Michel Houellbecq, ou comment essayer de comprendre le monde actuel

Profitons de l’attribution du Goncourt pour parler un peu littérature et finaliser ce billet (en attente depuis plus de 2 ans) sur Michel Houellbecq.

J’ai découvert cet auteur (trop) tardivement mais comme les jurys du Goncourt, mieux vaut reconnaitre ses erreurs et s’incliner devant celui que je considère depuis comme le seul écrivain français important apparu depuis .. disons le début des années 90.

Dans son œuvre j’ai surtout apprécié la trilogie « Extension du domaine de la Lutte », « Les Particules élémentaires » et « Plateforme », qui d’ailleurs à mon sens n’est quasiment qu’une variation autour d’un thème unique, presque un même roman réécrit 3 fois. J’avais moins apprécié « La possibilité d’une Ile », mais je sais que d’aucuns le tiennent une œuvre majeure également. Quand au tout dernier, destinataire du Goncourt, je ne l’ai pas encore lu.

Alors pourquoi Houellbecq. D’une part c’est un écrivain c’est certain. Un écrivain qui aime et connait la littérature, qui sait raconter. Mais sa véritable force et ce qui le distingue est sa capacité à proposer des outils de compréhension du monde, avec une dimension presque politique. On peut ne pas accepter la vision qu’il propose mais quel autre auteur français « récent » fournit ainsi un certain nombre de clefs d’interprétation de notre monde moderne. Je le comparais récemment à Bret Easton Ellis, dans cet éclairage qu’il propose de notre monde et en particulier de sa relation si complexe à l’argent et à la gloire.

« American Psycho est à mon sens assez peu éloigné du Houellbecq « Des particules élémentaires » (et des 2 autres titres de la meme époque qui sont absolument semblables), avec cette fameuse théorie des « cercles concentriques » ou l’accumulation d’une fortune absolument vaine conduit peu à peu vers la recherche de « sensations » toujours plus fortes, jusqu’à la cruauté absolue dans les 2 cas » (je me cite moi même).

Les « visions du monde » qu’il propose se portent très au delà des catégories « simplistes » qui structurent encore notre approche politique et permettent d’entrevoir certains des ressorts profonds, à l’opposé du simplisme d’un monde en noir et blanc, qui nous conduisent dans le monde moderne.

En tout état de cause, lire au moins un des 3 romans, voir les trois, de la trilogie « Extension du domaine de la Lutte », « Les Particules élémentaires » et « Plateforme » me semble un bon moyen de chercher à décrypter la modernité.

David Dornbusch