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"Le mitage du territoire n'est pas une fatalité". Regard sur la Noble-Contrée

Publié le 16 novembre 2010 par Danielle
L’association Altitude 1400 a monté une exposition itinérante sur la mauvaise gestion du territoire: «Valais mythique, Valais mité». Bertrand Crittin, rédacteur en chef du JdS, a interviewé le vice-président de l’association et architecte, Lucien Barras. «L’exposition montre des exemples proches de chez nous. Le Valais est d’autant plus concerné par le mitage, qu’il cumule les problématiques de la plaine et de la montagne. L’accroissement des villes et des stations induit une consommation exagérée du sol.» Une exposition à voir au centre commercial Manor jusqu'au 20 novembre, à Sierre. Extrait.
Bertrand Crittin, Le jds: Des communes ne vous ont pas attendu pour prendre certaines mesures, à l'exemple du RQC à Crans-Montana?
Lucien Barras, Altitude 1400: C'est remarquable qu'une station comme Crans-Montana montre l'exemple. Cela peut aider certaines communes à franchir le pas. Au départ, le RQC faisait peur. La majorité de la population valaisanne est favorable à la régulation des constructions, pas forcément les décideurs. Il y a là un décalage. L’association Altitude 1400 veut donner du corps à cette réaction citoyenne. La nouveauté: vous avez un rôle à jouer. L'échelle communale est devenue trop pe- tite pour régler les problèmes d'aménagement du territoire. Dans ce sens, les fusions ou les associations de communes, les projets d'agglomération, sont une bonne chose. Avoir un projet de société constitue la base d'un aménagement territorial rationnel. Il y a peu de régions qui ont une vision claire de ce qu'elles veulent devenir.

Mitage et conséquences sur la Noble-Contrée


La carte de 1966 montre une Noble-Contrée composée de villages indépendants. DR
En 2008, l’urbanisation s’est étalée, avec quasiment une seule zone, allant de Sierre à Crans-Montana. DR

L'exposition «Valais mythique, Valais mité» montre, par l'image, des exemples touchant le district de Sierre. Celui concernant la Noble-Contrée est particulièrement frappant. Deux cartes montrent l'étalement des constructions, entre 1966 et 2008. Il y a quarante ans, les villages de Veyras, Miège, Venthône, Mollens et Randogne étaient denses et indépendants. Dans les années 1980, de grandes zones de construction s'ouvrent à l'extérieur des villages. Le centre du village se déplace vers le bord des routes, le centre historique se meurt. Paradoxe: dans certaines localités, les surfaces bâties explosent, mais la population diminue. «Ce phénomène du mitage est visible à l'œil nu. Postez-vous à Vercorin et vous remarquerez quasiment une seule zone des hauts de Sierre à Crans-Montana. Les villages ont explosé, avec une perte de l'identité villageoise et du lien social. On crée des villages banlieues et dortoirs de la ville», souligne Lucien Barras, vice-président d'Altitude 1400.
L'exposition aborde aussi certains cas du val d'Anniviers, comme Grimentz. Huitante pour cent des touristes viennent dans les Alpes pour profiter des paysages intacts. Or, il y a un décalage entre l'image vendue d'authenticité et la réalité que découvre la clientèle sur place. Le vieux village de Grimentz laisse place à des zones de constructions, des chantiers permanents. La station s'est étalée de manière difforme et chaotique, menaçant le paysage. «La clientèle va-t-elle encore venir», s'interroge Lucien Barras.
«Valais mythique, Valais mité», exposition de l’association Altitude 1400. Elle est visible au centre commercial Manor, à Sierre, jusqu'au 20 novembre 2010.

Quelques chiffres

  • Chaque jour en Suisse, on bétonne 5 hectares de terres cultivables, l'équivalent de 7 terrains de foot.
  • En Valais, seul le quart du territoire est dévolu aux activités humaines, dont les constructions. Les trois quarts des espaces sont occupés par les montagnes, cours d'eau, forêts et autres glaciers.
  • Ces cinquante dernières années, la surface dédiée aux constructions à quadruple dans la plaine du Rhône. On a plus construit dans notre canton en quarante ans, que depuis l'installation des premiers hommes, il y a huit mille ans.
  • Les maisons individuelles représentent 40% des logements en Valais, mais mangent 80% de la surface dévolue à l'habitat. Une villa coûte 2 fois plus à la collectivité qu'un immeuble de 4 étages, en termes d'infrastructures.
  • La zone à bâtir actuelle du canton permet d'accueillir encore 100'000 habitants, soit plus de trois fois la progression attendue pour 2030. Le Valaisan dispose de 200 m2 de zone à bâtir en plus qu'un habitant des Grisons.
  • Dans certaines stations, 8 maisons sur 10 sont des résidences secondaires.
  • Les 80% des touristes viennent dans les Alpes pour profiter de paysages intacts...
SOURCE: Le jds, 29 octobre 2010

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