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«Tes enfants croient-ils encore au père Noël?»
Cette question, je me la fais poser souvent. Quoi à 7 ans et demi, on ne peut plus croire au père Noël tranquille, c'est quoi? Il y a un âge maximum où on doit «catcher» que ce ne sont que des histoires?
Ça m'exaspère. Car il existe toujours, pas très loin de nous, une clique de «Je ne veux pas que mes enfants croient à ces trucs-là (lire ici: père Noël, fée des dents, etc.).». Derrière ces répliques, on sent que pas très loin, il y a l'excuse «Ce n'est que des trucs qui incitent à la dépense...». Ça m'énerve.
En France, une pub a soulevé le tollé de bien des parents car on révélait la non-existence du père Noël. J'ai été soulagée de voir que bien des parents croient qu'il est bon de croire au vieux barbu blanc. Et que même bien des adultes - moi, la première! - ça me fait du bien de penser que des choses impossibles puissent arriver grâce à une certaine magie de Noël.
Dans nos sociétés, on «croit» de moins en moins. On demande des preuves, des chiffres, des faits, on cherche des explications, on carbure à la logique et au raisonnement. La spiritualité: exit! L'imagination: quand on a le temps! La fantaisie: que du divertissement!
Quand on me demande si mes enfants croient encore au père Noël, vraiment ça me fait plaisir de dire que «oui» et j'enchaîne même en disant que moi aussi j'y crois! Vrai! J'aime cela croire à son existence. Non pas que je désire qu'il m'apporte des bébelles, mais j'aime croire qu'à Noël, tout est parfois possible. Que des choses peuvent changer, que le vent peut tourner, que c'est le temps de pardonner, que c'est le moment de lancer dans le ciel nos mille souhaits personnels et de ne plus tout porter sur nos épaules, qu'on laisse le destin en faire ce qu'il veut. Savoir se tourner vers quelqu'un d'autre, lui confier ses élans, ses désirs et ses souhaits - même si c'est un homme tout de rouge vêtu, à la grande barbe blanche et qui sent un peu le Coca-Cola - eh bien, ça nous allège. C'est un exercice d'humilité aussi un peu. On accepte de ne pas pouvoir tout réaliser seul. Bref, le père Noël m'apprend ainsi à lâcher prise un peu. On n’a pas une emprise sur tout et j'ai trop tendance à l'oublier. Vraiment, croire que le père Noël existe est une belle thérapie. C'est croire qu'après un bout difficile, tout va mieux aller. C'est croire que même si on n'a pas été sage tous les jours de toute l'année, il ne nous oubliera pas quand même. C'est croire qu'on peut être récompenser un peu parce qu'on a bien agi durant l'année. C'est espérer une loi du retour. C'est espérer, point.
Alors OUI, on croit au père Noël. Et ce soir, on a même décidé qu'on écrivait nos lettres. Oui, oui, nos lettres. Car comme l'an passé, j'écrirais un petit mot au père Noël. Tant pis pour les Grincheux qui trouvent cela ridicules, moi, ça me fait du bien!