Quatre ans après Act of War et son extension, le dÊveloppeur français Eugen Système revient avec R.U.S.E., bien dÊcidÊ à bousculer les poncifs du jeu de stratÊgie en temps rÊel en introduisant un concept de gameplay original, dÊcuplant les possibilitÊs tactiques pour se baser sur la ruse et le subterfuge.
Cependant il ne faut pas se mÊprendre, R.U.S.E. ne rÊinvente pas le genre et reste des plus classiques dans ses fondements. Il s’agit toujours d’Êriger une base, collecter des ressources (ici en capturant des camps de ravitaillement) et enfin construire des unitÊs pour affronter l’ennemi. Ce n’est pas non plus du cotÊ de son univers, reprenant le cadre historique de la Seconde Guerre Mondiale, maintes et maintes fois exploitÊ, qu’il faudra trouver une quelconque originalitÊ.
Guerre et coup de poker
Ce qui fait la diffÊrence, le vÊritable sel du dernier titre d’Eugen System, ce sont les ruses. Au nombre de dix, elles constituent autant d’ordres et manœuvres permettant de se jouer de l’adversaire. Certaines octroient divers bonus, tel que le Blitz augmentant de 50% la vitesse de ses troupes, ou encore l’espionnage et le silence radio, permettant respectivement de dÊvoiler les unitÊs ennemies et dissimuler les siennes. D’autres visent à altÊrer la perception de l’adversaire en inversant la reprÊsentation des troupes (les unitÊs lÊgères prennent l’apparence des unitÊs lourdes et vice versa) ou en lui dissimulant sa base d’opÊration à l’aide d’un habile camouflage. La possibilitÊ de poser des bâtiments ou lancer des raids factices pour leurrer l’ennemi est aussi de la partie.
L’ĂŠventail d’unitĂŠs, bâtiments et ruses disponibles apparait au travers d’un menu dĂŠroulant sobre et efficace
Une ruse ne peut bien entendu être activÊe que dans un secteur donnÊ, et ce pour une durÊe limitÊe. Il faudra alors apprendre à jongler avec leurs diffÊrents effets, les choisir avec rigueur puisque ne pouvant être activÊes à l’infini (le compteur allouant le nombre de ruses disponibles ne se rechargeant qu’avec le temps), et veiller à ce que les subterfuges mis en place ne soient pas dÊcouverts, par des unitÊs de reconnaissance ennemies par exemple. Même s’il pourrait sembler de prime abord ne relever que du gadget, ce système s’impose bien vite comme indispensable, tout le gameplay classique du STR venant s’articuler autours de lui. Particulièrement jouissif, le principe de la ruse est extrêmement bien pensÊ, pouvant apporter de nombreux rebondissements au sein d’une même partie, pour au final arracher la victoire sur un coup de bluff monumental.
La ruse dĂŠcryptage permet de dĂŠvoiler les manĹ“uvres prĂŠvues par l’ennemi, symbolisĂŠes par des flèches de couleur
Sur les traces de PromĂŠthĂŠe
R.U.S.E. propose une campagne en solitaire s’Êtalant sur 23 missions, au cours desquelles l’on endosse l’uniforme du jeune, talentueux et pÊtri d’ambition officier amÊricain Joe Sherridan. Fortement scÊnarisÊe à grand renfort de sÊquences cinÊmatiques mettant en scène les divers protagonistes de l’intrigue, l’histoire nous lance à la poursuite d’un mystÊrieux agent double du nom de PromÊthÊe, tout en affrontant les troupes du gÊnÊral allemand Von Richter. Un scÊnario qui se rÊvèle au final brouillon et pas passionnant pour un sous, embarquant un casting de personnages peu convaincants avec des voix françaises participant à torpiller la crÊdibilitÊ de l’ensemble (il est prÊfÊrable d’opter pour les voix anglaise, bien plus sympathiques).
Une campagne solo faisant en rÊalitÊ office de didacticiel gÊant, permettant de se familiariser en douceur avec le système de jeu et les fameuses ruses. Exception faite des tous derniers chapitres, les missions sont totalement dÊpourvues de challenge. Il s’agit la plupart du temps de suivre les instructions qui nous sont donnÊes, sans pousser la rÊflexion outre mesure, pour valider les objectifs. NÊanmoins, la campagne se rÊvèle être plutôt plaisante à parcourir, non pas pour son scÊnario inintÊressant, mais grâce à une progression bien pensÊe distillant avec intelligence les ajouts d’ÊlÊments de gameplay, unitÊs et ruses qui renouvellent l’intÊrêt d’une mission à l’autre.
Graphiquement R.U.S.E s’en tire dans l’ensemble avec les honneurs. Le jeu tourne plutôt bien avec une configuration dÊcente, affichant bon nombres de dÊtails en niveau de zoom maximal. La commande de zoom constitue d’ailleurs l’un des gros points forts visuels du titre. Assister à une escarmouche en se plaçant au plus près de l’action pour ensuite dÊzoomer et avoir une vue d’ensemble de l’immense carte dÊroulÊe sur une table stratÊgique, le tout en passant d’une Êchelle à l’autre avec une rapiditÊ et une fluiditÊ dÊconcertantes, fait clairement son effet.
En dĂŠzoomant au maximum l’on se retrouve dans un poste de commandement, penchĂŠ au dessus d’une table de stratège
R.U.S.E. : Quand stratĂŠgie rime avec duperie, 8.0 out of 10 based on 1 ratingPages : 1 2