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Le romantisme: aussi has-been que Kevin Federline?

Publié le 11 novembre 2010 par Theguywhisperer

C’était l’hiver passé. J’avais passé un commentaire anodin, tellement anodin, que je l’ai déjà oublié. Janette Bertrand m’avait répondu: «T’es une grande romantique, Kadidja. Une grande romantique».

Sur le coup, je m’étais dit: «Mon dieu. Janette peut pas avoir tort, mais cette fois, je crois que oui». Je m’étais abstenu de lui répondre: «Écoute, Janette, il y a des jours où je me demande sérieusement si l’amour a été inventé par les multinationales américaines pour vendre plus de bébelles et ce, avant qu’elles se rendent compte qu’elles se cassaient la tête pour rien parce que dans le fond, le sexe, ça vend encore plus de bébelles».

Mais tantôt, j’ai repensé à ça. Est-ce que Janette avait vraiment tort? À l’ère des Jersey Shore et Occupation Double de ce monde, est-ce que c’est encore possible d’être romantique? Est-ce que le romantisme existe encore, ou est-ce qu’on est tellement confus par rapport à toutes les images et les stéréotypes weirds qu’on voit chaque jour qu’on a tué le romantisme au 21e siècle? Est-ce que nos parents et leurs parents se sont posés la même question? Pis d’abord, c’est quoi, exactement, le romantisme? On a tendance à penser que c’est un gars sur un bateau qui nous offre des billets de spectacle dans une huître (ben oui, je parle encore de lui), mais est-ce que c’est vraiment ça?

En peinture, le romantisme, en tant que mouvement artistique, a connu son apogée au 19e siècle. À l’époque, les oeuvres romantiques allaient à l’encontre du néoclassicisme du siècle précédent; le néoclassicisme étant profondément axé sur la recherche de la perfection des lignes, d’une maîtrise exacte de la technique et sur la volonté de se rapprocher le plus possible d’un idéal rationnel de la peinture. Les peintures romantiques, quant à elles, sacrifiaient cette recherche de perfection au profit de la passion; en proposant des oeuvres dont les couleurs étaient chargées d’émotions, en misant sur l’irrationnel et en valorisant l’importance de l’imaginaire. Avoir eu à choisir un camp, à l’époque, j’aurais sans aucun doute été du côté des irrationnels un peu fous.

Le romantisme: aussi has-been que Kevin Federline?

Néoclassicisme. (Jacques-Louis David, Le sacre de Napoléon)

Le romantisme: aussi has-been que Kevin Federline?

Romantisme. (Caspar Friedrich, Le voyageur au-dessus de la mer de brume)

Le romantisme: aussi has-been que Kevin Federline?

Moi.

J’ai eu une prof de littérature, au cégep, qui nous avait dit, après qu’on ait lu Tristan et Iseult, que ce qu’il fallait tirer de l’oeuvre, c’était que pour que la passion survive, il fallait inévitablement qu’il y ait des obstacles à l’amour. À partir du moment où il n’y a plus d’obstacles, selon elle, la passion meurt immédiatement. Peut-être qu’on est rendus désabusés justement parce que dans notre monde où tout est éphémère, on est habitués que tout soit facile et aille très vite, et non pas parce qu’on n’est pas romantiques.

J’entends beaucoup de filles dire qu’elles sont désabusées parce qu’elles ont eu le cerveau lavés par Walt Disney quand elles étaient petites et qu’elles réalisent, aujourd’hui, que ça sert à rien de guetter par la fenêtre depuis 20 ans. Le Prince Charmant cognera pas à leur porte, pis un crapaud, ça sert à rien d’essayer de le transformer, ça restera toujours un crapaud. Même si Cendrillon avait existé, aujourd’hui, elle serait probablement divorcée du prince, elle lui aurait soutiré la moitié de ses avoirs et elle aurait sûrement réussi à gâter d’une énorme pension pour «les nombreux enfants» qu’elle aurait eu à l’époque où ils pensaient «vivre heureux jusqu’à la fin des temps».

Quand j’étais petite, un de mes films préférés de Disney, c’était La Belle au Bois Dormant. Je vous le dis tout de suite, aujourd’hui, je réalise à quel point c’était un des contes de fées les plus ridicules. Pour faire une histoire courte: il était une fois Aurore, qui s’est fait jeter un sort par une méchante sorcière. Avant ses 16 ans, elle va se piquer sur un rouet et tomber dans un profond sommeil de 100 ans; un sommeil dont elle ne pourra se réveiller que si un prince lui donne un doux baiser.

Bref, c’est l’histoire d’une fille qui perd 100 ans de sa vie à dormir en attendant qu’un prince vienne la sauver. C’est ben moi ça. Je trippais là-dessus. *soupir*

Le romantisme: aussi has-been que Kevin Federline?

You go, girl!

Mais tsé, Disney, c’est pas ça, le romantisme. Au fond, je pense qu’on est tous des romantiques. On veut tous vivre des passions et même si des fois, on s’arrête pour se dire que la façon dont on se comporte est complètement irrationnelle, souvent, on n’est juste pas capables de s’empêcher. C’est difficile de ne pas valoriser les émotions au profit de la rationalité, c’est un peu le combat éternel de l’être humain.  Pis dans le fond, c’est mon combat aussi. Tsé, j’entretiens un blogue où j’essaie souvent de rationaliser des choses qui sont exclusivement dictées par les émotions. C’est ça, dans le fond, qu’on cherche tous. Essayer de se sécuriser en rationalisant nos actes émotifs. On est comme les peintres du néoclassicisme. L’affaire, c’est que le néoclassicisme a mené, 100 ans plus tard, au romantisme, alors tant qu’à dormir 100 ans pour en arriver là éventuellement, aussi bien l’assumer tout de suite.

Je suis The Guy Whisperer, et je suis une grande romantique.


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