Magazine Côté Femmes

Cachez-moi ces jambes que je ne saurais voir !

Par Lilicastille

  mini1

Top classe la dernière tendance fashion, les filles :  le Tartuffe style !

Il va falloir changer radicalement sa garde-robe : le nouveau dictat de la hype est au rallongement autoritaire du vêtement. Pourquoi ? Bah, c’est bien connu : parce que nous, les femmes, sommes des êtres diaboliques, mères de tous les maux de l’humanité (lire virilité), des suppôts de Satan au bas-ventre insatiable et vicié.

Le nouvel impératif catégorique de la Critique de la Mode Pure est clair : il faut brûler l’objet maléfique imaginé par l’impie Courrèges et porté depuis par des millions de pécheresses dévergondées : la mini-jupe. Pas tout à fait comme on a brûlé nos soutiens-gorges, un peu comme si nous jetions au feu nos diplômes, permis de conduire et carte d’électrice : un autodafé identitaire et culturel.

Pour une fois, les pays des fous de dieu ont été précurseurs en matière de tendances fashion - une fois n’est pas costume - et la mini-jupe y est depuis longtemps complètement has been ! C’est vrai que les ayatollah de la mode ont un sens du style particulièrement pointu interdisant aussi le port des pantalons et des bottes, sous peine de recevoir des centaines de coups de fouets (dans le but d’améliorer la circulation sanguine de leurs tops models). En véritables puristes de l’esthétique, ils interdisent également parfois le port de la peau, lorsqu’elle est jugée trop laide,  qu’ils déchirent à  grands jets d’acide, et vraisemblablement ils interdiraient jusqu’à l’existence même de la femme s’ils trouvaient le moyen de reproduire, sans elle, des générations de chair à haine.

Mais, mis à part ces enclaves de folie collective, dans les pays où la femme est encore considérée comme un être humain, son corps redevient suspect aux yeux des instances les plus laïques. Alerte. La mini-jupe, le nouveau balai des sorcières, est jugée indécente et l’on cherche à l’interdire. Voici qu’une fois de plus Eve est accusée de faire des ronds de jambe et que le ver est dans la pomme.

Ainsi, au Brésil, l’étudiante Geisy Arruda a été expulsée de l'université de Bandeirante pour avoir porté l’infâme mini-jupe. Elle a heureusement fini par obtenir gain de cause et le tribunal de Sao Paolo a condamné la déboutée université. En Italie, près de Naples, Luigi Bobbio, le maire pro-berlusconien de Castellammare di Stabia, met depuis peu tout en œuvre pour interdire le port de la mini-jupe dans les rues de sa localité balnéaire.

Comme d’habitude, la France est à la traîne en matière de tendances, mais elle rattrape à grands pas son retard et ne se laisse pas distancier par les pourfendeurs du petit tissus. Certains collèges, dont celui d'Etampes (Essonne) ont ainsi interdit le port de la mini-jupe et toute infraction à la règle peut entraîner jusqu’à 3 jours d’exclusion. Impensable. D’autres établissements vont jusqu’à interdire aux enfants des écoles primaires le débardeur en été, la rondeur d’une épaule émaciée d’une fillette de 7 ayant visiblement un pouvoir hautement érotique pour les dirigeants de l’établissement. Rappelez-moi de ne jamais envoyer mes enfants à l’Institut Notre Dame de Saint Germain-en-Laye pour ne pas le citer. 

Alors attention les filles, si vous pensiez que la haine du corps de la femme véhiculée par vingt siècles de christianisme avait enfin disparu sous les voiles pailletés 30 deniers et les cours d’abdo-fessiers, méfiez-vos du retour du bâton du berger !

Pour réagir à ce soupçon qui plane sur l’essence même de la femme, pour célébrer la féminité et dénoncer les violences faites aux femmes, le 25 novembre, sortez la jupette ! Pas la mini forcément, mais le bout tissu symbole non honteux de la femme.

C’est l’appel que lance l’association Ni putes ni soumises, dont je ne fais pas partie, que l’on aime ou pas, mais qui vous donne un rendez-vous important pour soutenir les femmes d’ici et surtout d’ailleurs, les enfermées, battues, insultées, privées de liberté,  d’identité, brûlées à l’acide, lapidées, assassinées, tuées comme un chien. Si certains hommes, par solidarité, voulaient bien également porter la jupe le 25 novembre, ils gagneraient en courage, humour et, en ce qui me concerne, en sex-appeal circonstancié. Et surtout, les filles,  avant ou après le 25 novembre, sortez vos gambettes, car, de nos jours, porter une mini-jupe est un acte politique.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lilicastille 2283 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte