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Jinka

Publié le 12 mai 2007 par Argoul

At the end of the afternoon, we join Jinka, a small town whose attraction is only the flying-ground in the middle of it. It is a long rectangle of grass where cows are not allowed to go. Four small planes are coming a month for administrative reasons in this distant province. The only pastime of the boys here is to convince tourists that they are too poor to buy any English dictionary for school or a ball for their football club. Everything is expensive here: a bottle of mineral water is at the same price as a bottle of beer. We stay in the ‘Jinka Resort’, a bungalow suite into a wooden park.

Nous arrivons tardivement au Jinka Resort, un hôtel à bungalows construits dans un parc jardin très boisé et fleuri. Ma chambre est grande mais ne comporte pas d’eau courante ; l’électricité marche mal. La douche s’effectue au seau et est agréable, vu la chaleur du jour. Je m’occupe, comme chaque soir, de recharger les appareils, de graver les photos du jour pour libérer les puces, de ranger les pellicules argentiques dans leur boite étanche, et de rédiger les pages de carnet sur la journée. J’écris moins en ce voyage parce que nous sommes très souvent en voiture où il est impossible de tracer des lettres lisibles, ou toujours ensemble à parler ou à faire.

Ce gros travail m’occupe un moment, avant de sortir au village. Le sport local des gamins de Jinka est de circonvenir les touristes naïfs en racontant d’invraisemblables histoires de dictionnaire d’anglais qu’ils sont trop pauvres pour acheter, ou du ballon de foot indispensable à leur club tout neuf dont leur « coach », justement, passe par là et peut le confirmer… Je suis entrepris par deux garçons, sympathiques au début, qui posent des questions dans un anglais fluide et répondent sans réticence aux miennes. C’est toujours la même chose d’ailleurs, nom, âge, métier, famille. Ils ont 16 et 13 ans à peu près, le plus jeune, qui m’a abordé en premier, s’efface derrière l’aîné une fois celui-ci décidé à ne pas me lâcher. Je ne crois pas un mot de leurs histoires et cela les fâche un peu. Mais c’est ainsi, nul n’est obligé de se laisser faire, la naïveté n’est pas le lot de n’importe qui.

Je croise les autres qui rentrent après avoir acheté une bouteille d’eau. Il faut dire que le village se résume à une piste d’aviation herbue, entourée de barrières blanches, qui constitue comme une avenue principale vide, autour de laquelle des rues poussiéreuses offrent quelques boutiques. Quatre avions par mois atterrissent ici, principalement pour des liaisons administratives. Le prochain est justement annoncé pour demain. Les vaches qui rentrent à l’étable d’un peu partout n’ont pas le droit d’aller brouter la piste, « le policier leur explique avec son bâton », me dit un des gamins. Je ne sais si elles comprennent, ou si les gars croient vraiment à leurs discours, d’autant que j’en vois justement une qui broute paisiblement, de l’autre côté de la barrière interdite.

Je laisse mes deux compères pantois à la porte de l’hôtel après avoir acheté – fort cher – une bouteille d’eau dans une boutique. Non celle qu’ils m’ont « conseillée », d’ailleurs, celle d’à côté, exprès pour leur faire comprendre que je n’étais pas dupe. Mais 6 birrs le litre d’eau purifiée, c’est un peu fort, à mon avis. D’autres ont payé 7 birrs ; l’eau est affichée à 11 birrs à l’hôtel. Autant boire de la bière ! Elle est à 8 birrs.

Durant une heure entière, avant le dîner, J nous rabâche pour la troisième fois en deux jours que les Mursis, avec leurs fameuses « femmes à plateau », sont des sauvages. S’ils « faut » aller les voir parce que c’est écrit sur la check-list du tourisme lambda, c’est du voyeurisme, les relations sont hostiles, marchandisées, il faut payer pour tout sous la menace permanente des kalachnikovs, etc. La piste du parc de Maggo, en outre, est défoncée, impraticable s’il y a de la boue, à plus d’une heure de Jinka quand tout va bien. Pourquoi nous présenter la chose de la sorte ? Si c’est au programme, qu’il nous prévienne seulement des relations tendues et de l’attitude à adopter, sans plus. Si, au contraire, nous avons le choix, qu’il nous le dise et propose autre chose ! Pourquoi nous imposer une visite malsaine, inutile et acrobatique si cela n’a aucun intérêt ? Un léger froid tombe quand je lui pose la question de cette contradiction.

Nous dînons d’une soupe à la tomate, de probable pintade donnée pour du « poulet » en globish avec du riz, des épinards et du chou, une banane.


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