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Les longs longs ciel du New Jersey…

Publié le 01 novembre 2010 par Perce-Neige

Les longs longs ciel du New Jersey…Entre ceci : « J’ai rencontré rencontré Neal pas très longtemps après la mort de mon père... Je venais de me remettre d'une grave maladie que je ne raconterai pas en détail, sauf à dire qu'elle était liée à la mort de mon père, justement, et à ce sentiment affreux que tout était mort. Avec l'arrivée de Neal a commencé cette partie de ma vie qu'on pourrait appeler ma vie sur la route. Avant, j'avais toujours rêvé d'aller vers l'Ouest, de voir le pays, j’avais toujours fait de vagues projets, mais sans jamais démarrer, quoi, ce qui s'appelle démarrer. » ...et cela : « Alors, en Amérique, quand le soleil décline et que je vais m’asseoir sur le vieux môle délabré du fleuve pour regarder longs longs ciels du New Jersey, avec la sensation de cette terre brute qui s'en va rouler sa bosse colossale jusqu'à la côte Ouest, de toute cette route qui va, de tous ceux qui rêvent sur son immensité, et dans l'Iowa je sais qu'à cette heure l'étoile du Berger s'étiole en effeuillant ses flocons pâle sur la prairie, juste avant la tombée de la nuit complète, bénédiction pour la terre, qui fait le noir sur les fleuves, pose sa chape sur les sommets de l'Ouest et borde la côte ultime et définitive, et personne, absolument personne ne sait ce qui va échoir à tel ou tel, sinon les guenilles solitaires de la vieillesse qui vient, moi je pense à Neal Cassady, je pense même au vieux Neal Cassady, le père que nous n'avons jamais trouvé, je pense à Neal Cassady, je pense à Neal Cassady. » …quatre cent pages, environ quinze mille lignes et je ne sais combien de mots ? Un fleuve éblouissant de poésie. A lire absolument, comme on dit, dans cette traduction de Josée Kamoun, le rouleau original de « Sur la route » de Jack Kérouac (Ed. Gallimard). Les préfaces, et notamment celle d’Howard Cunnel sont passionnantes. On y trouve, ainsi, cet extrait de l’interview de Giroux, l’éditeur de Jack Kérouac : « Ça se passait, je dirais, au cours du premier semestre 1951, j'étais dans mon bureau chez Harcourt Brace et le téléphone sonne. C'est Jack qui me dit: "Bob, j'ai fini! - Formidable, je réponds, c'est une merveilleuse nouvelle. - Je veux passer, il me dit. - Quoi, tout de suite? - Ouais, il faut que tu voies, il faut que je te montre. - Eh bien d'accord, passe, viens au bureau." Nos bureaux étaient sur Madison Avenue, au niveau de la 46ème. Il arrive et il a l'air... , il a l'air euphorique, comme quelqu'un qui a bu, quoi. Et il a sous le bras un rouleau de papier qui ressemble à ces essuie-tout qu'on trouve dans les cuisines, un gros rouleau de papier sous son bras gauche, il est dans un état... enfin, disons que c'est un grand moment pour lui, je l'ai bien compris. Il attrape le rouleau par un bout, et il me le jette à travers la pièce comme un gros serpentin, pour qu'il atterrisse sur mon bureau. Là, je me dis: drôle de manuscrit, des comme ça, je n'en ai jamais vu. Lui, il me regarde, il guette ma réaction. Alors je dis: "Jack, tu comprends bien qu'il va falloir le découper, ce rouleau, il va falloir le travailler." Et là je le vois rougir, et il me répond: "Ce manuscrit-là, pas question d'y toucher. - Et pourquoi? - Ce manuscrit-là, il a été dicté par le Saint-Esprit."» (interview pour le documentaire réalisé en 1997 par David Steward : On the Road to Desolation coproduction BBC/NVC Arts, 1997)

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