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Sous les conseils avisés d’une amie qui me veut du bien,...

Publié le 07 novembre 2010 par Mmepastel

Sous les conseils avisés d’une amie qui me veut du bien, j’ai regardé hier soir Be Happy (en anglais Happy Go Lucky qui veut dire grosso modo “les gens heureux forcent leur chance”), la dernière comédie de Mike Leigh.

Le réalisateur jusque-là n’était pas particulièrement connu pour ses comédies, quoique certains de ses films intégraient déjà à la rudesse sociale une bonne part d’humour. Ici, il plonge des deux pieds dans la comédie : couleurs criardes, musique vitaminée, rythme enlevé et surtout une bombe d’allégresse, sa botte secrète, l’actrice Sally Hawkins et son personnage explosif de Poppy.

Ce film repose entièrement sur ses frêles épaules. Sally Hawkins est de chaque plan. Et on peut mesurer son talent à chaque scène, surtout si on a vu d’autres films comme l’adaptation pour la BBC du dernier roman de Jane Austen, Persuasion, où elle est également formidable, mais cette fois dans la retenue. Sally Hawkins, au risque de me répéter, est une actrice INCROYABLE.

Son personnage, qui fait de ce film un portrait de femme, pourrait être qualifié, au début, d‘“attachiante”. Dans les premières scènes, avec ses petites blagues plus ou moins réussies, ses gloussements incessants, son refus de l’esprit de sérieux qui la rendent à première vue immature, on ne sait trop sur quel pied danser, même si on sait que danser, il va falloir (flamenco ou autre). Elle est déconcertante, irritante avec sa bonne humeur envahissante. La scène ci-dessus est un bon exemple de ce phénomène : face au très sérieux moniteur de conduite, elle réagit comme une petite folle coquine. (Sachez d’ailleurs que, selon la méthode du réalisateur, une fois les personnages créés en connivence avec les acteurs et les situations déterminées, la plupart des scènes sont largement improvisées ce qui leur donne cet aspect de vérité inimitable.)

Mais, au fil du film, impossible de ne pas céder, contre nos propres réflexes. Sa bonne humeur est vraiment communicative, mais pas seulement dans un esprit de légèreté un peu benêt. On découvre que sa liberté, sa joie de vivre ne sont ni une façade ni un bouclier pour se protéger des choses désagréables de l’existence. Au contraire. Ils sont un choix, un angle d’attaque de l’existence dans laquelle Poppy aborde les autres avec ouverture d’esprit, empathie, curiosité et générosité. De gourde fofolle, elle devient, au fil des situations, une fée bienveillante en prise sensible avec le monde, avec toutes ses aspérités (Mike Leigh ne gomme pas une certaine réalité sociale, pas toujours joyeuse).

Bref, en plus de la légèreté bienfaisante d’une comédie qui fait rire, le film nous glisse une carte à jouer dans les mains, qui a à voir avec le bonheur, la grande affaire de nos existences. On nage en pleine métaphysique l’air de rien. Et c’est parce que c’est “l’air de rien” que c’est digeste et agréable.


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