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Ecologistes : le temps de la maturité

Publié le 13 novembre 2010 par Hmoreigne

 La date devrait figurer en bonne place dans les annales de l’écologie politique. Ce week-end, les tribus gauloises de l’écologie réunies en assises nationales à Lyon ont choisi de fusionner. Ce mariage de raison plus que d’amour doit beaucoup à Daniel Cohn-Bendit. Le « schtroumpf grognon » comme le désigne Cécile Duflot a donné avec Europe Ecologie le goût de la victoire et de l’ambition à la mouvance écologiste. Le plus dur reste toutefois à faire : bâtir une plateforme programmatique solide.

L’ambition c’est de faire aussi bien les cousins allemands, de passer de force supplétive à un mouvement politique faisant jeu égal avec les sociaux démocrates. La difficulté n’est pas tant de faire un bon score sur une élection mais réitérer, de s’ancrer dans le paysage politique à un niveau qui fait de vous un acteur incontournable. La référence demeure à cet égard les européennes de 2009 avec un niveau jamais atteint de 16,28 % soit à peu près l’étiage d’un parti socialiste en très petite forme.

Le succès des écologistes résidait alors sans doute dans le vent de fraîcheur qu’ils avaient su apporter. Leur atout : vouloir faire de la politique autrement, en y associant les citoyens et en restaurant une certaine morale publique. Leur grande faiblesse : un projet politique flou qui certes, pose un diagnostic juste, celui d’un monde fini dans lequel la course à la croissance est un paradigme suranné, mais qui est dans l’incapacité d’esquisser un nouveau modèle de société.

Cette carence ressort nettement des propos tenus par Eva Joly dans les médias. Derrière l’accent étranger délicieux, apparaît ce qui peut être considéré comme une certaine de naïveté. « À la différence des socialistes, nous ne sommes pas productivistes » a déclaré samedi l’ancienne magistrate au micro d’Europe 1.

Dans un entretien publié mardi par Libération la candidate déclarée aux primaires écologistes a dévoilé les orientations économiques et sociales d’Europe Ecologie dans un registre baptisé « écologie de la sobriété joyeuse ». Si la fiscalité tient le haut du pavé, les mesures purement environnementale beaucoup moins. C’est d’ailleurs ce que pointe l’autre candidat déclaré aux primaires, Yves Cochet.

Mais, c’est assurément sur les questions internationales que le bât blesse. « On peut exiger la liberté syndicale en Chine pour les échanges avec ce pays dans un accord-cadre de l’union européenne » propose la franco norvégienne. Cette vision peut apparaître comme éloignée de la réalité et être utilisée en boomerang par les adversaires politiques.

C’est ce qu’avait déjà allègrement fait Nicolas Sarkozy en 2009 lorsqu’il avait accusé les verts d’être des partisans de la décroissance, incapables de mesurer les conséquences de leurs propos . « Quand j’entends nos écologistes parfois dire qu’ils vont faire campagne sur le thème de la décroissance, est-ce qu’ils savent qu’il y a du chômage? Est-ce qu’ils savent qu’il y a de la misère dans le monde? Est-ce qu’ils savent qu’il y a près d’un milliard de gens qui ne mangent pas à leur faim et que la décroissance ça veut dire plus de misère pour tous ces gens-là ? », avait déclaré le Chef de l’Etat.

Caricatural sans doute mais politiquement terriblement efficace. Outre le fait de faire passer les écologistes pour des zozos, la saillie visait à entretenir la querelle chez les écologistes entre ceux qui sont favorables à la décroissance et ceux, qui y sont hostiles.

Car les points de discorde ne manquent pas, de la stratégie d’alliance, notamment avec le PS au choix du candidat pour 2012. Dans ce sens, Corinne Lepage, présidente de CAP 21, absente à Lyon, dénonce « une ‘gauchisation’ du discours qui vient à la gauche du parti socialiste ». Conscients de ce risque les organisateurs ont fait appel à Nicolas Hulot, l’Homme du grenelle, pour venir donner, en grand frère, la bénédiction au mouvement naissant.

Dans l’mmédiat, les leaders écologistes renvoient les choses qui fâchent à plus tard préférant ne retenir que la dynamique de l’union. « Les Verts, c’est un mouvement qui existe depuis presque trente ans et ce n’est pas une chose facile que de se marier à un âge aussi avancé » a glissé Eva Joly.

Reste le cas Cohn-Bendit. Le grand architecte vexé de voir lui échapper sa créature semble prendre des distances. Cette semaine dans les colonnes du Parisien jouant les rabat-joie, il mettait en garde ses camarades : « le sectarisme des Verts n’a pas disparu ».

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