Aujourd'hui samedi 6 novembre 2010 aura lieu la huitième journée de manifestation nationale contre la réforme des retraites. Depuis hier, la presse aux ordres clame à qui veut bien l'entendre qu'il s'agit d'un baroud d'honneur, que les syndicats sont divisés, que la participation sera faible, que tout est déjà plié puisque la loi est votée, et qu'enfin Nicolas Sarkozy a gagné et qu'il est temps de passer à autre chose.
Foutaises que tout cela ! Désinformation et propagande ! Que peuvent-ils savoir de la mobilisation alors même que les manifestations n'ont pas eu lieu et que tout le monde s'accorde pour dire que la colère est persistante chez les Français ? Quant à l'unité syndicale, cela fait 8 mois qu'elle, ce qui est inédit dans ce pays, et 8 mois que l'on nous prédit sa division. Et en ce qui concerne la victoire finale, comment peuvent ils savoir que c'est plié, puisque la caractéristique de ce mouvement est d'abord déjoué tous les pronostics, d'avoir pris des formes complètement novatrices. On est vraiment en droit de s'interroger sur l'éthique professionnel de ces bataillons de journalistes dont le métier consiste à informer, si possible en recopant des informations, et qui se prennent de plus en plus pour des Madame Soleil, faiseurs de roi et d'opinion.
Qu'à cela ne tienne ! Peu impporte toutes ces pérégrinations médiatico-politiques. L'essentiel n'est pas là, il est dans les enseignements qu'il faut tirer des 2 mois que nous venons de vivre et dont rien n'indique qu'ils seront sans suite. Et je le proclame haut et fort, ce mouvement a d'ores et déjà gagné.
Eh oui, regardons la réalité autrement que par la lorgnette des affidés au système. La loi a été votée, elle sera promulguée, Nicolas Sarkozy tient son petit triomphe sur le mouvement social ? Oui, certes, mais un triomphe à la Pyrrhus. Il a fait passer de force une loi qui est tellement rejetée par le peuple de France qu'elle est illégitime, et ce même pour une partie non négligeable de l'électorat. Le passage en force du chef de l'Etat, sa négation des formes basiques de la démocratie que sont le dialogue et la concertation auront une conséquence automatique : les Français n'auront de cesse de combattre le texte jusqu'à obtention de son retrait, que ce soit aujourd'hui, demain ou dans un an. Cela leur sera d'autant plus légitime que ce texte n'assure en rien le financement de retraites et qu'il doit être renégocié en 2013.
Mais je vous vois venir, fidèles lecteurs, et j'entends poindre l'ultime reproche qui mettrait à mal les lignes écrites ci-dessus : ne me prendrais-je point à mon tour pour une de ces Dame Soleil que je vilipendais ? Que nenni ! Car certes, s'ils s'agit peu ou prou de prédictions, elles se basent sur l'enseignement primordial de ce mouvement :
Il s'est passé quelque chose de fort, d'unique dans les têtes des Français à l'automne 2010 !
Toutes les générations se sont retrouvées dans la rue. Des centaines de milliers de Français ont manifesté pour la première fois de leur vie. Mieux, contrairement à ce que l'on nous a asséné, le secteur privé s'est largement mobilisé, particulièrement en province et notamment dans des petites villes jamais ou rarement touchées par l'agitation sociale. Le meilleur exemple vient de ce qui s'est passé avec les lycéens. Ce sont les lycées de banlieue et les établissements technologiques et professionnels qui se sont le plus mobilisés, soit cette jeunesse que l'on considére souvent comme dépolitisée.
Et elle est là notre victoire ! Le peuple Français, peuple politique s'il en est, ce peuple donc s'est réveillé. Pendant deux mois il a repris conscience qu'il ne pouvait laisser d'autres décider pour lui. Ce réveil a toucher en profondeur l'ensemble de société française. La radicalité des actions, les cibles touchées lors des blocages, les messages entendus lors des grèves et des manifestations ne trompent pas, le message, une grosse partie des classes laborieuses et populaires de ce pays ont compris que ce pouvoir était en train de mener une lutte des classes.
Désormais, il a un adversaire en face de lui. Et peu importe les élections et les sondages. Les Français font peu de cas de la capacité des socialistes à changer les choses. Non, ces choses, les Français les ont reprises en main en octobre 2010, et ce sont eux qui vont les faire bouger de la seule et unique manière qui soit efficace dans ce pays : la lutte !
Sur le web :
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