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Les premiers pas d'Adidas et Puma

Par Vinz

1. logo

L’histoire de Puma et Adidas est très riche en péripéties, et certainement encore plus que vous devez vous en douter. Un seul article n’aurait pas suffit, étant dificile de trop résumer sans faire l’impasse sur des faits importants. Voici donc la première partie d’une série de 5 articles. 

1. Présentation

Christoph Dassler, un jeune Bavarois perpétuait depuis quelques années une longue tradition familiale en étant tisserand de métier. Il avait quitté sa ville natale de Herzogenaurach pour aller s’installer à Gera, en Thuringe, où il allait faire connaissance de sa future femme. Malheuresement, les affaires furent très mauvaises, et le couple dû très vite quitter la région pour aller vivre à Herzogenaurach. Il dû abandonner la longue tradition familiale pour aller travailler dans une des nombreuses fabriques de chaussures de la ville. L’argent qu’il gagnait n’étant pas suffisant pour couvrir les besoins de la famille, sa femme, Paulina, décida d’ouvrir une laverie. Le couple passa un long moment sans histoire, voyant grandir leurs enfants, notamment les jeunes Adolf (surnommé « Adi ») et Rudolph. Le premier était plutôt quelqu’un d’introverti, qui avait pour habitude de pouvoir tenir une conversation que si le sujet avait attrait avec le sport, l’athlétisme, le football et la boxe étant ses disciplines favorites. Il passait à cette époque déjà beaucoup de temps à confectioner des chaussures de sport. Rudolph, quant à lui, était l’extraverti de la famille, s’empressant d’acheter une voiture de sport dès qu’il eu les moyens.

En 1914, les 2 furent envoyés sur le front Belge, alors que Adi avait commencé un apprentissage dans une boulangerie. Lors de leur retour à la fin de la guerre, la laverie de leur mère était fermé. Rudolph parti à Munich pour suivre une formation dans la police, quant à Adi, il ne voulait en aucun cas poursuivre son apprentissage, si bien qu’il décida d’ouvrir une fabrique de chaussures dans l’ancienne laverie de sa mère.

2. Création en 1918 de la « Gebruder Dassler Schuhfabrik »

Pédaler pour faire de l’électricité
C’est donc après la guerre que Adi Dassler ouvre la Gebrüder Dassler Schuhfabrik à Herzogenaurach. Il commence seul, en récupérant dans a rue avec son vélo, tout le matériel nécessaire pour la fabrication de ses chaussures. Des morceaux de musettes et de casques militaires allaient lui servir pour les semelles, alors que les parachutes lui permettraient de faire des chaussures légères. En 1920, l’entreprise comptait 3 employés, Adi, et deux autres qui servaient le plus souvent à produire l’énergie nécessaire en pédalant chacun sur un vélo fixe relié à une dynamo. Dès 1921, Rudolph rejoint l’entreprise, et mis ses talents de commercial à profis de la société. Il était connu pour rester chez ses clients potentiels et ne repartir qu’après avoir signé un contrat. Le traité de Versailles, signé en 1919, et obligeant entre autre l’Allemagne à rembourser la dette de guerre, allait plonger le pays dans une crise profonde. A cette période, les Allemands allait chercher par tous les moyens à se distraire pour oublier la vie de tous les jours, et celà surtout grace au sport. Le football allait prendre à cette époque une grande ampleur, les tribunes autour des stades commençaient à se construire et à se remplir. Les frères Dassler allaient en profiter pour fournir les sportifs en équipements.

Adolf

Adolf "Adi" Dassler dans sa fabrique de chaussures

3. La croissance de l’entreprise

Première expérience des Jeux Olympiques
La réputation de la société prenait de l’ampleur, si bien qu’un jour, Josef Waitzer, l’entraineur de l’équipe allemande olympique avait fait le déplacement jusqu’à Herzogenaurach pour demander aux frères Dassler de fournir l’équipe olympique en chaussures pour les jeux de 1928 à Amsterdam. Josef  Waitzer devint par la suite un conseillé pour l’entreprise.

Jesse Owens, porte drapeau de la société
En 1933, le parti Nazi pris le pouvoir en Allemagne, et les idées véhiculées sur le culte du sport allaient à nouveau servir les intérets de l’entreprise. La politique du sport à cette époque se résumait par cette phrase tirée de Mein Kampf:  » On pourrait donner à la nation 6 millions de corps parfaits et entrainés, enflammés par l’amour fanatique de la nation et élevés avec l’esprit de compétition, et ainsi la nation pourrait, si besoin, disposer d’une armée en moins de 2 ans ». Le sport allait servir de propagande, et les jeux olympiques de Berlin étaient une opportunité incroyable pour le parti Nazi d’attirer l’attention sur l’Allemagne et sa puissance. Même si le pays organisateur avait été désigné en 1931, avant la prise de pouvoir par le NSDAP, de nombreuses menaces de boycott allaient émerger, à la plus grosse crainte d’Adolf Hitler, et de la Gebrüder Dassler Schuhfabrik. Certaines affiches au caractère raciste durent être enlevées à la demande du CIO. Autre menace pour Hitler, un jeune sportif noir-Américain venait de battre 5 records du monde d’athlétisme en 45 minutes lors d’un meeting universitaire le 25 mai 1935 à Ann Arbor, Michigan. Jesse Owen commençait à faire douter les espoirs du Führer d’écraser de sa puissance la compétition. Ainsi, les jounaux allaient publier en première page un article sur Owens, en lui accordant des « qualités animales », avec la photo d’un singe à coté de la sienne. Cela importait peu les frères Dassler qui n’eurent qu’à se présenter à Jesse Owens pour qu’il porte des chaussures de leur fabrication. Waitzer leur conseillant malgré tout de rester le plus discret possible, de crainte de s’attirer les foudres d’Hitler.

Jesse Owens au stade olympique de Berlin, chaussé par la

Jesse Owens au stade olympique de Berlin, chaussé par la "Gebruder Dassler Schuhfabrik"

4. Le début des conflits

« Revoilà les salauds! »
Cette publicité faite par Jesse Owens allait motiver comme jamais les 2 frères, mais Adi voulait se concentrer sur l’amélioration des produits, ce qui allait commencer à énerver Rudolph, qui ne voyait que le profit qui pouvait être engendré par cette publicité. Dès la fin des jeux, la quantité produite atteignait 200.000 paires par an, mais dès le début de la guerre en 1939, la quantité fut controlée par le régime, et de ce fait, limitée. La période de guerre allait accentuer les tensions dans la famille, surtout après que Rudolph refusa en Aout 1940 d’embaucher ses neveux, et fils de sa soeur, Marie, pour les empêcher de partir au front. Alors que l’ambiance se détériorait de plus en plus, Adi et sa femme Käthe, rentrèrent un jour dans un abri lors d’un bombardement, alors que le reste de la famille dont Rudolph et sa femme se trouvaient déjà à l’intérieur. Juste après avoir fermé la porte, Adi lança un « revoilà les salauds » en parlant des avions les bombardant, mais Rudolph pensa que cette insulte s’adressait à lui et sa femme. Une violente dispute éclata, et rendit « officiel » le malaise relationnel dans la famille.

Production…d’armes anti-chars
En 1943, Hitler mis en place une politique de mobilisation totale, et tous les hommes agés de 18 à 45 ans pouvaient à tout moment être appelé. Ce fut le cas de Rudolph, qui fut envoyé en avril dans un service de douane près de la frontière polonaise. Le fait que Adi ne soit pas appelé, et pu rester seul à la tête de l’entreprise provoqua la colère de Rudolph, si bien qu’il envoya ne lettre à son frère en lui disant qu’il « n’aurait pas peur de demander officiellement au régime nazi un arret d’exploitation pour l’entreprise, afin qu’il (Adi) puisse lui aussi remplir son devoir, et jouer les petits chefs ». Cette menace fut mise en application 6 mois plus tard, l’entreprise fut fermée sur ordre du régime, et les machines mises à disposition pour la production d’armes.

Le

Le "Panzerschreck". Arme fabriquée par la Dassler Schuhfabrik

Début 1945, Rudolph déserta son poste à la frontière polonaise, alors que l’Armée Rouge arrivait à ce niveau, ce qui rendait la situation très menaçante. Il donna comme raison que son service fut dirigé par les SS, et qu’il refusait de les servir. Sous les conseils de son ancien supérieur, il s’engagea dans les SD (Sicherheitsdienst), service d’informations fondé par Himmler. Malgré l’acceptation des autorités, il décida finalement de ne pas se rendre à l’entretien et fut officiellement considéré comme déserteur. Début avril 1945, il fut embarqué à Nuremberg par la Gestapo, et ne revint que 2 mois plus tard, alors qu’il aurait du être fusillé, mais l’ordre ne fut pas exécuté.

Patins de hockey et gants de baseball
Encore 2 mois plus tard, début juillet, il fut à nouveau arrété, mais par l’Armée Américaine. Les 2 frères, Rudolph et Adi, étaient tous les 2 partisans du NSDAP en 1933, comme beaucoup d’Allemands, charmés au début par la fougue d’Hitler. Alors que Adi remettait en cause les idées Nazis, et avait engagé des réfugiés et des Communistes, Rudolph semblait plus convaincu par le parti. Il était pour lui évident qu’il avait été dénoncé par son frère, Adi. Il est aussi raconté que c’est Käthe, femme de Adi, qui l’aurait dénoncé. Beaucoup d’interrogations à ce sujet qui ne sont aujourd’hui, toujours pas répondues avec une certitude optimale. Pendant ce temps, Adi allait fournir des chaussures de sport pour les Américains, qui s’arrachaient les produits de l’entreprise ayant équipé Jesse Owens. Il élargi même la gamme à des patins de hockey sur glace et à des gants de baseball. Tout se passait pour le mieux jusqu’au retour de Rudolph, voulant récupérer l’entreprise. Jusqu’à la fin de l’année 1946, Rudolph et Adi furent interrogés suite à la politique de « dénazification » du pays. Rudolph fut acquitté le 31 Juillet, et Adi le 11 Novembre 1946. Après ces épisodes, mélés de suspicions et d’accusations, le deux frères décidèrent de se séparer et de se partager le matériel de l’entreprise, qui disposait entre temps de 2 batiments. La rumeur dit que ce sont les femmes de Adi et Rudolph qui sont les causes principales de ces disputes pendant toutes ces années.

La Gebrüder Dassler Schuhfabrik fut officiellement fermée en avril 1948, après de nouvelles longues disputes sur le partage de l’entreprise.


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