France de la honte

En France, la Lesbian and Gay Pride de Lyon et le collectif LGBT CIGALE de Grenoble avait récemment dénoncé le risque d’expulsion imminente vers son pays d'origine d’un homosexuel originaire du Sénégal, en France depuis juin 2009.
Abdou, un gay Grenoblois de 35 ans, retenu au Centre de rétention administrative de Saint Exupéry, pouvait en effet être expulsé à tout moment.
Il a effectué des démarches pour obtenir un titre de séjour, en vain jusqu’ici, avant d'être interpelé puis arrêté le 11 octobre 2010 et de se voir signifier l’obligation de quitter le territoire français sous 72 heures.
En cas de retour au Sénégal, les menaces sur sa vie sont bien réelles.
La législation sénégalaise réprime sévèrement tous comportements homosexuels.
Abdou risque donc cinq ans de prison et une amende de 100 000 à 1.500.000 francs CFA (entre 150 et 2 300 euros).

Le Sénégal connaît une homophobie importante.
La stigmatisation sociale et le chantage y règnent et les gays affirmés sont victimes d’insultes, de brimades, de coups et de viols punitifs.
Les associations de défense des droits humains ne cessent de dénoncer la vague croissante d'arrestations d'homosexuels dans ce pays.
A tout moment, au Sénégal, Abdou peut être la cible du Front islamique pour la défense des valeurs éthiques dont la mission principale est d'éradiquer l'homosexualité au Sénégal.
Abdou a été il y a quelque jours remis en liberté, mais reste toujours en situation irrégulière.
En effet, libéré du Centre de Rétention Administratif par décision du Juge des Libertés et de la Détention, Abdou n’est pas véritablement libre pour autant.
L'obligation de quitter le territoire français qui le touche est toujours exécutoire.

Si la Lesbian and Gay Pride de Lyon, le Collectif CIGALE de Grenoble et SOS Racisme Rhône-Alpes se félicitent de la décision du Juge des Libertés et de la Détention, ils s’indignent de la décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides qui a rejeté le 25 octobre la demande dite "de protection subsidiaire" d'Abdou.
Ces organisations en appellent désormais à Eric Besson, le ministre de l'immigration, pour lui demander la régularisation d’Abdou.
Dans un communiqué la Lesbian and Gay Pride Lyon, le Collectif CIGALE et SOS Racisme Rhône-Alpes écrivent "Nous interpellons aujourd'hui Eric Besson, ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité Nationale et du Développement solidaire, pour lui demander solennellement la régularisation d’Abdou".
Les associations rappellent que "conformément à l’article 6 de la directive 2004/83/CE, le statut de réfugié, au titre de l’asile conventionnel ou de la protection subsidiaire, doit être accordé aux personnes Lesbiennes, Gaies, Bi et Trans ayant été ou risquant d’être persécutées par les pouvoirs publics de leur pays d’origine, ou par quelque autre acteur non étatique".
Elles concluent "Au Sénégal, Abdou risque de subir des traitements inhumains et dégradants (…). L’expulsion vers son pays d’origine va exposer Abdou à la haine, aux persécutions, à des peines de prison qui détruiraient la nouvelle vie qu’il s’était employé à bâtir, ici, en France, avec le soutien de sa mère et de ses frères" .
Mais doit-on attendre quelque chose d'Eric Besson, membre d'un gouvernement inique qui fait la chasse à l'étranger et qui malgré les promesses de respect des droits humains de la campagne des élections présidentielles de Nicolas Sarkozy, continue d'ignorer les risques de mort des gays renvoyés dans des pays où règne la haine?
La pétition de soutien à Abdou : http://www.mesopinions.com/Contre-l-expulsion-d-un-homosexuel-vers-le-Senegal--pays-aux-lois-homophobes--petition-petitions-92308b201a76f490f03496f47bbf06e3.html
Seigneur, protège la dignité et la liberté.