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Divisions et indivision du Cabinda: une équation sans inconnus… par Bienvenu PANGHOUD

Publié le 05 novembre 2010 par Cabinda
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« Depuis toujours, nous n’avons pas d’autre terre que toi Cabinda. N’avons-nous pas souffert pour ce nom, Cabinda. Nés de ton ventre Cabinda, tu n’es qu’un regard indéfiniment posé sur nous et qui nous remplit de toi. Nous sommes tes fruits toi qui est à la fois racines, tronc et feuilles nourri par la sève de notre identité et sur laquelle plus personne ne peut souffrir, ni mourrir. ». 

Cette article de Bienvenu PANGHOUD (Tribalisme au Cabinda : Equation sans inconnus) à retenu notre attention. Ce texte revèle les divisions possibles entres cabindais. L’accent mis sur l‘indivision du Cabinda est interessante en soi. Interrogations, réflexions,  nous voulons les partager avec vous..  Alors chers ami(e)s, lisons et, commentons..

Le titre annoncé n’est pas trompeur, aussi que personne ne s’y trompe. Cabinda a trouvé là, l’alibi pour délivrer et livrer une bonne partie de ce qui lui brûle l’esprit. La tribu, terme longtemps malmené, récupéré, détourné, instrumentalisé, mais toujours d’une cruelle actualité en Afrique, semble être une des clefs de compréhension de la débâcle politique du continent. L’actualité qui n’est pas avare d’exemples, montre jusqu’où la tribu chargée d’histoire et de poudre a fait comme drames. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé au Rwanda, en Guinée-Bissau et dans la sous-région pour se rendre compte des ravages causés par un système d’appropriation des ressources et de maintenance des classes qui reposent sur les béquilles du tribalisme politique.

La question est celle de savoir pourquoi ces derniers temps ici ou là se pose en filigrane, au Cabinda terre d’enjeux et de ressources, la tribu comme solution probable des désirs inassouvis et des attentes désespérées de certains ? Le Cabinda peut-il être l’objet d’une revendication exclusive ou particulière de la part de telle ou telle tribu voire de telle ou telle région ? Le Cabinda serait-il une société mille-feuille où s’empileraient des tribus dont les droits ne seraient pas les mêmes dans un Angola, un et indivisible ?

Si vous décidez de plonger avec moi dans ce récit, bien que je ne vous le conseille pas, sachez que nous referons surface au début de ce récit. Car, il s’agit bien de cela, d’un arrêt momentané de la respiration cabindaise, d’un flot qui nous emporte et à contre-courant d’une zone de turbulences où les repères s’effondrent. D’un Cabinda d’hier à celui de demain, Cabinda est notre ascendant à la fois notre descendant, des nuits entières, nous réinventons ce territoire. Cabinda, c’est notre terre, c’est notre chemin, c’est notre chambre dans notre maison, c’est le territoire où il faut parfois crier pour couvrir les rumeurs de l’océan atlantique, cet océan dont les eaux bénites tombées sur le Cabinda depuis six siècles nous ont peut-être pas bénis et dont les vagues reviennent comme un instrument de mémoire. Nous revoyions nos souvenirs dans lesquels, la mer à la fois chemin de pénibilité, de trahison et de servitude, chemin par lequel arrivât en 1482 Diégo Câo, qui par un petit pied posé au Cabinda en fixa les limites et le destin actuel. Oui cette mer, porte atteinte aux libertés et se donne souvent aux vécus interdits.

Depuis toujours, nous n’avons pas d’autre terre que toi Cabinda. N’avons-nous pas souffert pour ce nom, Cabinda. Nés de ton ventre Cabinda, tu n’es qu’un regard indéfiniment posé sur nous et qui nous remplit de toi. Nous sommes tes fruits toi qui est à la fois racines, tronc et feuilles nourri par la sève de notre identité et sur laquelle plus personne ne peut souffrir, ni mourrir.

Aujourd’hui, le Cabinda ne ressemble plus à celui dont nous avions emporté l’image dans nos mémoires et la fumée qui montait dans nos villages, véritables grottes de culture, n’avait plus tout à fait la même odeur que celle que nous avions conservée dans nos narines. La nourriture était la préoccupation quotidienne. Tout tournait autour du ventre. Dès qu’on avait mangé, tout était réglé. Dans ce Cabinda grouillant de gens, c’est d’abord l’obsession du ventre. Vide ou plein ? Le jeu vient tout de suite après. Le sommeil enfin. Peut-on oublier l’odeur des aisselles du Cabinda, ni ne plus reconnaître le goût de sa salive, c’est toujours sur le sein du Cabinda que nous avons été heureux. Notre Cabinda apparaît avec ses paradoxes, ses extrêmes, ses habitants de toutes races qui s’expriment en plusieurs langues comme le fioti, le lingala, le kikongo, le portugais, le français, l’anglais… langues qui participent à la culture de la palabre sous le manguier.

Sans cesse, ce besoin de parler est à la fois notre vice et notre vertu : nos villes sont souvent sœurs, nos villages se confondant. Nos rues s’interpellent et nos chemins de campagne ne se perdent jamais, nos querelles naissent d’un arbre fruitier au territoire indéfini. Notre identité force est multiple. Plus patriotes que tribalistes, nous additionnons nos fidélités du nord, du sud, de l’ouest et de l’est du Cabinda pour fonder une symbiose, certes difficile, mais seule capable de nourrir notre quotidien plus que ne le sont nos plats préférés. Avons-nous pour mission de continuer volontairement l’exil dans un lieu devenu pays natal, alors que ce lieu est le Cabinda même !

En tenant compte de ce passé dont on ne peut épuiser toutes les significations et en tenant compte de notre présent qui reste ouvert à toutes les possibilités, présent qui doit préparer l’avenir, en évitant la bêtise ou l’ignorance sans limites qui a pour nom tribalisme, il est nécessaire d’éviter le syndrome du sparadrap, cette aventure de Tintin où le capitaine Haddock n’arrive pas à se débarrasser d’un malheureux sparadrap qui virevolte sans cesse. On le secoue, on s’énerve, on tente de s’en défaire mais, à chaque fois, il resurgit au moment le plus inattendu. A chaque fois que le Cabinda croit s’en débarrasser, certains de nos frères (hommes d’opinion, meneurs d’hommes, hommes politiques…) prétendent avoir des droits et des privilèges particuliers uniquement sur une base tribale, ignorant par là que le vrai droit, est le droit à la préservation de l’indispensable consensus, véritablement respectueux de la diversité des positions sociales qui sans lui, il n’y a point de tranquillité immédiate.

Heureusement, quand les temps politiques sont incertains, il y a toujours ceux qui sur la base du patriotisme, du talent et de la perception de l’intérêt commun, conviennent au service du Cabinda. Qu’on le veuille ou non, ceux qui tentent à travers leurs arrière-pensées, leurs officines, de faire de la tribu, du tribalisme politique, la transformant en entité maternante pour s’imposer et/ou imposer des idées nauséabondes, s’écraseront sur le mur du silence politiquement correct cabindais. Et cela même en multipliant les requiem !

BIENVENU PANGHOUD



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