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[Interview] Jean-Claude Larue, délégué général du SELL

Publié le 03 novembre 2010 par Livegen
[Interview] Jean-Claude Larue, délégué général du SELL

C'est à l'occasion de la première édition du Paris Games Week, qui se déroulait porte de Versaille du 27 au 31 octobre 2010, que LiveGen a rencontré Jean-Claude Larue, délégué général du SELL, le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs, qui organise le salon. Une interview que nous vous proposons à la fois sous forme écrite, ainsi que dans son format original : sonore.

Jean-Claude Larue, délégué général du SELL

(lien direct vers le fichier MP3)

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Néluge : Est-ce que vous pouvez vous présenter, nous dire qui vous êtes et ce que vous faites ?

Jean-Claude Larue (JCL) : Je m'appelle Jean-Claude Larue, je suis le délégué général du SELL, le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs qui organise le salon du Paris Games Week.
Néluge : Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est le SELL ?
JCL : Le SELL, c'est un syndicat, la voix de la profession, dans lequel nous avons les trois constructeurs, Sony, Microsoft, Nintendo, ainsi que tous les éditeurs. Je dirais qu'à peu près 95% de l'industrie est regroupée au sein de ce syndicat qui est, vis-à-vis des pouvoirs publics et de la presse, la voix de la profession, qui fait du lobbying et organise des événements. On organise par exemple l'IDEF à Cannes au mois de juin, un marché professionnel, et on a décidé cette année, pour la première fois, de créer un salon grand public qui s'appelle le Paris Games Week.
Néluge : Justement, est-ce que vous pouvez nous présenter ce dernier, quelles sont vos ambitions avec ce salon ?
JCL : Il y avait un peu une anomalie française : il y a l'E3 aux Etats-Unis, la gamescom en Allemagne, le Tokyo Game Show, et la profession ne prenait pas la parole au moment de Noël. Il y avait deux salons en France, le Festival du Jeu Vidéo et le Micromania Games Show. Le Festival du Jeu Vidéo nous rejoindra l'année prochaine et le MGS se tiendra lundi pour ses clients sur le Paris Games Week. On visait donc à regrouper tous les efforts, et on a pensé que le mieux placé pour exprimer la voix de la profession et présenter ce que nous sommes, c'était d'avoir un salon de la profession, ce qui a conduit, il y a un an, à créer le Paris Games Week.
Melkor : Au niveau de vos impressions sur le salon, on voit qu'il y a quand même beaucoup de monde. Est-ce-que c'était dans vos attentes, la popularité, l'animation, c'est vraiment très vivant. Est-ce que c'est ce que vous attendiez de ce premier salon ?
JCL : C'est vraiment ce que l'on voulait faire. Le jeu vidéo, c'est fun. Aujourd'hui, vous prenez les journaux, il y a la grève, l'essence, le chômage... De temps en temps, il faut quand même se faire des fenêtres sur le bonheur, se faire un "kif", comme on dit maintenant. Le jeu vidéo c'est ça. Donc on ne voulait pas d'un salon traditionnel, on voulait un salon à l'image de l'industrie. Et vous avez vu, sur tous les stands c'est un véritable show, c'est vraiment ce que l'on voulait. Aujourd'hui, on va avoir 25.000 visiteurs sur l'événement, et on aura au total 80.000 à 100.000 personnes, ça ne s'est jamais fait. 20.000 m2, 1000 bornes, des démos jouables, jamais présentées en France, même parfois en Europe... Tout ça avec du fun, de la musique, du spectacle, des groupes de rock... Ouais, c'est nous quoi. C'est vraiment ce que l'on avait envie de faire, et vous découvrirez tout cela sur le salon.
Néluge : Justement, vous parlez de France, et même d'Europe. Le Paris Games Week a-t-il vocation a être un gros salon français ou européen ?
JCL : Vous savez, moi je suis un type hyper pragmatique. Quand j'ai lancé l'IDEF à Cannes, il y a cinq ans, il y avait 800 personnes, uniquement françaises. En juin dernier, on a eu plus de 3000 personnes venant de France, d'Italie, d'Espagne, de Belgique, de Suisse, de Grèce, du Maghreb... Qu'est-ce qui fait que vous attirez ? Deux choses : premièrement Paris, et puis deuxièmement la qualité. Et là, vous allez le voir. Plusieurs personnes m'ont dit "finalement c'est un petit E3." C'est un compliment formidable. D'autres me disaient "il y a plus de nouveautés qu'à la gamescom de Cologne." C'est formidable aussi. Mais attention, ne soyons pas arrogants. Ambitieux certes, pas arrogants. On verra !
Néluge : Mais cette première édition vous paraît encourageante ?
JCL : Je crois que tout le monde a envie de recommencer. Quand vous faites des journées à 25.000 personnes, que vous voyez le public qui est là, tout ça dans une ambiance sympa et bon enfant. On danse, on chante, il y a des concerts, des jolies filles aussi... Tout le monde a envie de recommencer, bien sûr.
Melkor : Nintendo lance bientôt la 3DS, mais elle n'est pas présente sur le salon. Y-a-t-il eu un problème quelconque qui ait empêché sa présentation ?
JCL : Non, il n'y a eu aucun problème. Nintendo a présenté la 3DS à l'E3, parce qu'il voulait montrer le produit, qui est d'ailleurs tout à fait extraordinaire. Mais vous savez, là, c'est le salon pour la fin de l'année, ce n'est pas un salon d'annonces technologiques. C'est un salon pour que le consommateur, celui qui est amoureux de jeux vidéo voit ce qu'il peut acheter. Tous les produits qui sont présentés sur le salon seront achetables à Noël. Nintendo n'allait pas la présenter là. Il l'ont déjà fait, les journalistes l'ont vu, ils en ont parlé, c'est un produit tout à fait extraordinaire, mais c'est un produit de 2011. Qu'est ce que c'est Noël 2010 ? C'est Kinect de Microsoft, le PS Move de Sony, Call of Duty : Black Ops, Gran Turismo 5... avec des démos jouables. Ce n'est pas un salon d'annonces technologiques pour 2011, 2012, 2013. C'est le salon où l'on vient pour voir ce qu'il y aura à Noël dans les magasins et faire son choix. Nintendo a déjà présenté sa 3DS, il ne va pas la représenter tous les deux mois. On sait qu'elle sera sur le marché au début de l'année prochaine, en mars/avril, ça y est, on le sait.
Néluge : Oui, mais ça aurait pu être sa première présentation publique en Europe.
JLC : Mais ça n'était pas l'objectif du salon. L'objectif du salon, ce n'est pas de faire des coups d'annonces. Moi j'y tenais beaucoup.
Néluge : Mais c'est aussi comme cela que l'on donne une stature à un salon.
JCL : Sincèrement, ami, vous croyez vraiment que le salon ne va pas avoir de stature après ce que vous voyez là ? C'est la 3DS qui aurait fait la différence ?
Néluge : Elle l'aurait fait, oui, vous ne pensez pas ?
JCL : Sincèrement non. Regardez les gens. Moi, je vais à la sortie et j'interroge les gens. Je vais à la porte, et j'interroge les consommateurs. Ils en ont plein les yeux. Ca aurait été bien d'avoir la 3DS, bien sûr. Mais Nintendo, dans sa stratégie de marque, d'entreprise, a décidé de la présenter l'année prochaine quand elle sera vendue, effectivement. C'est une stratégie d'entreprise. Et la vie des entreprises, ce n'est pas de faire des coups marketing, des effets d'annonces. C'est d'être présent sur le marché, quand le temps est venu.
Néluge : Donc si il y a une deuxième édition, elle sera à la même période. N'est-on pas trop proche, encore une fois, d'un salon comme la gamescom, qui se déroule fin août ?
JCL : Les Français ne vont pas à la gamescom. Vous, vous y êtes parce que vous vous intéressez, mais nos consommateurs ne vont pas à la gamescom. Bon alors, effectivement, on dit qu'il y a 250.000 personnes, mais vous savez pourquoi ? Les conditions économiques sont telles en Allemagne que les salons ne sont pas chers. Honnêtement, j'aurais les prix de location du m2 que l'on a à Cologne, mon salon serait deux ou trois fois plus grand. Ça c'est un problème. A Paris, c'est tellement exclusif que les prix sont super chers. A Cologne, ils ont des halls immenses, et pour les remplir, la région, les länders, la ville les aident. Moi j'ai zéro subvention. Quand ils faisaient leur salon en Allemagne de l'Est, ils avaient dix ou quinze millions d'euros de subventions. Moi avec dix ou quinze millions, je vous fais 100.000 m2. Tout ça, c'est du réalisme économique. Et honnêtement, combien de personnes qui vous écoutent en ce moment sont allées à Cologne ? Vous peut-être, pas beaucoup de vos auditeurs.
Melkor : Vous êtes l'organisateur du salon, mais est-ce que vous êtes vous-même un joueur ?
JCL : Moi, à mi-vie, je suis tombé dans le jeu vidéo. J'ai fais une première partie de ma carrière en dehors du jeu vidéo, et puis j'avais envie de changer de vie professionnelle. J'étais à l'époque chez Philips, et on m'a demandé d'être le patron du multimédia de Philips en France, puis j'ai été ensuite le président de Philips Média en Europe. Je suis tombé dans le jeu vidéo en 1998. Honnêtement, je ne suis pas un grand joueur. Bien sûr, je jouerai à Kinect ou au Move, bien sûr je joue à la Wii, la PSP ou la DS, même si je ne suis pas un fana. Mais j'ai deux filles, et croyez-moi, à la maison, d'abord je joue avec elles, et puis je les vois jouer à des jeux auxquels je ne jouerais pas. Pourquoi ? Parce que normalement, c'est l'un des problèmes que j'ai avec les politiques qui ont mon âge, c'est-à-dire plus de soixante ans, ce ne sont pas des joueurs. Et ces gens-là, ils dézinguent le jeu vidéo.
Néluge : Alors justement, pourquoi n'y-a-t-il pas plus sur le salon de conférences pour redonner ses lettres de noblesses au jeu vidéo qui se fait beaucoup taper dessus ?
JCL : D'abord, je crois qu'il ne faut pas livrer des combats qui sont perdus d'avance. J'ai dis une fois que je travaille pour les jeunes; les vieux je les enterrerai. Beaucoup de politiciens que je vois, qui ont soixante, soixante-dix ans, n'essayez pas de les convaincre, vous n'y arriverez pas. Par contre à l'avant-première du salon, j'avais le chef de cabinet de Nadine Morano, le directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand, des sénateurs, des députés de la jeune génération... Ça va évoluer tout ça. Et sincèrement, ce n'est pas une conférence devant 70 personnes qui vont changer l'image. Par contre, quand hier soir, vous avez le 20h de TF1, à sept ou huit millions d'auditeurs, qui fait un sujet sur Assassin's Creed, montrant la richesse du jeu vidéo; et bien un sujet de trois minutes sur le 20h de TF1, ça vaut des milliers de conférences à 70 personnes.
Néluge : Vous, en tant que représentant des éditeurs, vous êtes pour des systèmes comme la PEGI. Mais là, sur le salon, c'est quand même peu visible pour les visiteurs, avec un stand minuscule caché dans un coin du salon.
JCL : Premièrement, on a mis une grande bâche à l'entrée, et puis le jeu vidéo, ce n'est quand même pas que PEGI, qui est l'information des familles. Et puis on a un stand Pedagojeux, d'ailleurs j'invite vos auditeurs à aller sur www.pedagojeux.fr, pour les familles. Vous aurez également remarqué qu'il y a l'indication PEGI sur toutes les bornes du salon. Vous savez, c'est moi le père de PEGI, qui ait fait en sorte qu'en Europe il y ait cette norme. Regardez le chemin parcouru. On a aussi fait un parcours spécial familles. C'est-à-dire que, quand des familles viennent avec des enfants, on leur remet un programme dans lequel on leur dit d'éviter les jeux 16+, 18+, et d'aller sur les jeux pour les plus jeunes. Et quand je questionne ces familles à la sortie, elles suivent ça. Le jeu vidéo, c'est l'ensemble des programmes. On est attentif, et moi j'en parle souvent de PEGI, d'ailleurs merci de me poser la question. Maintenant, regardez une autre chose : la plupart des jeux 18+ sont dans des enceintes fermées, et on refuse l'entrée aux jeunes. Call of Duty : Black Ops, vous ne pouvez pas entrer, et il y en a d'autres. On a été très très attentif, on est très responsable.
Mais posez-moi une question sur les développeurs...
Néluge : Une question sur les développeurs ? Enfin, vous, vous êtes plus représentant des éditeurs que des développeurs ?
JCL : Oui, alors parfois, vous savez, moi je suis un peu une grande gueule. Alors de temps en temps j'envoie des petites piques, j'ai tort, et je m'en excuse si je blesse des gens. Vous savez, celui qui a convaincu Jean-Pierre Raffarin de faire le crédit d'impôt en France, c'est moi. Celui qui parle à Frédéric Mitterrand, et à son directeur de cabinet, pour expliquer qu'il faut aider le secteur du jeu vidéo en France, c'est moi. Je sais très bien que les petits développeurs d'aujourd'hui, ce sont les grands de demain. Il y a en France des réussites flamboyantes. Je pense à David Cage et Heavy Rain : succès mondial. Je pense évidemment à Ankama et à d'autres. Donc oui, parfois je les titille un peu, mais aussi pour que ça les pique.
Melkor : Il me semble avoir lu un article qui expliquait qu'effectivement il existe des subventions pour les petits développeurs indépendants qui seraient remises en cause. Que pensez-vous de ça, retirer les subventions aux petits éditeurs qui font aussi l'avenir du jeu vidéo ?
JCL : Vous savez, en France en ce moment, vous l'avez remarqué, on est en train de réduire des crédits un peu partout. En Angleterre c'est encore pire, parce qu'il y a les déficits publics. C'est vrai que la tentation, c'est de dire qu'on va réduire un certain nombre de choses, dont l'aide aux jeux vidéo, parce que l'on aide déjà beaucoup de choses, les grandes entreprises, le bâtiment, les travaux publics, l'automobile... Et c'est un des drames de la France d'ailleurs, les nouvelles technologies, qui pèsent pour 10% du produit intérieur brut des États-Unis, ne sont pas mis suffisamment en valeur en France. J'ai encore dit récemment au directeur de cabinet de Frédéric Mitterrand que ce serait une erreur. Il ne faut pas remettre en cause l'aide aux développeurs de jeux vidéo. Et je serais en première ligne pour défendre l'aide aux créateurs.
Néluge : Et vous êtes aussi en première ligne quand certains politiques, comme Nadine Morano, font des déclarations alarmistes sur le jeu vidéo ?
JCL : Vous savez, les politiques, ils ont besoin que l'on parle d'eux, comme nous avons besoin que l'on parle de nous, d'ailleurs vous êtes là à m'interviewer. Alors Nadine Morano, elle nous a taclé méchamment. J'ai réagi assez brutalement, à la "Larue"... Il y a même eu un groupe Facebook de soutien à Jean-Claude Larue. Puis son directeur de cabinet, qui est un type remarquable, qui s'appelle François Chieze, m'a appelé et m'a dit de venir le voir. Il pensait voir un terroriste, et il a vu un type plutôt sympa. Je lui ai dit : "Halte au feu ! Chez vous comme chez nous." Et François Chieze était sur le salon mardi soir. Vous avez entendu récemment des critiques de la part de Nadine Morano ? Donc de temps en temps, il faut que je sois un peu grande gueule, et parfois je dérape, que ceux que je blesse m'excuse.
Néluge : Comment se portent les éditeurs français actuellement ?
JCL : Les éditeurs, bien, parce qu'ils sont sur le marché mondial. Activision : numéro un mondial. C'est une société française quand même, Vivendi Activision Blizzard. Je ne vais pas vous chanter les mérites d'Ubisoft, évidemment, qui joue en top ligue. Quelle est la difficulté aujourd'hui ? Ce sont justement les développeurs, pas les grands éditeurs qui se battent sur le marché mondial. Je crois qu'Ubisoft réalise moins de 10% de son chiffre d'affaire en France. Donc ce sont les développeurs qui n'ont pas un environnement économique favorable. C'est là-dessus qu'il faut intervenir. Et c'est là-dessus que j'interviens.
Néluge : Mais le SELL ne serait pas plus le représentant des gros éditeurs, et moins des petits ? Aujourd'hui, sur le salon, il y a certes les gros éditeurs, avec les blockbusters, mais peu de petits studios.
JCL : Répondons clairement à votre question. Cette année, les petits développeurs, les petits studios, ont préféré aller au Festival du Jeu Vidéo. C'est leur choix. Je pense sincèrement que l'année prochaine ce sera différent, et on les accueillera. Le SELL, c'est vrai, c'est le syndicat. Mais maintenant nous avons un conseil d'administration, un président, Georges Fornay, et un délégué général, Jean-Claude Larue. Croyez-moi, nous sommes sur la même longueur d'onde. Qui a aidé David Cage à faire Heavy Rain ? C'est Sony. David Cage, vous savez, c'est le James Cameron français, ne l'oublions pas, et il va faire de très beaux projets dans le futur. Les petits sont des arbres qui se développent, et ils doivent pouvoir un jour devenir des grands arbres. Quantic Dream, c'est en train de devenir un grand arbre, Heavy Rain est un succès mondial. Il nous en faut d'autres. Et on est pas idiots : même si l'on n'était pas de bonne volonté, il faut que cette créativité française qui émerge, on la préserve. Et de temps en temps je les pique un peu et ils prennent ça mal. Ils disent : "Larue ne nous aime pas, c'est l'homme des gros..." Des fois je suis un peu excessif, mais ils sont dans mon cœur.
Néluge : Alors justement, puisque nous sommes dans les sujets "excessifs", vous parliez du Festival du Jeu Vidéo. Il y a aujourd'hui quand même un certain malaise autour du Paris Games Week et de ce festival. On ne sait pas trop ce qu'il s'est passé. Pourquoi ne pas être reparti sur les bases du Festival qui grandissait d'année en année ?
JLC : Mais votre question, elle ne me gêne pas, au contraire. Il y avait une fédération, qui s'appelait Game Fun, et un garçon, Jonathan Dumont, qui a fait un super boulot, le Festival du Jeu Vidéo. Un moment donné, les éditeurs du SELL, l'année dernière, sont allés au Festival. Après, on a discuté ensemble. Jonathan Dumont est vraiment une personne qui a tout mon respect, j'irais presque dire mon amitié, mais on n'était pas d'accord sur le salon. Si vous vous mariez, il faut que vous ayez un projet commun, et nous ce qu'on avait en tête, c'est ce salon, du fun, du show. On n'est pas tombé d'accord. Alors les types ont dit "Larue c'est un méchant, c'est épouvantable." Est-ce que vous avez lu des critiques négatives sur moi et Jonathan Dumont ?
Néluge : Non, mais il y a quand même eu, sur les sites spécialisés, un certain flou... On ne sait pas vraiment comment les choses se sont passées.
JCL : Ce qu'il s'est passé, je viens de vous le dire, et je le répète, c'est que l'on était pas d'accord sur la vision. Et je peux vous annoncer que l'année prochaine le Festival du Jeu Vidéo nous rejoindra. Mais c'est vrai que parfois j'en rajoute un peu, je suis une grande gueule. Et puis vous savez aux États-Unis, je serais encensé, parce que les success story, on les adore. En France, on les enfonce. Si j'étais aux États-Unis, tous les gars dont vous parlez, ils me feraient des posts d'enfer sur leurs blogs. En France, on me dézingue. J'ai le dos large, et je m'en fous un peu. Mais je vous fais une confidence aujourd'hui : je suis parfois un peu triste que des gens qui ne me connaissent pas me détestent. Ça, ça fait de la peine. Mais en même temps, qui les défend vraiment ? Qu'ils réfléchissent bien.
Néluge : Quel message voulez-vous faire passer à ces joueurs qui, sur les forums, disent ne pas vouloir venir au Paris Games Week à cause de tout cela ?
JCL : D'abord, je dis qu'ils ont tort de pas venir, parce qu'ils verraient vraiment une ambiance formidable, des filles superbes, il y a des bombes hein ! Mais enfin, ils ont le droit, ils se privent de voir les avant-premières, des concerts extraordinaires, ce soir (samedi 30 octobre, ndlr) on va finir à 23h. Et puis vous savez, sincèrement, je termine sur une note personnelle, ils se trompent sur moi. Qu'ils viennent me voir. Est-ce que j'ai l'air d'un monstre ? Alors de temps en temps, c'est vrai, je fais des déclarations un peu fracassantes, parfois excessives. Parfois je blesse, j'en suis désolé. Mais, je le répète, le crédit d'impôt, c'est quand même moi qui l'ait vendu. C'est moi qui fait le siège du ministère de la culture pour aider les développeurs français. C'est moi qui, je l'espère, fera l'année prochaine une grande place aux développeurs, qui sont dans mon cœur. Les mecs qui me crachent dessus, qu'ils viennent me voir après tout.
Néluge : Pour terminer sur une note positive, vous voulez peut-être ajouter quelques mots ?
JCL : Que je suis heureux, parce que, quand on lance une manifestation comme celle-là, ce n'est pas une question d'argent. C'est une question de ce que vous offrez aux clients, aux consommateurs. Et là, ce n'est pas l'opinion de Jean-Claude Larue ou du SELL qui compte, c'est celle des 25.000 personnes que l'on va avoir aujourd'hui, des 100.000 qui auront été sur le show. Et moi, je vais aller les interroger à la sortie, et ils auront des étoiles pleins les yeux. Et croyez-moi, c'est bon pour Sony, Microsoft, Nintendo, EA... mais ça élargit aussi la clientèle. Quand moi j'ai démarré dans le jeu vidéo, on avait 4,5 millions de joueurs dans le monde. Aujourd'hui, on a 25 millions de clients en France. On a besoin de mettre des étoiles dans les yeux des gens, et ce sont des évènements comme celui-là qui développent l'industrie, et qui vont donner des opportunités à vos développeurs qui me crachent dessus aujourd'hui.
LiveGen : Merci Beaucoup.


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