30 octobre 2010
Les africains sont-ils la source et les écueils de leurs propres maux ?
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Pas seulement une question d´éducation ; c´est aussi une question d´amour et de respect de soi, de sa liberté et de sa réalisation sensible
« Entre la liberté et l´esclavage, il n´y a pas de compromis » Patrice Emery Lumumba
Merci, tendre @ Fleur Akissy; moi aussi j´aime te lire...Nous avons tellement des choses à réparer dans notre univers culturel, économique et mental... !
Ceci dit, cher ami Jack Mayalu, n´importe quel peuple, n´importe quelle race ou culture est en premier responsable de sa destinée, de son bien-être, de son sens de l´histoire et de l´existence. Bien sûr les africains se mettent eux-mêmes les bâtons dans les roues...cela a autant à voir avec l´ignorance que par le retard intellectuels et technique qui sévit chez nous...alors que depuis l´indépendance nous aurions dû entreprendre de réparer ces manquements et nous mettre à jour. Or on a préféré participer à l´assassinat de ses propres élites averties ou laisser faire la francafrique et son colonialisme avec la fausse croyance que la fainéantise et la facilité nous apporteraient tout. Aujourd´hui le réveil est douloureux...et bien désorienté !
Mais revenons à l´éducation qui est le moteur et le fer de lance de toute société avertie et consciente autant que respectueuse de son avenir. Quoique je prépare un article là-dessus avec le professeur Niang du Sénégal, je peux dire ceci rapidement: c´est dans l´éducation qu´on juge du réalisme, de l´intelligence et du sens de responsabilité d´un pays, d´une culture envers elle-même, mais aussi envers les autres. Nous sommes en principe éduqué toute la vie durant: par l´information, la production, le progrès, la critique, nos parents, nos amis, nos expériences négatives ou positives, l´école, nos attentes, nos amours...tout cela influe sur nous. Et mêmement, quand dans une société quelque chose ne marche pas comme c´est le cas en Afrique actuellement sans qu´elle ne veuille l´avouer sincèrement, c´est sûr que les erreurs ont été faites dans l´éducation ! Et c´est là qu´il faut commencer à œuvrer, sans oublier, bien sûr d´entretenir les autres facteurs sociaux de développement ainsi que leurs valeurs intrinsèques. Je vous dis cependant, cher ami, que ce n´est pas facile à apprendre aux autres ce que soi-même on ne connaît pas ou plus précisément dont les limites sont à la fois changeantes que flexibles ou évolutives. Ceci est le cas autant pour le progrès, pour la beauté, pour la liberté, pour la technique, la science, la connaissance, le respect de la société, mais aussi celui de la réalisation individuelle. Toutes ces valeurs évoluent au gré de nos pas en avant…de notre éducation. Ce qu´il faut donc apprendre aux enfants à faire, c´est d´oser de faire ces pas en avant ! Mais n´est-ce pas ainsi que nous apprenons à grandir depuis notre tendre enfance ? L´Analogie anthropologique est ici irrécusable.
Le danger de toute stagnation culturelle se trouve dans le conservatisme borné, l´absolutisme religieux ou traditionnel, le manque de critique objective, le conservatisme aveuglant, l´ignorance, le refus de produire par soi-même et s´émanciper, etc, etc. Au plus une culture a confiance en soi et a appris à dénouer ses contradictions objectivement, autant cette culture ou cette société n´a pas peur du nouveau ou de l´inconnu. L´Afrique à mon sens est un imbroglio de complexes, d´ignorance, de manque de connaissance et d´objectivité...on se cache plus en Afrique derrière des valeurs occidentales mal digérées qu´on ne sait les employer pour développer ses propres qualités et valeurs intellectuelles et sociohistoriques. Et c´est bien là le drame : on importe et on tue l´emploi chez soi, on dépense ses recettes fiscales et celles des matières premières à s´acheter un avenir qui ne se révélait n´être en réalité qu´une tombe économique, mentale et culturelle ! Et même toi, Jack tu tombes bien là dedans en empruntant, par excès de conscience, le radicalisme inverse en disant que nous devons penser africain, vivre comme des africains, agir comme des africains. Qu´est-ce que cela veut dire au fait ? Allons-nous nous enfermer sur nous-mêmes pendant que les industries et les femmes étrangères se paraient de nos joailleries ou consommaient à gorge déployée nos matières premières ? Sommes-nous de ce monde au pas ? Savons-nous reconnaître et respecter la valeur et les droits universels des autres...même si des siècles durant quelques crapules étrangères nous avaient voué à l´esclavage, à la colonisation dénaturante ou à la francafrique ?
Avouons-le que notre grand problème actuel réside dans le fait que nous n´arrivons présentement pas à nous épanouir, à produire par nous-mêmes et assurer notre avenir de nos propres mains. Cela a-t-il à voir avec l´étranger que nous devons le changer et y mettre fin, cela doit se sentir dans l´éducation de nos enfants. Mais il est aussi évident que nous devons épanouir et développer les qualités intellectuelles et imaginaires de nos enfants et de nos sociétés...parce que ce sont elles qui, en se réalisant dans leur projection et profondeur sensible, réalisent ce qui nous est cher: notre culture et notre quête sensible dans les temps et l´espace. Ce n´est ni en s´aliénant, ni en délaissant la promotion et l´entretien de nos enfants que nous nous réalisons...dans la culture et les intérêts des autres ! Celui qui n´a pas compris tout cela, je me demande s´il est capable de liberté...et même de démocratie. Nous ne devons pas nous laisser abuser par les mensonges de quelques étrangers en mal de douteuse hégémonie et ravalant la liberté et la réalisation des autres à leur chosification ou leur paillasson commercial et économique. La liberté a son prix; nous aussi nous devons savoir en payer le prix le plus fier...et celui-ci commence dans l´amour avec lequel on éduque et élève ses enfants autant que par la manière et la rigueur avec lesquels on défend leur avenir et leurs intérêts. Mais il ne faut pas oublier que nous sommes partie intégrante de ce monde...et si la liberté, la reconnaissance sociohistorique ou nos droits à la réalisation sensibles nous ont été, dans le passé, injustement et criminellement refusés, alors nous avons bien le devoir de les rétablir afin de donner au monde sa leçon d´histoire, de morale, de respect des libertés et de la convivialité humaine.
Musengeshi Katata
« Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu »
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