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La fin de Netscape, une page se tourne.

Publié le 07 janvier 2008 par K3 Media

Le 28 décembre dernier, AOL annonçait la fin de tout développement et de tout support sur son fureteur Netscape Navigator. Effectif dès le premier Février 2008, cette décision n’affecte en apparence qu’un très faible pourcentage des internautes puisque moins d’un pourcent de ceux-ci utilisaient toujours le fureteur en question. Or, avec son abandon, c’est une page de la très courte histoire du web qui se tourne.

Marc Andreessen, après avoir participé au développement de Mosaic fut le fondateur de Netscape. Autrefois baptisé "Atlas" ce logiciel a vu le jour en 1994 et pouvait déchiffrer du HTML 2 et un peu de 3. En 1995, vu la popularité croissante de Microsoft Windows 95, Atlas (alors Netscape 3.0) est mis à jour avec l’apparence des fenêtres de ce dernier et une meilleure intégration au système d’exploitation. Par le fait même, pour la première fois pourras-t-on exécuter du code du côté de l’utilisateur avec l’arrivée d’un moteur javascript.

C’est en 1997 que Netscape Communicator (4.0) fera son arrivée avec un support CSS de niveau 1 et de layers.

En 1998, en réaction au procès anti-trust en cours contre Microsoft, Netscape rends ses fureteurs gratuits et diffuse ses codes sources sur le web. Le projet Mozilla est né. C’est d’ailleurs en Novembre de cette même année que Netscape incorporera NGLayout, son nouveau moteur de rendu à Mozilla, mieux connu aujourd’hui sous le nom de Gecko. Il est toujours utilisé aujourd’hui par Firefox, Camino et quelques autres.

Étant à cours d’oxygène, Netscape est vendu à AOL au coût de 8.98 milliards. Le développement du fureteur reprends lentement son cours et la version 6.0 du désormais "Netscape Navigator" voie le jour. Parallèlement, la version alpha de Mozilla se concrétise tranquillement.

Deux ans plus tard (Mai 2002), Netscape Navigator 7 voie le jour et, pendant ce temps, Mozilla 1.0 devient un fureteur stable et une alternative "open source" à Microsoft Internet Explorer.

Puis tout s’écroule. En 2002/2003, AOL sabre dans les ressources humaines chez Netscape. Microsoft achète la paix dans la poursuite anti-trust pour 750 millions, pire encore, Netscape devra dorénavant distribuer Microsoft Internet Explorer au lieu de Netscape Navigator. AOL procède à 50 congédiements supplémentaires, les derniers programmeurs qui oeuvraient sur Gecko et se débarrasse de Mozilla qui devient dorénavant un regroupement a but non lucratif.

Par la suite, rares furent les véritables mises à jour du fureteur qui a rendu l’âme à sa version 9 quelques années plus tard. Est-ce la mort d’un logiciel si exceptionnel que le web ne s’en remettra pas? Bien sûr que non. Seulement il est très intéressant d’analyser le parcours de Netscape lorsque vient le temps de contempler son héritage. Si l’on fait abstaction des innovations technologiques qu’il a apporté au fil des ans (à la base, Netscape est le premier fureteur graphique avec un succès commercial), il est surtout celui qui aura tenté de maintenir sa place sur l’échiquier des navigateurs web lorsque Microsoft a voulu détruire toute compétition en insérant son Internet Explorer à même Windows.

De recours en recours, de poursuites en poursuites, Netscape avec un programmeur de formation à sa tête, s’est épuisé. Les innovations qui caractérisaient jadis ses premiers fureteurs se faisaient de plus en plus rares, les nouvelles versions peinaient à sortir. Lorsque AOL en a fait l’acquisition, le retard technologique de Netscape commençait déjà à être évident et la situation n’a jamais pu être renversée.

Jamais? Il ne faut jamais dire jamais. Netscape est mort, mais Mozilla, lui, a très bien survécu. De fureteur très marginal utilisé par des "geeks" par un très faible pourcentage des internautes, Mozilla est devenu Firefox et sa croissance est depuis vertigineuse. On l’estimait à 36% en Novembre dernier et il gagne environ 5 parts de marché par an! C’est 15% de plus que la dernière mouture d’Internet Explorer (7) et il est le fureteur le plus utilisé au monde depuis Septembre 2007 (en excluant les versions). Si l’on combine toutes les versions d’Internet Explorer ensemble, un écart de 21% subsiste encore, mais la tendance est très nette, le public n’a pas adopté Vista et Explorer 7. L’écart se resserre.

Opéra, le fureteur favori de près de 2% des internautes vient de suivre le même chemin que Netscape. Il s’agit d’un logiciel développé en Norvège ne pouvant rivaliser avec le géant de Redmond. Ils sont jeunes, font montre de multiples innovations techniques (Opéra est probablement le fureteur le plus rapide et à la fine pointe de tous) et quelques jours avant l’annonce d’AOL, ils ont déposé une plainte anti-trust contre Microsoft. L’objectif? Obliger Microsoft a retirer tous fureteurs de ses versions de Windows et obliger Microsoft à respecter les standards web dans ses fureteurs.

Netscape est mort, mais le germe qu’il a semé (Mozilla / Gecko) continue et continuera de faire des petits. Et il est très intéressant de constater comment Microsoft peine de plus en plus face à la montée de solutions ouvertes.

Communiqué de Netscape :
http://blog.netscape.com/2007/12/28/end-of-support-for-netscape-web-browsers/

Recours d’Opéra face à Microsoft :
http://www.opera.com/pressreleases/en/2007/12/13/

Statistiques des principaux fureteurs :
http://www.w3schools.com/browsers/browsers_stats.asp

Petit historique de Netscape
http://www.eskimo.com/~bloo/indexdot/history/netscape.htm

Pour les nostalgiques qui voudront Netscape ou encore Firefox avec l’apparence de ce dernier
http://browser.netscape.com/

Recours anti-trust contre Microsoft
http://www.mozillazine.org/talkback.html?article=3226

http://www.usdoj.gov/atr/cases/f1700/1763.htm

http://www.usdoj.gov/atr/public/press_releases/1998/1764.htm


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