Très bel article de Julie DUCOURAU de l'AFP, à propos de Kelly Slater, le roi du surf au 10 titres mondiaux.
L'Américain Kelly Slater, qui vient de décrocher à 38 ans un dixième titre mondial historique, est le maître absolu du surf de compétition depuis près de deux décennies, un génie capable d'électriser les foules au point d'incarner à lui seul une discipline qu'il a révolutionnée.
Sacré durant l'avant dernière étape du championnat au "Rip Curl Pro Search" à Porto Rico qu'il a remportée, "King Kelly" a humblement savouré ce record assombri par le décès, mardi, à 32 ans, du triple champion du monde hawaïen, Andy Irons, son seul vrai rival des années 2000, victime de la dengue, une maladie infectieuse transmise par les moustiques.
"Je dédie (ce 10e titre) à Andy et à ma famille", a-t-il déclaré en larmes.
Sans Andy, "je ne sais pas si j'aurais été à cette place aujourd'hui".
Malgré ce douloureux final, 2010 aura été une année très intense pour Slater : vainqueur également à Bell's Beach (Australie), Trestles (Californie) et Peniche (Portugal), 2e à Hossegor (France) et Santa Catarina (Brésil) et 3e à Teahupoo (Tahiti).
Nul doute qu'il essaiera d'accrocher une nouvelle victoire à son impressionnant palmarès (45 titres) à Pipeline, Hawaï, en décembre.
Une vague qu'il chérit, lui le surfeur né sur les petits houles de Cocoa Beach (Floride) le 11 février 1972.
Surfeur de tous les records, "l'extra-terrestre" aux yeux vert d'eau étincelants, est devenu, à tout juste 20 ans, le plus jeune champion du monde de surf de l'histoire en 1992, lors de sa première année complète sur le circuit face aux stars de l'époque Tom Curren, Tom Carroll ou Sunny Garcia.
Raillé dans le microcosme pour sa prestation dans la série Alerte à Malibu et son idylle avec la plantureuse Pamela Anderson, il enchaîne pourtant les titres sans interruption de 1994 à 1998, avant une pause de quatre ans, lassé de la compétition dans un univers où le "free surf", hors des règles étriquées du championnat, est roi.
Il réussit alors à faire taire ses derniers détracteurs en gagnant en 2002 le "Eddie Aikau", l'évènement de Waimea Bay (Hawaï) qui se joue sur des vagues d'au moins 12 mètres.
En 2003, alors que le milieu se remet mal de son départ, il fait son "come-back", toujours assailli par les fans et les médias qu'il essaie de fuir.
A deux doigts d'un 7e titre, il échoue, battu par un Irons au sommet de sa forme qui lui souffle la victoire à Pipeline et le surclasse encore en 2004.
Slater devra attendre 2005 pour un nouveau sacre, avant de récidiver en 2006 et 2008 où il devient le plus vieux champion du monde, face à des jeunes de presque la moitié de son âge.
Cette longévité exceptionnelle s'explique notamment par une lecture de vague impeccable et une facilité déconcertante.
Sa vitesse, son sens de l'équilibre et sa souplesse incroyables lui permettent de rester debout sur sa planche dans des situations inconfortables quand la plupart des autres tombent.
"Le maître" a aussi réussi à allier classicisme et radicalité, par une approche fluide et totalement en harmonie avec la vague mêlant des figures extrêmes parfois empruntées au skateboard.
Si Slater, également golfeur émérite (handicap 3), décide d'arrêter le Tour, ce sera de l'avis unanime, un coup dur pour le surf, car quand le "Kelly show" est fini, la plupart des gens déserte la plage.
En attendant, celui qui a empoché plus de 2,3 millions de dollars dans sa carrière (hors sponsors et publicité), réfléchit à des piscines à vagues de qualité pour éviter aux surfeurs les voyages coûteux en temps et en carbone à l'autre bout du monde.
Mais il a également confié à Surfing Magazine avoir envie de parcourir l'Amérique du Sud pour "trouver des vagues que personne n'a surfées avant".
Julie DUCOURAU de l'AFP
Kelly slater en image ...
Allez, au plaisir de vous lire...