La prison St Michel illustre avec cruauté la politique « cassoulet » dans ce qu’elle a de moins noble.
A ma droite, le camp Moudenc, triste perdant aux municipales qui, pendant son mandat, avait entamé une réflexion urbanistique sur le devenir du site de la prison en cours de fermeture administrative. La consultation d’un architecte ayant permis de tracer les grandes lignes d’un projet de rénovation lourde de l’ensemble au profit « de la science et de la culture » ….
A ma gauche P. Cohen et les nouveaux élus PS, occupés à prendre (à leurs rythmes) l’ampleur de la tache au Capitole et qui semblent avoir découvert tardivement ce dossier épineux ; ce n’est que sur l’insistance du nouvel opposant Moudenc la pression des riverains quils prennent conscience du caractère sensible du sujet dans ce quartier et de la nécessité d’avancer…au risque de perdre un paquet de voix.
Pour compléter le tableau, il importe de rappeler ici que c’est le ministère de la justice qui est propriétaire des bâtiments . Le montant de la transaction a donc été établi par les domaines. Erreur ou arbitrage politique « subjectif » le prix de cession de ces 2 hectares au cœur de notre cité avait été estimé à 870 000 euros (le prix d'une villa dans le quartier ; un réel cadeau compte tenu de la qualité de cet emplacement au cœur de notre ville).
Mais au cours des dernières années les acteurs ont changés, les besoins ont évolués et la crise est passée par là. Aujourd’hui, France Domaine représentant les interêts supèrieurs dans un souci de bonne gestion cherchent à « valoriser » cette vente. Une brève consultation d’urbanistes en aura révélé toutes les potentialités ; l’on avance des montants de cession de 20 millions d’euros sur le marché privé (permettant la réalisation de logements, de bureaux, d'un centre commercial...).
Cette situation désespère les riverains qui voient poindre dans leurs environnements un risque de densification
urbaine, de désordres, de nuisances…Bref un certain nombre d’inconvénients que l’on souhaite voir chez les autres mais pas à la porte de son commerce ou de son domicile. Pour les rassurer P.
COHEN et son complice JL MOUDENC tour à tour grondent, vitupèrent, gesticulent contre l’Etat tout puissant, ses reprèsentants, les méchants promoteurs et annonce qu’ils favoriseront un
projet à caractère public allant même à souhaiter la modification des règlements urbanistiques pour geler toute évolution marchande du sujet.
Astucieusement le collectif de riverains, avec la complicité des élus et des anciens combattants, recherche le classement du site (ce qui interdirait toute évolution volumétrique et gèlerait définitivement la réalisation d'une opération structurante).
La commune est en droit de défendre ses intérêts et de souhaiter réaliser "du culturel" sur ce site mais cela ne résoudra pas le montant de la cession ; le ministère de la justice est légitime a exiger un montant plus conforme au marché (il y a forcément de la marge de négociation entre les 870 K€ de 2002 et les 20 M€ actuels). Ce prix n'est pas fantaisiste ; il correspond à ce que l’on appelle la « charge foncière » lors de la constitution d’un programme. Nous ne sommes pas à la Défense…mais nous ne sommes également pas sur le Larzac. Tout à un juste prix (rassure toi, cher lecteur, c’est toujour le contribuable qui trinque) .
A ce stade il n’y a donc pas de décission sur le prix de cession (la ville, compte tenu de sa couleur politique, ne peut espérer un cadeau du Ministère). Il n’y aura pas, non plus, de classement irrévocable (n’en déplaise aux riverains, les motifs évoqués seront contestés par la commission le temps nécessaire à dénouer le conflit et trouver une sortie honorable et F. Mitterand, sollicité par Moudenc risque de disparaître rapidemment du cercle des amis de l'UMP ) et, en l’absence d’un projet sérieux et économiquement équilibré, le sujet animera les conversations de comptoir du côté de St Michel autant de temps que nécessaire. Ainsi va Toulouse cité clochemerle où la démagogie sert de ligne directrice.
Ce sujet a son double à Lyon Perrache ; même motif des riverains, même difficultés pour la mairie socialiste face à l'état. Après quelques rounds d’observations les principaux intéressés se sont mis autour d’une table et ont « conciliés ». L’aboutissement est proche ; nous connaîtrons le 15 décembre les équipes, le programme et le montant de cession retenu. Dans tout les cas il s’agira d’un projet respectueux de l’histoire du site. L’intelligence et le pragmatisme l’aura emporté.
Espérons qu’à CASSOULET’City après les effets de manches et les déclarations des uns et des autres la lucidité reprendra sa place. Certes, notre cité à besoin de lieux de mémoire mais aussi plus qu’ailleurs, de logements et d'infrastructure à valeur ajoutée. La Préfecture a trouver une parade lui permettant d’ajourner les demandes de classement et elle ne se privera pas d’en user. Normal ; au jeu inconséquent des équipes politiques il faut un arbitre, soit-il sévère pour le collectivité.
Article du Point du 20/10/2010 ici