Le parallèle peut paraître osé, mais ils mènent tous les deux, pour l’heure, une « promo » intensive. Non ! Ils n’ont pas sorti un film, certes quelques ouvrages de circonstance sans esprit de Goncourt, mais ils occupent les plateaux de télévision avec générosité et sans faire preuve, l’un comme l’autre, d’une complaisance excessive. J’évoque Jean-François Copé et Jean-Luc Mélenchon.
Ils se partageaient TF1 et France 5 en ce dimanche très pluvieux, l’un sur le canapé rouge der Michel Drucker, l’autre derrière le plexis-glace de Nicolas Demorand. L’un chez l’éternel de Champs Élysée, plus ou moins autodidacte qui débuta sa carrière à l’ORTF en 65, l’autre chez le fils de diplomate globe-trotter et polyglotte, licencié en philosophie, agrégé de lettres modernes et qui a été, notamment, professeur en lycée professionnel et en classe préparatoire aux grandes écoles, chroniqueur gastronomique … J’en passe, à le regarder on ne dirait pas; il sait parfaitement faire l’idiot … !
Les deux artistes ont très bien rôdé leur tour de piste ; c’est du bel ouvrage.
L’homme de drouate décomplexé a juré de ne plus utiliser la langue de bois, d’appeler un chat un chat ; l’homme de gôche également en n’hésitant pas à dénoncer les faux socialistes et les comparses masqués du libéralisme.
Mélenchon, c’est plus complexe, mais le “général en chef” n’est pas très loin non plus même si il évoque à tour de bras l’auto-gestion. L’ancien enseignant, titulaire d’un CAPES de lettres modernes et d’une maîtrise de philosophie n’a certainement pas éprouvé les mêmes ambitions aussi jeune et il serait inconsidéré de lui prêter la folie d’y croire. Son combat n’est pas le même, sans doute plus négatif pour les entourages et plus idéologique sur le fond. Il n’est pas interdit non plus d’imaginer qu’il lutte pour préserver une minorité socialiste la plus forte possible et peser sur des répartitions supputées après l’échéance de 2012. Ne soyons pas méchants, il peut aussi avoir des idées alternatives, une véritable fibre révolutionnaire : il veut le laisser croire. Ce faisant il ne prend pas obligatoirement la bonne voie pour préparer une victoire à gauche, mais il répondrait : “de quelle gauche me parlez-vous ?”. L’hypothèse d’une vision d’emblée pessimiste du sénateur pour 2012 et d’une préparation des échéances ultérieures n’est pas à négliger.
Chacun ici aura apprécié ou non, à l’aune de ses propres engagements les prestations de l’un et de l’autre dans des émissions d’ailleurs de nature très différente, mais il apparaît évident que ces deux hommes, chacun dans sa logique et son camp représente une nouvelle forme de la « présentation politique » et de la formulation du discours. Et pour ce qui concerne JF Copé il apparaît évident qu’il vient de franchir une marche supplémentaire vers son ambition; il sait parfaitement se positionner et offrir une “alternance” crédible; c’est un coureur de fond ! Pour Mélenchon , l’exercice est tout aussi réussi bien que l’objectif ne soit pas de même nature. C’était plutôt gouleyant … Plus rafraîchissant que les aigreurs du promoteur de la dissolution ratée et du CPE remisé en rase campagne ou que celles du triste porte parole du PS aux allures de pêcheur coincé entre deux marées.