Grenelle : un bilan intéressant, un rapport d'étape forcément incomplet

Publié le 02 novembre 2010 par Arnaudgossement

J'étais ce matin à la conférence de presse, au Ministère de l'Ecologie, de présentation du rapport d'évaluation de la mise en oeuvre du Grenelle. Réaction.


(Pour information, je commenterai ce rapport dans le journal de 13h de France inter).

Pour télécharger le rapport, c'est ici.

Pour télécharger la note de synthèse du rapport c'est ici.

Le rapport présenté à cette occasion a été préparé par la société Ernst&Young, sous la direction de plusieurs personnalités, généralement anciens présidents des groupes de travail du Grenelle de l'environnement. Commençons tout d'abord par saluer la décision même de réaliser un bilan d'étape, exercice qui pourrait utilement s'appliquer à toutes les politiques publiques.

  • Le rapport est intéressant mais forcément incomplet. Il est constitué pour l'essentiel d'un catalogue des décisions prises par l'Etat depuis 2007 : lois, décrets, arrêtés.... Cela démontre que l'Etat est engagé, à des degrés divers, sur des chantiers trés lourds. Mais cela ne démontre pas que la société française est engagée et comment. A mon sens, le bilan du Grenelle n'est cependant pas fonction que du seul poids de textes rédigés. C'est à une dynamique culturelle qu'il faut s'intéresser aussi.

Il manque à mon sens trois choses dans ce rapport.

En premier lieu, le rapport n'identifie pas assez les points de blocages et les difficultés. Le faire n'enlève rien à l'appréciation positive que l'on peut avoir, comme moi, du bilan du Grenelle. Réaliser cette cartographie des consensus et disssensus c'est la méthode même du Grenelle et cette méthode doit être appliquée au bilan du Grenelle. J'ai toujours trouvé suspects les jugements définitifs selon lesquels le Grenelle est soit une baguette magique soit une arnaque.

En second lieu, le rapport se limite un peu trop au catalogue des décisions publiques prises, mêmes si celles sont réelles. Or, le bilan du Grenelle va au delà. C'est en réalité une dynamique au sein de la société française qu'il conviendrait d'évaluer pour la renforcer. J'aurais aimé lire dans ce rapport des témoignages d'entrepreneurs ou d'élus locaux, des récits d'initiatives locales, des enquêtes sur la prise de conscience environnementale des français, sur tous ces débats qui se tiennent dans les entreprises, les écoles, les familles...Certes, l'analyse d'une "dynamique" ne peut se faire à coup de chiffres et de powerpoints..mais c'est pourtant trés intéressant.

En troisième lieu, le rapport manque - mais tel n'était sans doute pas son objet - de propositions pour l'avenir, d'idées pour débloquer ce qui bloque encore, de projets pour renforcer le dialogue environnemental. C'est aux acteurs du Grenelle qui vont réceptionner ce rapport de s'y attacher.

Il en va ainsi des énergies renouvelables. Certes le Grenelle a contribué au décollage de l'éolien et du solaire de 2007 à 2009 mais il faut analyser la zone de turbulences actuelle. Comment sort-on de cette situation ? Le droit n'est-il pas devenu fou ? Comment faire simple et efficace pour encourager le développement de ces énergies tout en assurant leur acceptabilité sociale ? Au fur et à mesure que le Grenelle avance de nouvelles questions voient le jour : il faut les traiter.

De manière plus générale, au delà de ce rapport, je me permets de vous proposer la lecture de cette chronique publiée sur Actu Environnement. Je suis convaincu, en cette période de tensions, de l'intérêt de la gouvernance à 5, de la poursuite du dialogue environnemental, de la recherche collective de consensus. Le Grenelle reste une opportunité formidable qu'il faut vaut mieux employer que commenter.

Je suis à l'inverse convaincu de l'absence totale d'intérêt des sondages que les pro et anti Grenelle s'envoient à la figure. Ces sondages finissent par nous empêcher de penser et d'analyser la complexité du Grenelle et de la protection du vivant.