Magazine Politique

Dominique de Villepin et la nouvelle altitude

Publié le 17 novembre 2010 par Exprimeo
L'espace central est de plus en plus encombré. La meilleure façon pour échapper aux contraintes du partage : l'altitude. Prendre de l'altitude est probablement la nouvelle attitude pour Dominique de Villepin en sachant que seule l'opinion ouvrira des espaces que les egos actuellement referment. La vie politique française n'en finit pas de mourir. Plus aucune famille politique n'a une identité claire. Les droites implosent tandis que les gauches s'éloignent et les centres se multiplient dans des conditions qui ne permettent plus d'identifier un "vrai centre". En réalité, la vie politique française ne parvient pas à surmonter deux époques qui, cumulées, font un "héritage" qui est un boulet. Un boulet incompatible avec l'actuelle crise qui demande du patriotisme conquérant et de la vérité. La première époque, c'est la collaboration pendant la seconde guerre mondiale. Le pays qui se voulait l'inventeur de la pensée et des libertés a perdu son rang universel en cette triste circonstance. C'est le tournant collectif. C'est le socle d'une "haine de la France" qui va ensuite s'aggraver avec les conditions de la décolonisation. Le drapeau avait alors perdu de lourdes parts de son honneur historique. La Nation ne s'est toujours pas remise de ce tournant. Elle n'a pas fait son deuil pour repartir sur des bases nouvelles solides. Elle a d'autant moins eu l'occasion de le faire qu'elle a refusé de regarder des réalités en face pour les assumer et les purger une fois pour toutes. La seconde époque, qui n'est pas du tout comparable, c'est le système politique né avec les années Mitterrand. Les mandats de François Mitterrand ont érigé le mensonge permanent par l'ampleur des contradictions au rang de "l'art" comme si un régime parlementaire était d'abord le système des parlementeurs. Tout a été bâti sur du mensonge tant le spectre des possibles était grand donc reposait sur du faux par impossibilité de conciliation. Il était de gauche mais la droite pouvait penser être son véritable port d'attache. Il prônait la compassion pour les plus démunis mais vivait dans une logique personnelle monarchique quasi-revendiquée. Il était supposé respirer l'amitié indéfectible mais plusieurs de ses plus proches font l'objet d'ouvrages sur les conditions "réelles" de leurs morts. Il était le grand défenseur des libertés mais a multiplié les écoutes téléphoniques sans la moindre raison d'Etat. Si la Nation n'a jamais réellement tourné la page de ses heures les plus tristes, la classe politique n'a jamais tourné la page des années Mitterrand. Outre l'absence d'éthique dans le rapport à la vérité brutale, ces années ont été celles du cumul des gaspillages : le gaspillage des collectivités locales allait suivre celui de l'Etat. Revendiquer l'économie, c'était manquer de coeur. Les années Mitterrand c'est l'époque où le verbe est supposé transformer les réalités. Mais l'heure de la revanche des réalités a sonné. Le système est à bout de souffle parce que la fuite en avant financière n'est plus possible. Il est à bout d'esprit parce que l'illusion a tellement frappé toutes les promesses que la vérité semble en terrain hostile en politique. Pour ces deux facteurs, le système politique est en crise depuis 30 ans. Ce qui est triste et démoralisant, c'est que le dernier souffle est toujours pour ... demain. Les vrais tournants des nouveaux siècles n'ont jamais correspondu avec le calendrier comme si la vie réelle refusait de se laisser faire par l'organisation théorique du temps. La véritable inconnue de 2012 sera entre les gérants de ce système qui n'en finit pas de mourir et les candidats qui vont avoir le courage de chercher un livre neuf pour vivre le véritable nouveau siècle. A voir l'état généralisé, il n'est même plus question de courage mais de lucidité. Les candidats qui iront sur ce nouveau terrain sortiront des petites formules, des effets de micros, des querelles de personnes. Deux ou trois présidentiables semblent avoir le tonus nécessaire. Le véritable éventuel tournant de 2012 sera à l'instant où un ou plusieurs de ces candidats changeront l'ordre des défis et donc la donne. C'est peut-être là, à ce défi refusé par conservatisme, que Nicolas Sarkozy a manqué le rendez-vous à terme du remaniement ? C'est peut-être là la chance de Dominique de Villepin. Hier, "son" espace était à partager avec Bayrou. Et demain, il serait à partager en plus avec Borloo et Morin ... C'est peut-être là d'ailleurs le véritable objectif du contenu même du remaniement ? Il va lui falloir rapidement changer la donne. Seul le rapport direct avec l'opinion ouvrira des espaces. Une nouvelle heure de vérité approche. Le temps de l'altitude va s'imposer.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Exprimeo 5182 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines