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Gilles Leclerc :  » A l’Elysée, personne n’imaginait le départ de Borloo »

Publié le 16 novembre 2010 par Délis

L’Elysée s’attendait-il au départ de Jean-Louis Borloo, la gauche peut-elle retrouver des couleurs ? Pour Délits d’Opinion, Gilles Leclerc, journaliste politique et Président de la chaine Public Sénat, a accepté de revenir sur les dessous du remaniement.

Délits d’Opinion : lorsque Nicolas Sarkozy décide de garder François Fillon, répond-il d’abord aux attentes de l’opinion ?

Gilles Leclerc : La question de l’opinion n’est qu’un aspect des choses. Le fait de garder François Fillon répond d’abord à une pression des parlementaires, et à un choix du candidat Sarkozy qui préfère tenir ses éventuels concurrents au sein de son équipe plutôt que dehors…Mais le Président n’avait pas imaginé une seule seconde que J-Louis Borloo allait sortir du gouvernement.

Délits d’Opinion : quelles sont les conséquences de la sortie surprise de Jean-Louis Borloo ?

Gilles Leclerc :  » A l’Elysée, personne n’imaginait le départ de Borloo »
Gilles Leclerc : D’abord, il faut savoir que l’Elysée a tout fait pour le retenir. Ils ont tout proposé. Jean-Louis Borloo a tout refusé. Nicolas Sarkozy se retrouve donc aujourd’hui avec un problème Borloo, qui recouvre une liberté de parole à l’extérieur du gouvernement. Le Président n’est plus le seul à droite. Avec Bayrou et Villepin, les choses étaient déjà compliquées. Borloo en liberté ne fait que compliquer les choses pour le Président. Une situation d’autant plus problématique que Sarkozy a une obsession : son résultat du premier tour. A moins de 25%, il compromet très sérieusement ses chances d’être élu au second tour.

Délits d’Opinion : Comment peut fonctionner le trio Sarkozy à l’Elysée, François Fillon à Matignon et Jean-François Copé à l’UMP ?

Gilles Leclerc : Les choses vont s’équilibrer. Fillon va gouverner. Sarkozy va s’occuper de l’international et de sa campagne, et Copé va essayer d’exister en préparant 2012, tout en bétonnant l’UMP pour 2017. En réalité, la pression repose surtout sur Sarkozy. S’il gagne, il leur sera redevable de quelque chose, proposant peut-être à J-F Copé Matignon. Et si Sarkozy perd, Fillon et Copé viseront 2017, avec à la clé une bagarre probable entre les deux hommes.

Délits d’Opinion : Face à un gouvernement que l’on dit en ordre de bataille pour 2017, quelle peut-être la stratégie de la gauche ?

Gilles Leclerc : Malgré les erreurs de Nicolas Sarkozy, malgré le mécontentement, notamment contre la réforme des retraites, la gauche ne parvient pas à capitaliser. Sarkozy est au plus mal, mais parvient quand même à réaliser 49% contre Martine Aubry. On commence par ailleurs à voir des divergences poindre à gauche lorsque des questions de fond sont abordées.

Mais la gauche a bien-sûr de bonnes raisons d’espérer. Ses leaders peuvent aussi penser que le temps travaille pour eux et que Sarkozy perd la main. En tout état de cause, cette séquence compliquée du remaniement doit faire réfléchir Dominique Strauss-Kahn, s’il n’a pas encore pris sa décision.

 Propos recueillis par Matthieu Chaigne


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