Le vétiver est une grande herbe sauvage (famille des graminée) originaire du sud de l’Indes, de Ceylan et d’Indonésie. Les longues tiges épaisses et les feuilles élancées de cette graminée sont souvent utilisées dans ces régions pour construire des paniers ou même des toits. Quant aux longues racines enchevêtrées de la plante, elles forment des filtres naturels prévenant la pollution des nappes d’eau et empêchant également l’érosion des terres. C’est de ces racines que l’on tire une huile essentielle très recherchée en parfumerie. La première fois que j’ai rencontré olfactivement le vétiver, j’ai ressenti une force d’attraction intense. (cliquez sur le lien ci-dessous pour lire la suite)
Il m’a séduite immédiatement et définitivement.
J’y ai reconnu le bois mais aussi la terre, des éléments essentiels, pour lesquels j’ai un goût très prononcé. Il est à la fois froid et chaud, terreux et moelleux, rêche et doux. Son odeur me rappelle l’hiver ou le début du printemps quand les choses sont blanches et noires et qu’elles dégèlent doucement : l’humus, les feuilles mortes, les notes fumées que les petits villages suisses, transis de froid, crachent par leurs cheminées. J’y découvre aussi des facettes rappelant les bâtons de réglisse, le pamplemousse et le bois d’église tout imprégné d’encens.
Si le patchouli est un charmeur, un latin lover, le vetiver zizanoïdes est un séducteur d’un autre genre. Il possède ce côté un peu froid et brutal des choses qui sortent de la terre. En dandy détaché et désabusé, il vous séduira juste pour le plaisir, puis sans autres états d’âme continuera son chemin. Félin parce que racé et indépendant, le vétiver ne peut que regarder de haut le patchouli qu’il considère comme un cœur d’artichaut, naïf et pataud.
Selon son origine et pour une question de terroir et de technique de culture, il varie considérablement en qualité. Celui qui est le plus utilisé aujourd’hui est le vétiver Haïti dont l’huile essentielle à la couleur jaune dorée a une odeur de cacahuète (certains parlent d’épluchures de pommes de terre ou d’asperges). Celui de Java, dont l’huile essentielle est plus claire, sent le cendrier plein. Il a un côté vieux fumeur de cigare à la voix rauque et aux dents toutes brunes mais qui danse le tango comme personne. Le vétiver Bourbon qui pousse sur les pentes douces des montagnes volcaniques de la Réunion est le plus recherché mais sa production est quasi anecdotique aujourd’hui (moins d’une tonne par année). Délicieusement boisé son odeur terreuse est magnifique, c’est lui qui me rappelle le plus la réglisse.
La parfumerie fine utilise surtout le Vetyveryl Acetate obtenu en fractionnant les huiles essentielles de vétiver. Ce produit malgré une odeur vinaigrée dans le départ qui est typique des acétates,sent bon le pamplemousse, puis développe une odeur boisée amère très fine.
Le vétiver promène sa silhouette élégante aussi bien dans les eaux de Cologne que dans les chypres, sans oublier les bouquets floraux. En fait rares sont les parfums qui n’en contiennent pas sous une forme ou sous une autre. Mais si comme moi vous êtes un(e) inconditionnel(le) du vétiver alors il vous le faut en hautes doses ! Choisissez par exemple le très classique vétiver de Guerlain ou le très confidentiel Vétiver Extraordinaire de Frédéric Malle. Mais, mon préféré dans cette catégorie, c’est Encre Noire de Lalique. Ce parfum rend parfaitement l’indéfinissable et dangereuse séduction du vétiver. Ce dernier y est presque nu, ou plutôt soigneusement déshabillé, par le parfumeur (Nathalie Lorson) autant dire totalement affolant ! A consommer sans modération… Mais attention ! A vos risques et périls…