En voilà une belle question, n'est-ce pas ? Il faut dire que ces derniers temps, et notamment pendant le conflit sur les retraites, le propos a été repris par des milliers de personnes dans les cortèges, mais par certains sous-entendus on sent qu'il y a aussi de nombreuses personnalités de premier à s'interroger sur l'état réel de la démocratie dans notre pays. Il faut dire que la façon autocrate qu'a notre président d'exercer le pouvoir pose pour le moins question. Il m'a donc semblé intéressant d'essayer d'avoir une réponse si possible objective, partant de ce que chacun peut observer au quotidien.
Pour ce faire, je vais simplement partir des principes de base de la démocratie, tels qu'ils sont enseignés au collège en classe de troisième :
- La Séparation des pouvoirs en trois pouvoirs : Techniquement, cette séparation est belle et bien prévue par la constitution. En principe, le pouvoir executif, composé du président de la République et de son gouvernement propose les lois, lesquelles sont votées par des députés et sénateurs élus démocratiquement et en toute indépendance. Et il revient enfin à la justice de les faire appliquer, sans pression aucune de nulle part évidemment. Ca, c'est la théorie, parce que la pratique malheureusement et bien autre.
Peut-on considérer aujourd'hui que le pouvoir législatif est indépendant du pouvoir éxecutif ? Un simple exemple permet d'avoir des doutes. Tout le monde a encore en mémoire les dispositions sécuritaires voulues par le chef d'état cet été, et surtout le tollé qu'elles ont provoquées à gauche bien sur, mais surtout à droite. Pourtant, au moment du vote au Parlement, les plus virulents contre le président ont mangé leur chapeau et sont rentrés dans le rang. la loi a été votée, conformément au souhait du président. On pourrait multiplier les exemples où les députés seplient contre leurs opinions profondes aux désideratas de l'exécutif.
L'indépendance entre les pouvoirs exécutifs et judiciaires est elle aussi sujette à caution. Les exemples où l'exécutif fait pression sont légion, et ce depuis toujours ou presque pourrait-on dire. Cependant, avec Nicolas Sarkozy, le phénomène à tendance à s'accentuer, puisque lui-même a voulu supprimer le juge d'instruction, garant dans de nombreuses affaires de l'indépendance du parquet. Un exemple des pressions de l'éxecutif ? La quasi impossibilité qu'ont les juges de pouvoir accéder à certains documents dans l'affaire Karachi qui pourrait remettre en cause certaines hautes personnalités.
- La règle de la majorité lors des élections : Soyons honnête, ce principe est en France respecté, et les résultats électoraux ne sont pas dans l'ensemble contestés. Toutefois une petite remarque, pour être démocratique, une élection doit permettre à chaque citoyen de se faire sa propre opinion. Or, si le CSA admet que le temps de parole est peu ou prou respecté les semaines qui précèdent les scrutins, c'est loin d'être le cas entre les élections. Mais bon, je chipote, ce point me paraît globalement respecté.
- Le pluralisme politique : En apparence, le pluralisme est respecté en France. Plus d'une dizaine de candidats à l'élection présidentielle, des dizaines de partis présentants des candidats aux élections législatives. Pourtant, dans les faits, le pluralisme est moins vrai. Concrètement, la vie politique s'articule essentiellement autour de deux partis politiques, qui font et défont les majorités. Or, si pendant les campagnes électorales les discours sont opposés et souvent rivaux, à l'exercice du pouvoir, ces rivalités disparaissent, au point que la différence entre droite et gauche n'est plus tellement claire. PS et UMP s'accordent sur l'essentiel de la politique économique qui doit s'aligner sur les critères internationaux, donc suivre le libéralisme. Sur la politique internationale, ou la politique de défense, les deux sont souvent sur la même ligne. Le pluralisme politique n'existe pas réellement dans les faits.
- Le recours contre l'excès de pouvoir : En principe, la constitution donne aux citoyens les moyens de se protéger. Pourtant qui a déjà été victime d'une bavure policière sait qu'il est quasiment impossible d'obtenir réparation. Plus concrètement, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, on ne compte plus les citoyens condamnées parce qu'ils ont insulté ou critiqué le chef d'Etat. N'y a-t-il pas là abus de pouvoir ?
- Le respect des libertés : Je reprend l'exemple ci-dessus qui prouve que la liberté d'expression est un peu mal en point. C'est d'ailleurs cette liberté qui subit le plus d'atteinte dans ce pays, et ce n'est pas obligatoirement le fait du pouvoir. Mais y a-t-il respect de la diversité des opinion quand 95 % des éditorialistes politiques et économiques ont défendu le projet de loi des retraites, projet rejeté par l'immense majorité des Français ? Peut-on parler de liberté d'expression quand en 2005 les tenants du non au référendum n'étaient pas représentés chez ces mêmes éditorialistes ?
Ma conclusion de tout cela, est que la France a toutes les apparences d'une démocratie, du moins selon nos critères contemporains. Mais dans les faits, elle ne l'est plus ou de moins en moins. Pour autant, la faute ne peut en être imputée exlusivement à Nicolas Sarkozy. Les dérives étaient là bien avant lui. Il n'est que l'accélérateur de la dérive autoritaire de notre pays.
Sur le sujet :
Un article sur Le post qui tient une autre argumentation mais arrive lui aussi à la conclusion que la France n'est pas une démocratie.
Pour michelle meyer aussi, après les retraites la démocratie est bien mal en point.
Par contre, Errances est d'un avis contraire, comparaison avec l'Argentine en appui.
Sur le web :
dasola a vu et aimé "potiche". Normalement, je le verrai la semaine prochaine.
Connaissez-vous Camilo Pessanha grand poète Portugais ? Découvrez le chez du bleu dans mes nuages.
Parce qu'il n'y a pas que la politique dans la vie, Les échos de la gauchosphère nous propose un magnifique clip du No smoking Orchestra tourné par Kusturica Himself.