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Alors je t’ai regardée
Il ne restait rien de cette étrange beauté
Rien
*
Le temps avait accompli ses ravages
Le trait dur et la voix rauque
Tu avançais d’un pas chancelant
Dans la maigre parure devenue la tienne
*
Sans doute avons-nous vécu
Mes traits d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec hier
Nous n’avons fait que survivre
A la guerre qui fut la nôtre
Futile mais ô combien blessante
*
Nos enfants en gardent les stigmates
Qui virent pour un instant
L’impossible se réaliser
Pour aussitôt se défaire
*
Une parcelle d’espérance
Planait entre les mots
.
« Quand on n’a que l’amour,
A s’offrir en partage… »
*
Nous voici sur le seuil
Et déjà tout nous sépare
Sans doute avons-nous
Désormais
Posé sur notre mémoire
La pierre tombale de ce qui fut
Evaporé à jamais
*
De loin je regarde ton visage
N'y retrouve plus rien
.
Combien de souffrances
Derrière chaque profond sillon
Creusé par l’ingratitude du temps
.
Je regarde
Tourne les talons
M’en retourne à mes doutes
*
Humains
Le serons-nous seulement un jour ?
*
L’épreuve fut rude
Sur le perron du jour
.
Nous avons désormais bu la coupe
L’avons posée sur la table du passé
.
Une page est tournée
.
Manosque, 11 octobre 2010
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