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A Bruxelles, Sarkozy avait du mal à cacher sa déception

Publié le 31 octobre 2010 par Juan
A Bruxelles, Sarkozy avait du mal à cacher sa déceptionVendredi 29 octobre, Nicolas Sarkozy a tenu une conférence de presse, comme il en a l'habitude dans ce genre d'occasion, à l'issue du Conseil européen de Bruxelles. Dix-neuf minutes au total, dont l'essentiel pour répondre aux questions. Sarkozy n'avait pas grand chose à détailler, puisque les conclusions du conseil européen du jour étaient finalement très modestes.
Sarkozy commença par saluer « des décisions essentielles pour mettre en place concrètement le gouvernement économique européen dans la ligne stricte de l'accord franco-allemand de Deauville.» Puis il détaille, en 3 minutes à peine : « Concrètement, cela signifie, quatre avancées absolument majeures : la mise en place d'un mécanisme de coordination des politiques macro-économiques, que nous n'avons cessé de réclamer, l'instauration d'une véritable coordination des politiques budgétaires nationales (...), le renforcement du Pacte, à la fois dans son volet préventif, et dans son volet correctif... Au fond, le Pacte pourra intervenir plus tôt dans l'cadre d'un pays qui ne respecterait pas ses engagements ... Enfin, chaque Etat va renforcer ses règles budgétaires nationales.»Puis, il trébuche, à deux reprises, sur sur le mot pérenne : « Le conseil a également débattu de la mise en place d'un mécanisme péren de stabilisation financière.» Il rappelle enfin la mise en place d'un fond de stabilisation pour aider la Grèce en mai dernier, d'une durée de vie de 3 ans. L'objectif était de pérenniser le fond. Pour cela, une révision du Traité de Lisbonne était nécessaire.
« Sur la question de la suspension des droits de vote, le Conseil a décidé que M. Van Rompuy allait étudier la question, notamment en ce qui concerne les Etats membres de la zone euro.»
Quelle décision ! « Comme nous l'avons dit avec Mme Merkel, c'est une question extrêmement importante, même si un travail approfondi est nécessaire. » Les chefs d'Etat européens ont décidé ... qu'il fallait un rapport sur le sujet... Rien de plus.
Sans rire, Sarkozy ose conclure, au cas où son assistance n'aurait pas compris : « les conclusions de l'accord franco-allemand ont été validées par le Conseil européen.»
Vraiment ?
Le story-telling présidentiel a dû mal à convaincre. Suivirent des questions de journalistes, pourtant indulgentes, mais Sarkozy ne put s'empêcher d'afficher son agacement. Une journaliste de RTL lui demande sa réaction aux critiques de Viviane Reding et s'il craignait une révision du Traité de Lisbonne (qui, rappelons-le, fut négocié pendant 10 ans, subit quelques échecs en référendum, et n'est en place que depuis un peu plus de 12 mois.) : J'suis pas masochiste ! » répondit-il d'un haussement d'épaules. « Sur la personne dont vous parlez, je ne la connais pas personnellement et je n'attache pas plus d'importance à ce qui a été dit. En revanche, j'attache beaucoup d'importance à la décision unanime du Conseil européen... ça a un autre poids.» Sur la contestation de sa réforme des retraites, il a joué la victoire modeste (« il n'y a qu'un seul vainqueur, c'est la sécurité sociale »), et s'est abrité derrière son agenda international chargé pour justifier l'absence de décision ou de proposition sociale pour répondre aux inquiétudes. Il faut avouer que sa semaine avait été raccourcie par 4 jours de congés au Maroc...
Questionné par un journaliste du Monde sur les vols d'ordinateurs de trois journalistes du Monde, du Point et de Mediapart qui enquêtent sur l'affaire Woerth/Bettencourt, il eut cette réponse :
A une autre question, sur les critiques de Jean-Claude Trichet, le président de la BCE, contre l'idée d'une pérennisation du fond de stabilisation européenne en faveur d'Etats défaillant, Sarkozy tacle (« on ne peut pas nous traiter d'inconcients » ) puis fait encore le modeste : « nous, ce qu'on a voulu, c'est un renforcement sans précédent de la solidarité européenne », lâche-t-il le regard tourné vers ses notes. « S'agissant du mécanisme des modalités du fond de stabilisation péren... » (toujours la même erreur !)... « je refuse de rentrer dans ces modalités. »
La question du remaniement gouvernemental et du sort de François Fillon fut évidemment posée : « le tout en direct de Bruxelles... » Sarkozy sourit, puis reprend son air grave et sérieux du président-de-la-cinquième-économie-du-monde, «Bon... y a eu beaucoup de discussions, de débats... chacun a fait face à ses responsabilités pour cette réforme importante de nos régimes de retraite... Importante pour la solidarité... parce que moi je pense aux petites retraites... qui sont sauvées... C'est très important... Parce que les premiers qui auraient été pénalisés s'il n'y avait pas eu de réforme des retraites, c'est les petites retraites....» C'est faux, mais personne ne relève, et Sarkozy poursuit : «... s'il y avait plus eu d'argent pour les financer... Maintenant je vous l'ai dit, j'ai un calendrier international extrêmement chargé, mais mon devoir de chef de l'Etat est d'entendre ce qui a été dit par les uns et les autres... il y a beaucoup de leçons à tirer de tout ceci. Faut pas confondre vitesse et précipitation. Faut prendre le temps de réfléchir, sereinement, calmement, profondément.»
La dernière question, posée par un envoyé de France 3, portait sur le risque d'un référendum, si le Traité de Lisbonne venait à être amendé. Sarkozy répondit qu'il comptait sur la créativité juridique de la Commission. En Europe, ajouta-t-il, « la pratique du compromis est obligatoire. »
Mais en France... c'est une autre affaire...


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