Il était une fois dans le deep south
Musique Godspeed You Black Emperor
En janvier 2011 il ne restera plus rien. Le parc sera démoli et sa ferraille vendue, le Six Flag démantibulé. Les fantômes ombreux disparaîtront avec ce paysage techernobylien. Katrina a dévasté New Orleans qui était déjà dévasté par sa tentaculaire pauvreté black qui s'accumulait, coulant de l'esclavagiste Mississipi. Le jazz est né là, dans ce carré français qui n'est plus qu'un faux quartier historique, une sorte de Las Végas musical au milieu des débris. Le jazz, le blues, le rock sudiste, un métissage musical qui a prémédité l'autre, le social. Pas suffisamment, sans doute car l'Amérique est encore très clivée, surtout ici, fief du sudisme, des Renecks. Les quartiers noirs cernaient l'opulent quartier français de leur misère de briques rouges,de chômage, de drogue et d'oubli. D'un block à l'autre, on passait du zéro à l'infini. Maintenant, on passe du néant au toc touristique. Napoléon eut la fausse bonne idée de vendre ce pays au nom royal : Louisiane (en l'honneur de Louis XIV). Le pétrole y a décimé le bayou, dévasté la côte ; l'ouragan a éradiqué la pauvreté noire en l'engloutissant. Et, pire que tout, le capitalisme libéral qui ne s'occupe que de son nombril (à court terme, de plus) n'a que fort tard tendu la main à cette misère noire.
Ce parc d'attraction désaffecté est rempli de leurs fantômes et le vieux noir aveugle qui joue sur l'esplanade du centre ville, ne cessera pas de chanter son blues, au son d'un saxo qui pleure ce si fameux rêve américain en carton pâte et qui croûle à la moindre averse, de son manque de solidarité. Obama en fait les frais en ce moment...