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Gaspillage alimentaire : les chiffres

Publié le 15 novembre 2010 par Sequovia

Le gaspillage des produits alimentaires reste colossalAlors que les déchets constituent une des priorités du Grenelle de l’Environnement, les Français jettent encore en moyenne 20 kg de nourriture par an. Quand on sait que 3 millions de personnes en France dépendent directement ou indirectement de l’aide alimentaire sans mentionner le milliard de personnes sous-alimentées dans le monde, ces données ont de quoi faire réfléchir.

  • Campagne Nationale de Caractérisation des Ordures Ménagères en France

Les résultats de la campagne MODECOM, réalisée à la demande du Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire dans le cadre du plan national de prévention des déchets ont été dévoilés par l’ADEME. Couplés aux données issues de l’Enquête nationale 2007 sur la collecte des déchets par le service public en France, ces résultats mettent en avant les progrès réalisés depuis 1993, date de la dernière campagne MODECOM, mais aussi les points d’amélioration à prendre en compte pour alléger nos poubelles et améliorer leur gestion.
Ainsi cette enquête révèle notamment que chaque Français jette en moyenne 7 kg de produits encore emballés, non entamés ! Un chiffre qui ne tient pas compte, à titre d’exemple, du pain rassis, des fruits et légumes avariés, des restes cuisinés. Et c’est sans compter les productions agricoles jetées directement sans passer par les étals. Le gaspillage alimentaire représenterait ainsi au minimum une vingtaine de kilos de déchets par an et par personne.

  • La France n’est malheureusement pas l’unique mauvais élève  du gaspillage

Mais le bonnet d’âne du gaspillage alimentaire européen revient probablement au Royaume Uni qui, selon l’étude « Household Food and Drink Waste in the UK » menée par l’association WRAP (Waste and Resources Action Programme) en octobre 2009, jetterait un quart de la nourriture achetée !
Au Royaume-Uni, 8,3 millions de tonnes de nourriture et de boisson sont jetées tous les ans. Les quatre cinquièmes de ces déchets pourraient être évités si de meilleures pratiques étaient appliquées. Sur ces 8,3 millions de tonnes de déchets alimentaires, 2,2 sont dues à un excès de quantité dans la préparation des repas et 2,9 dues à la péremption des aliments

  • Le coût d’un tel gaspillage

L’enquête britannique révèle par ailleurs que le pays dépense 12 milliards de livres sterling (environ 14 milliards d’euros)  en nourriture consommable jetée. Jeter la nourriture qui aurait pu être mangée est responsable de l’émission de 20 millions de tonnes de CO2 chaque année, soit l’équivalent de la quantité de CO2 émise par le quart des voitures britanniques, toujours d’après les données de l’enquête.

  • En conséquent….

Des terres surexploitées inutilement

Du champ à nos assiettes, l’ensemble des pertes est estimé au total à 55% de la production agricole mondiale, selon un rapport conjoint de l’Institut international de l’eau de Stockholm (SIWI), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Institut international de gestion de l’eau (IWMI).
Ce sont donc plus de la moitié des terres agricoles qui sont exploitées inutilement à cause du gaspillage alimentaire. Pour Lionel Vilain, chargé de mission agriculture pour France Nature Environnement, « il ne faut pas oublier que le gaspillage alimentaire représente autant de pollutions des sols inutiles ou de consommation d’eau pour irriguer ces mêmes terres. Il est certain que des économies très importantes pourraient être réalisées, économies qui permettraient probablement d’éviter d’avoir à doper la production agricole à grands coups de pesticides ou de déforestation, sans compter également les bénéfices économiques et sanitaires pour la population ». Il faut également prendre en compte le bénéfice climatique sur les émissions de carbone évitées.

Des gaz à effet de serre en trop

L’impact du gaspillage des produits alimentaires se fait ressentir tout au long du cycle de vie des aliments jetés non consommés. Si les déchets alimentaires ont un impact négatif en fin de vie (collecte et traitement des déchets), il ne faut pas oublier que la production des denrées alimentaires de manière intensive fatiguent les sols et nécessitent beaucoup d’eau, de l’énergie, des engrais qui occasionnent des gaz à effet de serre. Tous ces impacts qui auraient pu être évités avec juste un peu d’attention…
Jeter de la nourriture, c’est surcharger les incinérateurs et les décharges. Selon Pénélope Vincent Sweet « Une moyenne de 20kg de nourriture gaspillée par habitant représente 1 200 000 tonnes de déchets par an qu’on aurait pu éviter en France. Cela représente également une quantité importante de gaz à effet de serre liée à l’élimination de ces déchets inutiles par incinération ou mise en décharge. »

Des dépenses énergétiques superflues

Selon deux chercheurs de l’Université du Texas, aux États-Unis, c’est 25% de la nourriture produite aux États-Unis qui est gaspillée chaque année. À partir de là, ils en arrivent à la conclusion que cela représenterait l’équivalent de 2 150 000 milliards de kilojoules perdus chaque année.
Michael Webber et Amanda Cuellar, du Centre des politiques internationales en énergie et environnement à l’Université du Texas, précisent dans Environmental Science and Technology que les plus gros producteurs de déchets sont les produits laitiers et les légumes, avec respectivement 466 000 milliards et 403 000 milliards de kilojoules chaque année.

  • Un gaspillage proche du cynisme

En France, près de 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et sont réduites à la consommation de survie qu’impliquent les quelques 949 euros mensuels dont dispose une personne seule, pour se nourrir, se loger, se vêtir. 3 millions d’entre elles dépendent, exclusivement ou en partie de l’aide alimentaire pour se nourrir et nourrir leurs proches. Les 79 Banques Alimentaires ont distribué 88400 tonnes de denrées, équivalant à 269 millions d’euros, à 4919 associations et organismes sociaux au cours de l’année 2009.
Si le nombre de personne sous-alimentées dans le monde est en baisse, un milliard de personnes à travers le monde en souffrent encore. En revanche, selon les derniers chiffres de l’OMS, 1,6 milliards d’adultes sont concernés par le surpoids. Et ils devraient être 3,3 milliards en 2030.

  • L’avis Sequovia

Ces données reflètent toute l’incohérence du monde contemporain. Si des millions de personnes meurent de faim chaque année, des millions d’autres meurent de trop manger. Les enjeux économiques qui se retrouvent derrière l’industrie agro-alimentaire sont certainement beaucoup trop importants et complexes pour que l’on puisse penser un jour que la balance sous-nutrition/ surpoids s’équilibre. Néanmoins, si à grande échelle, nous ne pouvons que subir les travers de l’économie capitaliste contemporaine, nous sommes tout de même en mesure d’agir au quotidien afin de diminuer le gaspillage en adoptant des pratiques facile à mettre en oeuvre. Etablir une liste des courses au préalable, acheter les quantités strictement nécessaires, congeler les aliments en excès avant leur date de péremption, éviter de se laisser tenter par des produits en réduction bien parfois inutiles, penser à composter les déchets organiques… Bonnes courses !

Pour adopter une attitude responsable : Fiches solution Gestion des déchets
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