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Sarkozy, plus c’est gros, plus ça passe,

Publié le 18 novembre 2010 par Pscauxcailly

vu sur http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/

 Avec Nicolas Sarkozy, on n’est jamais déçu. Intervenant mardi soir à la télévision, il a confirmé que, décidément, « plus c’est gros, plus ça passe », embrouillant le téléspectateur dans quelques inoubliables parties de bonneteau.

Jusqu’à présent, il justifiait le bouclier fiscal français par l’existence imaginaire d’un bouclier fiscal allemand. Désormais, il s’apprête à supprimer le bouclier français et l’impôt de solidarité sur la fortune, au motif qu’outre-Rhin, n’existent ni l’un ni l’autre.

Il s’agit d’en finir avec l’ISF, à cause duquel, affirme le Président, « il y a beaucoup de capitaux qui partent en Allemagne », provoquant en France délocalisations d’usines, désindustrialisation et chômage…

Cette argumentation est très osée, à double titre. D’abord, il y a beaucoup plus de capitaux allemands arrivant en France que de capitaux français partant vers l’Allemagne : le solde, forcément positif, compense le déficit courant français vis-à-vis de l’Allemagne. C’est arithmétique. Ensuite la fiscalité allemande, si légère soit-elle, ne saurait attirer les capitaux français cherchant à échapper à l’ISF : l’impôt des résidents français est dû en France, où qu’ils placent leur fortune. Et depuis peu, l’échange d’informations fiscales entre L’Allemagne et la France est automatique.

La première à bénéficier de la suppression de l’ISF ne sera-t-elle pas Liliane Bettencourt ? Impossible de résumer la réponse de Nicolas Sarkozy : « L’essentiel de son argent, c’est qu’elle a les actions de l’Oréal et comme elle n’est pas mandataire social, ça revenait à lui faire payer un impôt sur une société qui lui appartient, et si elle ne lui appartient plus, elle part en Suisse ».

Bornons-nous à préciser que Liliane Bettencourt est membre du conseil d’administration de L’Oréal jusqu’en 2011, comme l’indique le dernier rapport annuel de la firme, page 168. 

RECTIFICATIF.-  A ce titre, n’est-elle pas mandataire social de L’Oréal, et partiellement exonérée d’ISF sur son paquet d’actions de L’Oréal? Et dans le cas contraire, ne bénéficie-telle pas des récentes dispositions concernant les sociétés holdings? Des commentateurs de ce blog pourraient peut-être nous éclairer.

Pour réduire les déficits, vaut-il mieux réduire les dépenses publiques ou augmenter les recettes ? Nicolas Sarkozy en est convaincu : « Si nous augmentons les impôts, dit-il, on aura moins d’emplois, moins de croissance, moins de pouvoir d’achat. Il n’y aura pas d’augmentation d’impôts. Il y aura des réductions de dépenses publiques ».

Aussitôt dit, aussitôt nié : « Regardez ce qui se passe en Irlande. Ils baissent les dépenses et ils réduisent le PIB. Si vous réduisez la colonne dépenses, c’est bien. Mais si la colonne recettes se réduit aussi, les déficits augmentent. Donc, c’est pas ce qu’il faut faire. »

Alors, augmenter les impôts ? Certes non. « C’est pas une histoire idéologique, s’écria le Président. De tous les pays européens… Nous avons dépassé la Suède et le Danemark !»

C’est inexact, comme en témoigne le graphique ci-contre. En 2009, selon l’institut de la statistique de l’Union européenne Eurostat, le total des recettes des administrations publiques a atteint 48,4% du PIB en France, contre 53,7% en Suède et 55,7% au Danemark…

C’est que, en dépit de l’exemple irlandais, Nicolas Sarkozy est persuadé que, pour rééquilibrer les comptes publics, mieux vaut réduire les dépenses qu’augmenter les impôts. L’alourdissement de la dette publique et les craintes qu’il suscite ne sont-ils pas une « opportunité à saisir », comme le dit Jean-François Coppé, nouveau président de l’UMP ?

Le FMI, dans ses dernières Perspectives de l’économie mondiale, anéantit pourtant cette idée toute faite. Réduire les déficits publics en augmentant les recettes ou en réduisant les dépenses, cela revient exactement au même : une contraction de l’activité économique et une augmentation du chômage.

Dans le passé, note le FMI, maintes études avaient cru déceler un avantage à la réduction des dépenses. Or cet avantage apparent était dû en fait à la baisse des taux d’intérêt et aux dévaluations monétaires qui accompagnèrent ces politiques. Deux leviers inexistants aujourd’hui : les taux d’intérêt sont tellement bas que les banques centrales ne peuvent les réduire davantage ; quant à rechercher un taux de change avantageux, cela n’a aucun sens puisque tous les pays, confrontés au même problème de dette publique, ne sauraient dévaluer en même temps.

En revanche, le FMI met en garde les gouvernements. Si tous les pays pratiquent en même temps la restriction budgétaire, de quelque manière que ce soit, le coup de frein à l’activité économique sera deux fois plus puissant, aggravant d’autant l’augmentation du chômage.


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