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Notre amour s'est consumé au fur et à mesure que tu servais la France en Croatie. Nous nous étions croisés quelques jours avant ton départ vers Zagreb et avec assiduité et passion, nous avions continué à nous écrire et à nous soutenir mutuellement.
Je me souviens encore que les mois qui ont suivi ta décision de partir combattre auprès des forces militaires croates, je m'étais réfugié dans une tristesse inconsolable. Seules tes lettres me permettaient de tenir et à travers tes mots, je t'imaginais là-bas non seulement nostalgique et battant, mais surtout très solitaire, attendant impatiemment chaque jour que le vaguemestre avec son sac postal t'apporte de mes nouvelles.
Grâce à toi, je suivais d'ici le déroulement des conflits qui me paraissaient interminables. Parfois, tu me disais que le temps te manquait pour écrire. Et pourtant, tu ne cessais de me décrire tes missions toujours riches en enseignements. Grâce à tes lettres, j'appris que le gouvernement fédéral de Yougoslavie s'était plaint auprès de l'ONU de la présence de multiples mercenaires étrangers venus combattre auprès des forces militaires ou paramilitaires bosniaques et croates. J'appris qu'un accord de paix fut signé en décembre 95, prévoyant notamment le retrait des forces en Croatie. J'appris enfin que l'escadron dont tu faisais partie s'était dirigé vers Sarajevo où tes dernières missions prirent fin.