En direct des Halles (2) : mais où sont les communistes d'antan ?

Véritable cinquième roue du carrosse delanoiste, le parti communiste parisien - tout au moins ses dignitaires - est toujours disponible pour jouer les supplétifs de la mairie, on l'a tristement vu avec l'affaire Jean Bouin. Ira-t-il, en apportant son soutien à la braderie du coeur de Paris à Unibail, jusqu'à renier les déclarations solennelles de ses élus ? Un peu d'histoire.

En 2000, la municipalité tibériste, qui gérait pourtant les finances de la ville avec une grande rigueur, cherchait à en faire toujours plus sur le sujet. Malgré une baisse des impôts décidée peu auparavant (o tempora, o mores !) , elle voulait afficher, en vue des élections municipales, une situation financière florissante.

Elle envisagea donc de céder des actifs tels que le Forum des Halles, les actions dans la compagnie du Rhône possédée par la ville et l'hôtel Sofitel de la porte Maillot. Si ces deux derniers dossiers aboutirent ( du reste sous Delanoë), elle renonça, après avoir commandé un audit à un cabinet privé, à vendre les Halles.

Parvenant aux mêmes conclusions que le Delanopolis, cette étude constatait en effet l'évidence que la ville n'a aucun intérêt à vendre la pleine propriété du Forum avant que, dans quelques décennies, son prix monte en flèche du fait de la proximité de l'échéance du bail.

Quoi qu'il en soit, au moment de commander cette étude, le parti communiste donna de la voix pour stigmatiser le projet même de cette vente.

Reprenons les paroles de Michel Turoman, son intervenant en 2000 devant le Conseil de Paris sur le sujet : " un petit rappel n'est pas inutile. Tout d'abord, si vous envisagez de vendre de tels actifs qui, avez-vous dit, ne correspondent en rien aux missions de la Ville, comment avez-vous pu soumettre un projet de budget sans dire un mot sur cette question ?

Ceci nous confirme aujourd'hui qu'en projetant cette vente après la séance budgétaire, vous faites comme on dit "un coup". Ce n'est pas à notre sens une bonne façon de diriger la Ville.

Enfin, nous persistons à penser qu'un emprunt profitant de cette période où les taux d'intérêts sont bas, aurait été la bonne réponse pour garantir l'avenir des Parisiens à compte relativement raisonnable. Et cela d'autant plus qu'il est absurde d'avoir emprunté quand les cours d'intérêt étaient élevés, et de refuser de le faire quand on le pourrait."

Mot pour mot, ce raisonnement est applicable au projet de vente que Delanoë va tenter de faire avaler aux conseillers de Paris. Le niveau des taux d'intérêt est actuellement encore plus bas qu'en 2000 et la vente des droits réels sur le Forum à Unibail est une absurdité. Quand bien même on souscrit au principe de la cession, ce n'est pas du tout le bon moment : la ville peut très bien emprunter 100 millions d'euros pour réaliser le Jack Pot plus tard.

Le parti communiste de 2010, qui prétend partout avoir retrouvé son identité de gauche quasi révolutionnaire va-t-il à ce point renier ce qu'il disait en 2000 ?