Je demande à exercer mon droit de réponse. Assurément, certaines subtilités vous ont échappé, et dans la fumée d’une gauloise bleue, je tiens à préciser, dans un esprit qui n’a rien de polémique, les points suivants (on reconnaîtra ici une précision légendairement suisse) :
– J’ai consulté plusieurs grands voyageurs (au sens technique de grand voyageur, c’est-à-dire quelqu’un qui, pour des raisons souvent futiles comme des cours à aller faire, (dé)passe une bonne partie de ses revenus en billets de train) et ils m’ont tous confirmé qu’il ARRIVE qu’il y ait des trous dans le gruyère. J’ai alors compris que vous avait échappé la dimension probabiliste du syllogisme évoqué, dont la forme syllogistique elle-même demanderait discussion. Car si on multiplie les tranches de gruyère, on multiplie assurément les chances d’y trouver des trous, vous en conviendrez.
Ce qui, derechef, valide le raisonnement en question :
- plus y a d’gruyère, plus y a d’trous
- plus y a d’trous, moins y a d’gruyère
- plus y a d’gruyère, moins y a d’gruyère
Si on formalise un tant soit peu, mais je crois que dans le contexte il ne faut rien laisser au hasard, nous sommes à la limite de l’incident diplomatique, notre raisonnement devient :
(a) Il existe x tel que x est du gruyère et x a un trou, (même un tout petit fera l’affaire)
(b) Si inconsidérément on demande à son fromager une grande quantité de x, on aura par là même une collection de trous qui devient, par la loi de la distributivité de De Morgan
(c) Plus la quantité de x sera importante, plus la quantité de trous de x sera importante également (modulo la probabilité pour x d’avoir des trous)
d’où logiquement on conclura
(d) Il existe x tel que, plus on a de x, moins on a de x.
– Contrairement à ce que vous essayez d’établir en engageant une polémique sur la qualité et la quantité des fromages français, le domaine de quantification dans lequel on peut instancier la variable x du quantificateur existentiel n’est pas en cause ici, et la carte des fromages ne fait donc rien à l’affaire. Ce qui compte, uniquement, est que x ait la propriété F posée dans la prémisse (a), “avoir des trous”.
– Je suggère haut et fort qu’un fromage dans lequel il n’y aurait JAMAIS de trous, qui serait ontologiquement et essentiellement incompatible avec les trous, s’appellerait du marbre, et alors je comprends mieux pourquoi vous éprouvez le besoin de le faire fondre avant de le déguster : voilà qui devient une nécessité de re.
– Dans un souci d’apaisement, je conçois qu’il puisse vous être désagréable de voir ainsi soupçonner les fromagers suisses vendre moins de fromage quand ils en vendent plus (de facto … enfin, bref), et je vous propose de choisir un autre individu pour instancier existentiellement x, un truc qui aurait la propriété F nécessaire à la prémisse (a) et qui pourrait, au choix, être de la guimauve, de la crème chantilly, de la mousse au chocolat. Je pense que la chantilly qui a déjà eu les honneurs de votre blog, ferait un bon candidat.
Votre gauloise brune (et sans filtre)