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Biffy Clyro – Only Revolutions

Publié le 31 octobre 2010 par Darksroker

Biffy Clyro – Only Revolutions

Biffy Clyro – Only Revolutions

En général, la dénomination “rock alternatif” me refroidit d’emblée. Ce genre reste associé dans mon esprit à une tentative de rendre “indépendants” des groupes mainstream jusqu’au trognon – en témoignent des formations navrantes comme Tokio Hotel, ou, si nous allons chercher plus loin dans notre adolescence boutonneuse bien francophone, Kyo. Mais rendons à César ce qui est à César, ce “genre” compte tout de même des groupes très honorables tels que Nickelback ou bien – encore plus emblématiques – les Foo Fighters, qui comptent dans leur rangs l’ex-batteur de Nirvana. Car toute cette mouvance “indé” commence avec Nirvana, dans un esprit très années 90 : c’est la période du teen angst, les majors contrôlent absolument toutes la production audiovisuelle mondiale et l’on annonce la mort du rock. Biffy Clyro est influencé par Nirvana à plus d’un titre : il s’agit d’un trio guitare-chant/basse/batterie qui a commencé avec une musique assez brutale et incisive, comme en témoigne l’album Vertigo of Bliss (très bon dans ce genre, pour les amateurs). Au fil du temps, la musique du groupe s’est faite plus mélodique, plus ambiancée, sans perdre ce grain de folie et de non-conformisme qui les caractérisait déjà à leurs débuts, à tel point que certains n’hésitent pas à la qualifier de progressive. Ce qui est indéniable, c’est qu’avec Only Revolutions, leur dernier album en date sorti en novembre 2009, nous avons affaire un excellent disque de rock intelligent. Et ça fait du bien.

Son Bien que Biffy Clyro soit un trio, ils ne rechignent pas sur ce disque à utiliser forces claviers et orchestrations (ils ont d’ailleurs travaillé avec un claviériste de session) dont tous les morceaux les morceaux bénéficient plus ou moins. The Captain, le premier titre, ouvre l’album dans une débauche de cuivres et de guitares fuzzées, et représente bien la philosophie du disque : très mélodique et catchy sans tomber dans le mainstream régurgité, en restant malgré tout dans un format réduit. Ainsi, le morceau le plus long de l’album, Bubbles (qui est également une des plus belles réussites de cet album truffé de pépites), ne dépasse pas cinq minutes. Mais là où certaines formations ont besoin d’espace pour développer leurs idées, Biffy Clyro donne dans un songwriting dense et efficace. Pour preuve, la ballade God & Satan effectue un très beau crescendo en seulement trois minutes dix et la fin ne ressemble que très peu au début. On pourrait aussi citer That Golden Rule, morceau de heavy rock speedé où le groupe se paie le luxe de proposer une deuxième moitié entièrement instrumentale – sur un titre de moins de quatre minutes. Le son de batterie est typiquement rock, avec une caisse claire aigue et sèche. La basse soutient plusieurs couplets et donne une couleur pop vite complexifiée par le reste du groupe (Born on a Horse ou The Captain). L’album compte douze morceaux dont trois ballades (God & Satan, Many of Horror et Know your Quarry), une proportion honnête, surtout au vu de la variété des sons présents. Les ajouts de claviers permettent vraiment de donner à chaque morceau une texture unique et de faire jouer l’équilibre entre la guitare saturée et l’orchestre, qui est par exemple complètement absent de morceaux comme Boom, Blast and Ruin ou Cloud of Stink, deux compositions qui rivalisent sans efforts avec le meilleur des Foo Fighters. Biffy Clyro reste un groupe de rock qui aime jouer fort et les murs de sons font souvent irruption, comme dans les refrains de Bubbles ou de Mountains . Shock Shock se voit dotée d’un couplet à la rythmique de guitare quasiment thrash metal mais jouée deux octaves au-dessus. Là où le groupe se révèle plus “commercial”, comme sur Mountains, Born on a Horse ou Many of Horror, l’efficacité de la composition et l’intelligence des variations (le riff de couplet de Born on a Horse se complexifie à chaque reprise, Mountains et sa structure avec deux refrains et sans vrai couplet) prennent le dessus et rendent au travail du groupe toute la crédibilité que ce dernier mérite. Un morceau comme Whorses montre bien cette condensation de rythmes, d’idées et de mélodies que le groupe réussit à proposer en restant toujours cohérent.

Chant et textes La voix de Simon Neil est à faire tomber les jeunes filles, mais pas seulement. Si il ne montre pas une technique incroyable, il se montre tour à tour énergique (That Golden Rule, Cloud of Stink …) et plein d’émotion (God and Satan, Whorses …) sans jamais tomber dans la démesure. Convaincante, cette voix l’est encore plus lorsqu’elle chante des textes aussi efficaces que ceux de l’album. Neil montre qu’il y a un pas entre écrire un beau texte et écrire des textes faits pour poser des mélodies dessus.  Là encore, il y a du doux, du triste, du violent ou du plus optimiste. James Johnston, le bassiste, assure parfois des choeurs.

Impression Comme je l’ai dit au début de cette critique, cet album fait plaisir. Les morceaux peuvent être écoutés et appréciés par n’importe qui mais possèdent malgré tout tous cette patte du Biffy qui les rend uniques. Les mélodies évitent les clichés, les riffs et accompagnements sont bien sentis, les rythmes varient, bref, il s’agit d’une réussite totale. Loin de groupes de pop fades commes Coldplay ou des récents égarements sirupeux d’un Muse, Biffy Clyro nous prouve avec brio que l’on peut réconcilier l’amateur de rock un minimum exigeant avec le grand public – six singles ont déjà été tirés du disque, soit la moitié des titres présents dessus. L’honnêteté et la générosité des musiciens rend très prenant à écouter ce que d’autres auraient pu bâcler pour en faire du pop-rock sans saveur. Un album à se procurer de toute urgence, qui confirme tout le talent du trio écossais. Mon’ the Biffy !


© Chozodragon pour OmniZine - L'omni-webzine des omnivores de la culture, des sports et de la geekitude !, 2010. | Permalien | Pas de commentaire


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