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Exclu : Interiview de Piierre-Vincent Ortoli (Président de la FCPE de Corse du Sud).

Publié le 11 novembre 2010 par Assoacp
Exclu : Interiview de Piierre-Vincent Ortoli (Président de la FCPE de Corse du Sud). En ce début du mois de Novembre, notre rédaction a choisi de donner la parole à la FCPE de Corse du Sud et son Président Pierre-Vincent Ortoli. Retrouvez ci-dessous, l'entretien qu'il a accepté de nous donner.
- Mr Ortoli, en tant que Président de la FCPE de Corse du Sud, comment réagissez-vous
aux contestations des Lycéens dans les rues sur la Réforme des Retraites ?

"Si la FCPE n’a pas à se prononcer sur le fond de la réforme des retraites, qui n'entre pas dans son champ d’action. En revanche, elle n’accepte pas que l’action des lycéens et des étudiants soit un prétexte pour le gouvernement à une nouvelle stigmatisation des jeunes et de leurs parents prétendument "irresponsables".

La démocratie s’apprend aussi à l’Ecole. Les établissements scolaires doivent faire respecter les droits d'expression et de réunion des lycéens notamment en permettant la tenue des assemblées générales. La confrontation démocratique des points de vue peut aussi être garantie à l'intérieur des établissements scolaires, en banalisant une demi-journée de cours, afin d’éviter que des «blocages» aux portes des établissements ne dégénèrent en tensions.

Pendant les manifestations de jeunes la FCPE a toujours recommandé aux parents d'élèves des lycées touchés par la mobilisation d'être vigilants et de concourir avec les chefs d'établissements à la mise en place de procédures permettant le dialogue et l'expression des lycéens.

A ce jour les établissements de la Corse du sud n’ont pas véritablement été touchés. Les chefs d’établissements contactés ont considéré que l’intervention de notre association n’était pas nécessaire. En ma qualité de Président de la FCPE de la Corse du Sud j’ai personnellement informé Monsieur le Préfet que je me tenais à sa disposition si la situation le nécessitait".

- Revenons à votre mission au quotidien. En quoi consiste t-elle ?
"La FCPE revendique un service public d’éducation et de formation gratuit et laïque ouvert à tous les jeunes et qui les conduise à une autonomie, à la réussite scolaire et à l’insertion professionnelle. Elle exige que la priorité politique pour l’enfance et la jeunesse se concrétise dans les budgets de l’Etat et des collectivités locales au profit du service public d’éducation et des activités périscolaires culturelles, sociales et sportives. Au quotidien, nous militons notamment pour :

- les droits des enfants et des jeunes ;
- le droit à la réussite scolaire et à l’insertion professionnelle pour tous les jeunes ;
- faire disparaître l’échec scolaire ;
- des effectifs réduits par classe ;
- l’égalité devant l’éducation : (gratuité, bourses, allocations de formations …) ;
- le même droit à l’éducation et à la formation sur l’ensemble du territoire ;
- le droit à l’éducation et à la formation tout au long de la vie ;
- une école qui forme des citoyens libres et éclairés pour une société plus juste et plus solidaire ;
- une école qui favorise le plein épanouissement de la personnalité de l’enfant ;
- une école laïque ;
- la coéducation : pour la FCPE coéduquer c’est accepter ensemble le partage des responsabilités entre les parents et l’école et ce dans l’intérêt de l’enfant :
- un fonctionnement démocratique du système éducatif par le renforcement du rôle et des prérogatives des instances de participation et des droits des associations de parents d’élèves reconnues.

Ainsi au quotidien nos actions vont de la propreté des toilettes à la recherche d’une société meilleure en passant par la défense de valeurs humanistes et la revendication de la réussite de tous les enfants".


- Le 1er Octobre dernier, votre syndicat au niveau national a interpellé par courrier le Ministre de l'Education Nationale Mr Luc Chatel sur le remplacement des enseignants, une réponse y a t-elle été apportée ?
"Permettez-moi de vous rappeler que la FCPE n’est pas un syndicat mais une association de parents d’élèves. Les syndicats professionnels ont pour objet l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs qu’individuels des personnes visés par leurs statuts. Comme vous pouvez le constater notre vocation est bien plus large.

La réponse est bien évidemment oui. Aussi, je me permets de vous transmettre ci-dessous les conclusions du courrier que Monsieur le Ministre de l’Education nationale a adressé à notre organisation : « Pour assurer au niveau national une meilleure connaissance et un pilotage plus efficace des besoins de remplacement un seul service, la Direction générale des ressources humaines, assurera désormais l'intégralité du suivi du remplacement et non plus deux comme c'est le cas à l'heure actuelle. Localement, chaque établissement devra désigner un pilote en charge de coordonner les remplacements, tandis qu'au sein de chaque rectorat un service du remplacement devra être identifié. Le remplacement suppose, dès le premier jour, une mobilisation conjuguant les efforts de l'établissement concerné, et l'appui immédiat du service du remplacement du rectorat. De fait la pratique du délai de carence sera abolie.

Deux dispositifs complémentaires devront contribuer à améliorer la réactivité du remplacement. Certaines rigidités administratives devront en premier lieu être dépassées, notamment dans le traitement des zones frontalières, pour permettre aux autorités académiques locales de disposer de solutions nouvelles. En second lieu, les rectorats devront contribuer à la constitution de viviers académiques de remplaçants non titulaires et contractuels associés au service public ».

Dans l’Académie de Corse, si le responsable du service du remplacement a été désigné force est de constater que l’abolition du délai de carence de 15 jours et le remplacement dès le premier jour annoncé par Monsieur le Ministre ne sont absolument pas respectés".



- Un engagement que vous défendez au quotidien, c'est la langue Corse dans les cours. Avez-vous obtenu des avancées sur ce sujet ?
" A la FCPE de la Corse nous considérons que la langue et la culture corses, patrimoine de l’Ile, appartiennent au patrimoine de la Nation de la même façon que les autres langues et cultures régionales. Aussi, nous défendons l’ensemble des langues régionales et nous voulons œuvrer pour leur épanouissement. La France ne peut s’amputer d’une partie de son histoire. Pour nous, seul prévaut l’esprit de tolérance et d'acceptation des cultures minoritaires. Nous sommes convaincus que le besoin de racines et la revendication d'une identité régionale, sont un corollaire de la globalisation. Nous sommes intimement persuadés que la survie et l'usage des langues régionales ne menacent pas l'unité de la France; nous sommes étrangers à toute idée d'indépendance. En revanche nous sommes tout autant convaincus que le refus de cette expression n'aboutira à terme qu'à exacerber un sentiment d'injustice déjà naissant dans bien des régions à forte identité. Notre démarche est originale puisque dans un contexte régional exacerbé par les passions et les considérations politiciennes nous voulons poser le débat dans un cadre plus général qui est celui de l’enseignement de toutes les langues et cultures régionales et ce parce que nous considérons que le bilinguisme favorise l'éveil aux autres langues et que l’introduction officielle de l’approche plurielle des langues et des cultures dans les programmes scolaires présente un intérêt social en termes d’éducation à la citoyenneté, de prise en compte et d’acceptation des différences et de prévention des violences interculturelles. Mais nous souhaitons préserver l’intérêt de tous les enfants. C’est pour cette raison que nous souhaitons que dans le cadre de la généralisation du bilinguisme en Corse, l'Education nationale mette en place un dispositif pour assurer la mise en œuvre des programmes nationaux à tous les enfants n'ayant pas choisi la filière bilingue. Tous les enfants, quel que soit leur lieu de résidence, doivent avoir le choix, entre un enseignement bilingue et une filière traditionnelle. Nous sommes pour l’excellence plutôt que la massification de cette enseignement ou seul l’effet d’annonce est privilégié avec comme seul but d’apaisement des revendications. Pour nous, il est fondamental de rechercher l’excellence de l’enseignement bilingue en maternelle avant d’envisager sa généralisation sur l’ensemble du premier degré. Nous prônons la nécessité de la continuité des cursus bilingues de la maternelle au lycée pour tous les élèves qui le souhaitent tout en conservant en parallèle une filière classique intégrant l’enseignement extensif. Tous les enseignants doivent être issus du corps de l’Education nationale y compris pour enseigner la langue corse. Nous réclamons enfin une légitimité universitaire plus large pour l'enseignement de la langue Corse par son inscription dans le corps des langues Romanes.

Alors dire que nous avons obtenu des avancées significatives serait pour le moins présomptueux puisque la politique de la Collectivité Territoriale de Corse et celle du Rectorat privilégie toujours les effets d’annonces au détriment d’une réflexion de fond et de la recherche de l’excellence. Mais nos idées avancent dans l’opinion y compris dans les rangs de ceux qui se veulent les champions de la langue corse puisqu’ils se joignent à présent à nous pour dénoncer « la politique du chiffre » et revendiquer la qualité de l’enseignement".


- Voilà quelques mois, le Député-Maire UMP de Biguglia Sauveur Gandolfi-Scheit, obtenait que soit racontée "l'histoire de la Corse" dans les manuels scolaires dès 2013, quelle est votre réaction à cette initiative ?
"Nous saluons l’initiative de Monsieur le député Gandolfi-Scheit et nous nous réjouissons qu’enfin tous nos compatriotes puissent apprendre que la Corse a été le premier département Français métropolitain libéré. Cela n’est que justice pour la résistance corse et pour notre Ile qui a eu un comportement exemplaire pendant l’occupation. Apprendre l’histoire de la Corse permettra peut être à nos compatriotes continentaux de mieux comprendre qui nous sommes et pourquoi nous sommes si attachés à notre terre".


- Le Ministre Luc Chatel souhaite une nouvelle mesure dans les établissements scolaires. Cours le matin, et sport l'après-midi. Quelle est votre réaction ? Êtes-vous pour cette mesure dans l'île ?
"« Cours le matin, sport l’après-midi » est pour l’instant en expérimentation dans un nombre limité d’établissements du second degré. Cela signifie que Monsieur le Ministre attend le retour d’expérience pour prendre une décision définitive. L’aménagement que le Ministre propose repose sur une répartition des cours dit « fondamentaux » le matin et les activités sportives et culturelles l’après-midi. Il faut se rappeler qu’une proposition identique avait déjà été faite en 1997 par Guy Drut, alors Ministre de la Jeunesse et des Sports. Plusieurs établissements scolaires avaient été retenus; mais l’évaluation de cette expérimentation n’a jamais été communiquée et sa généralisation abandonnée. Alors pourquoi ressortir une ancienne proposition ?

A la FCPE de la Corse du sud comme à la FCPE nationale, nous ne nous opposons pas à cette expérimentation; par contre nous nous interrogeons sur les raisons qui conduisent la France à expérimenter un dispositif qui a été jugé négatif par nos voisins allemands d’autant plus que ces derniers ont décidé de se rapprocher du dispositif français. Dans notre Région, nous nous demandons si cette expérimentation est généralisable au regard de la faiblesse quantitative et qualitative des équipements sportifs. L’emploi du temps des élèves ne sera-t-il pas trop chargé ? Ne va-t-on pas remplacer les enseignants d’EPS par des animateurs sportifs ? Nos questions n’ont pour l’heure pas trouvé réponses. Il convient d’attendre la fin de l’expérimentation pour se prononcer".


- Enfin dernière question. Combien d'adhérents compte la FCPE de Corse du Sud ?
"150 familles ont adhéré à la FCPE de la Corse du sud ce qui représente environ 300 adhérents".

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