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En Afrique, l’euro perpétue le néocolonialisme.

Publié le 02 novembre 2010 par Philippemeoule

(source : l'Humanité.fr) L’arrimage des économies africaines de la zone franc à la monnaie européenne favorise davantage le pillage des matières premières et le rapatriement des profits que la croissance et l’emploi.afrique_1.jpg

En cette année du cinquantenaire des indépendances, des voix s’élèvent pour dénoncer la tutelle que conserve l’ex-puissance coloniale française sur la politique monétaire des pays de la zone franc. Huit pays d’Afrique de l’Ouest (1), six pays d’Afrique centrale (2), ainsi que les Comores restent encore sous la domination de ce système monétaire néocolonial. Illustration de cette tutelle : le droit de veto dont bénéficie la France au sein des institutions monétaires régionales – la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest et la Banque des États d’Afrique centrale. Il en est de même des règles qui régissent cette monnaie : obligation, pour les pays concernés, de déposer au moins 50 % de leurs réserves de change au Trésor français, parité fixe entre le franc CFA et l’euro, libre convertibilité du franc CFA à l’euro, libre circulation des capitaux entre la France et les pays de la zone franc. Elles visent à favoriser les investissements français et l’approvisionnement de l’ex-Métropole en matières premières, tout en facilitant le rapatriement des bénéfices, encourageant la fuite des capitaux.

L’arrimage à l’euro plombe les économies des pays de la zone franc, largement dépendantes de l’exportation de matières premières, dont les cours ont chuté avec la crise. « Avec ce lien ombilical, quand l’euro s’envole face au dollar, nos exportations sont pénalisées », explique l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé. Lequel souligne les effets désastreux des dogmes sur lesquels se fonde la monnaie unique européenne. « Nous sommes soumis aux impératifs de la Banque centrale européenne, obnubilée par la discipline budgétaire et la lutte contre l’inflation, alors que la priorité de nos pays sous-développés devrait être l’emploi, l’investissement dans les capacités productives, la création d’infrastructures. Ce qui implique une plus forte distribution de crédits au secteur privé comme au secteur public », expose-t-il. Lors de la dernière réunion des ministres des Finances de la zone franc, présidée par Christine Lagarde, en octobre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a loué le « rôle de protection contre la crise » de ce système en brandissant les prévisions de croissance de cette zone, qui devraient atteindre 3,6 % en 2010. C’est pourtant moins que la croissance de 5 % prévue en Afrique subsaharienne, selon les dernières estimations du FMI. La zone franc, lanterne rouge de la croissance africaine ?


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