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N’oublions pas l’Histoire

Publié le 31 octobre 2010 par Parallaxe
N’oublions pas l’Histoire« L’incompréhension du présent naît de l’ignorance du passé » disait Marc Bloch. Cette citation prend aujourd’hui tout son sens lorsque l’on écoute les revendications des manifestants et des syndicats depuis plusieurs semaines. La vie des Français devient difficile, ces derniers protestent pour préserver leur niveau de vie et leurs avantages acquis. La question qui se pose est de savoir si cette revendication, aussi naturelle soit-elle, est raisonnable voire légitime. Il faudrait rappeler aux citoyens français que ces avantages et leur niveau de vie ont été rendus possibles parce que les états développés ont construit depuis longtemps leur richesse en exploitant le reste du monde. N’oublions pas que la traite des noirs a fourni depuis le XVème siècle une main d’œuvre corvéable à merci. N’oublions pas que l’abolition de l’esclavage n’a été promulguée en France qu’en 1817, en Angleterre en 1807, aux USA en 1808, au Brésil en 1850 et n’a définitivement disparu qu’en 1867. L’empire colonial français qui a perduré de 1546 à 1962 a permis au pays d’approvisionner à bon compte les ressources nécessaires à son développement (personnel, pétrole, minerais divers, ressources alimentaires). L’industrialisation de la France date du début du XIXème siècle comme dans beaucoup d’autres pays développés. Mais, aujourd’hui, les pays dont les ressources ont permis le développement des sociétés industrielles occidentales se font une place de plus en plus grande dans le monde. Ils consomment eux-mêmes leurs ressources et deviennent des compétiteurs des pays développés pour celles qu’ils ne possèdent pas. Le transfert de richesses est inéluctable et les pays développés ne devraient pas oublier qu’ils doivent leur niveau de vie actuel à l’exploitation de pays qui, aujourd’hui, revendiquent leur place dans le monde moderne. Le Monde étant un système fermé à ressources limitées, ce transfert se fait obligatoirement au détriment de ces pays développés. La France n’y échappe pas. La désindustrialisation du pays en est un signe évident. Entre 1980 et 2007, la France a perdu 36% de ses emplois industriels et la part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% à 14% durant la même période. Certes, la désindustrialisation a plusieurs causes et les délocalisations sont, quant à elles, dues le plus souvent à la recherche d’une proximité avec de nouveaux marchés. Il n’en reste pas moins vrai que la concurrence des pays émergents est une cause importante de cette désindustrialisation. Le pays s’appauvrit et l’activité financière et spéculative ne peut que cacher un temps cette vérité en nous conduisant de crise en désastre. La seule façon de résister à ce tsunami est d’innover et d’augmenter notre quantité de travail. Courage et imagination sont nos seules armes. Depuis un demi-siècle, nous vivons au-dessus de nos moyens en empruntant et en laissant aux générations futures le soin de régler une dette qui s’élève actuellement à 1900 milliards de dollars (les lycéens et étudiants qui manifestent feraient bien de ne pas l’oublier). Nos systèmes sociaux dont nous sommes si fiers ne fonctionnent que grâce à l’emprunt. Ne pas accepter cette évidence relève du suicide collectif. « L’obligation de subir donne le droit de savoir » a dit Jean Rostand. La pédagogie semble manquer en France.

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