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Exclu : l'extrait choc du roman "Dors bien, il faut que je te quitte", l'Anti 99 Francs !

Publié le 29 octobre 2010 par Darkplanneur @darkplanneur

Dors "Il se déroule dans le milieu publicitaire, impitoyable s'il en est. Coucheries, alcool, stress, coup bas, vengeance : à vous dégoûter de travailler dans ce joli monde !" titillé par le pitch écrit dans la magazine Stratégies, j'ai contacté hier soir Delphine Comby, l'auteur du roman "Dors bien, il faut que je te quitte", à 1 AM; elle a offert à Darkplanneur un cadeau :la scène choc du livre, un avortement en agence et une directrice de création... Oui chez Comby, nous ne sommes pas chez 99 Francs, ou Mad Men mais bien du côté de Zola.

Extrait "Dors bien, il faut que je te quitte"

"Il est l’heure de partir, j’ai sérieusement mal au ventre. J’espère que je ne vais pas expulser au volant. En arrivant chez Ginger, je croise Emilie et j’ai droit à un café, elle a besoin de confesser sa dernière aventure.

Un café, mais allongée, je suis incapable de tenir debout. Je patiente sur le canapé du couloir quand elle me l’apporte. Mes doigts sont crispés sur des scripts plein de céréales, les feuilles deviennent moites, dans quelques minutes, je vais présenter un parfait torchon, au propre comme au figuré. Je regarde l’heure, Jurassic Park (la directrice de création) a pris du retard dans ses réunions, j’attends toujours, qui d’elle ou du comprimé me délivrera le premier. Les contractions commencent, c’est insupportable. L’envie de vomir aussi, dès que j’ai terminé de boire le café. Une fois dans les toilettes, la nausée est passée. Je ne me suis pas déplacée pour rien, je sens quelque chose qui coule.

L’expulsion arrive et la libération de la femme avec. J’en suis de moins en moins sûre. Elle prend son temps avant de venir, cette salope de libération. Je saigne au rythme des contractions. Je les compte dans ma tête comme les séries de vagues au surf. J’essaie de ne pas faire de bruit. Quand la plus grosse expulse une boule de sang de la taille d’une petite pomme de terre, elle remplit l’espace sonore des toilettes en éclaboussant le siège. Je la regarde un long moment. Le sang coule toujours entre mes cuisses. Autour de moi, j’entends toute l’agence pisser.

J’avais demandé un avortement, à la place j’ai eu un accouchement. L’attente, les contractions, l’expulsion. Mais pas de bébé, pas de famille, pas de sourires béats, pas de bouquets de fleurs et même pas d’enterrement. Dans cinq minutes, je vais tirer la chasse. Il n’y aura plus de cadavre, pas de traces du meurtre et pas de deuil non plus. Je n’y arrive pas. Je me demande où va partir mon bébé. Je le sais pourtant, c’est dans les égouts. Je me tiens la mâchoire, j’ai envie de hurler, expulser le cri avec le reste. Posé sur le sol, mon portable se met à vibrer. Un nom s’affiche, c’est Jurassic Park en personne, elle s’impatiente pendant que je suis incapable de sortir des toilettes. Le sang coule toujours. Le gynécologue s’est trompé, il ne ressemble pas à celui des règles. Il est plus fluide, plus rouge, plus vif, plus beau. C’est du sang frais de jeune bébé. J’ai tiré la chasse et je l’ai noyé pour ne plus y penser, comme Pierre-Antoine le fait avec mon odeur, avant de rentrer chez lui."

Le Pitch : "Dors bien, il faut que je te quitte"

Pour Alice, la vie commence par l’accident de sa naissance : ses parents ne la désiraient pas. Sa rencontre avec Pierre-Antoine, un publicitaire plus âgé qu’elle, ressemble à un autre accident : marié, homme de devoir, il ne peut pas quitter sa famille. Alice s’enferme alors dans une situation où elle sait ne pas avoir sa place, tout en luttant pour garder la sienne dans la publicité. En décortiquant avec ironie sa relation avec Pierre-Antoine, Alice retrouve la petite-fille qui ne voulait surtout pas déranger. En se moquant de tout, en particulier d’elle-même, elle cache le manque d’amour sous des traits d’esprit, utilise les mots comme une force de frappe et nous fait rire de ce qui n’est pas drôle.

La question à Delphine Comby :

Darkplanneur : "Pourquoi "Dors bien, il faut que je te quitte"

Delphine Comby : "Parce que le manque de liberté dans un travail supposé créatif rend extrêmement prolixe lorsque l'on rentre chez soi en se rappelant qu'on a des choses à dire. Et si le vrai luxe, c'était d'écrire un roman ?"

Bio Delphine Comby :

Delphine Comby est née à Aubervilliers au milieu des années 1970 et a grandi à Paris, dans le VIIème arrondissement. Très jeune elle développe un sens de la répartie qui lui vaut d’être remarquée sur le plateau d’une émission de France Inter par Jacques Séguela qui la fait travailler dans son équipe. Après des campagnes publicitaires à succès dont l’une obtient un Lion d’or à Cannes en 2002, elle exerce aujourd’hui au sein d’une grande agence américaine. Elle est également l’auteur d’une pièce de théâtre, Sans date de péremption, jouée plusieurs mois à Lyon en 2008 et programmée à Paris en septembre 2011. Dors bien, il faut que je te quitte est son premier roman.

Delphine comby

A suivre très bientôt dans une grande interview, dans les toilettes d'une grande agence de pub...

Aux éditions l’Éditeur Dors bien, il faut que je te quitte de Delphine COMBY


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