, Jean-Guy Talamoni a qualifié de « fausse bonne solution » la suggestion du président Nicolas Sarkozy de taxer les ventes de biens immobiliers en Corse car, a-t-il dit, « les très riches qui achètent ici pourront toujours payer les taxes« .

« Le peuple corse est aujourd’hui menacé de disparition sur sa terre. La citoyenneté doit permettre de le rétablir dans ses droits« , a poursuivi Jean-Guy Talamoni devant plus de 500 personnes, pour dénoncer les difficultés croissantes pour une majorité d’insulaires de se loger, avec une augmentation des loyers de 70% en sept ans et hausse des prix des terrains de 2.000% en dix ans.

 

Une question fondamentale se pose alors. Le seul principe de (libre) concurrence suffit il à rendre les citoyens égaux en droits? 

La « pierre » devenue valeur refuge, des prix en explosion sur Paris, chassant les classes moyennes et les jeunes à des heures de RER dans les banlieues, des terres agricoles vendue à des prix faramineux et mettant en danger l’activité économique locale, des prix de vente risquant de devenir le prix de référence pour les transactions à venir, empêchant alors les jeunes agriculteurs ou jeunes habitants locaux de s’installer, autant de sujets qui font écho au combat des Jeunes Biologistes médicaux.

Leur lutte pour conserver la maitrise de leur outil de travail et acquérir celui-ci en s’affranchissant de la compétition des grandes sociétés privées cherchant aujourd’hui à préempter -à n’importe quel prix- des parts de marché dans le domaine très attractif de l’analyse biomédicale en France rappelle étrangement la réaction bien naturelle des habitants du Pays Basque ou de Corse, se sentant injustement « chassés » de leurs propres terres…


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