Magazine Focus Emploi

Durée d'étude et expérience professionnelle

Publié le 19 novembre 2010 par Abouchard

Il existe globalement 3 types de filières de formation :

  • Les études «classiques», en université ou en école d'ingénieur, sur des cursus cours (2 ou 3 ans) ou longs (5 ans).
  • Les études en alternance, avec différentes formules sur des rythmes très cadencés (4 jours en entreprise / 1 jour à l'école) ou très séquencés (3 semaines en entreprise / 1 semaine à l'école).
  • L'autoformation (il ne faut pas négliger les autodidactes, il y en a de très brillants).

Oui, je sais, je simplifie beaucoup les choses, mais c'est pour le bien de mon propos.

Intéressons-nous aux deux premiers types d'études. Elles comportent, l'une comme l'autre, des périodes d'enseignement scolaire magistral (cours en amphi, TD), des périodes d'application pratique (projets) et des périodes de découverte du milieu professionnel (stages ou apprentissage). La seule différence, c'est l'équilibre qui est tenu entre ces trois aspects.
Si je continue à schématiser, ça donne quelque chose comme ça :

  • En université, les cours magistraux forment l'essentiel de la formation.
  • En école d'ingénieur, les projets sont souvent prépondérants, ou tout au moins très importants.
  • En alternance, c'est l'expérience acquise en entreprise qui constitue la majeure partie du temps de formation.

Notez bien que je ne porte pas le moindre jugement sur ces différences. J'en parlerai peut-être dans un autre article, mais ce n'est pas le sujet pour le moment. Sachez juste qu'ayant passé 3 ans à la fac, 4 ans en école d'ingénieur, pour avoir embauché des informaticiens de tous profils et pour avoir donné des conférences dans des établissements assez différents, j'ai une vision assez précise de tout ça.

La chose qui ne cesse de m'étonner, c'est la perception que les informaticiens ont de leurs cursus, et comment ils les présentent lors des entretiens d'embauche.

  • Les universitaires vont évidemment mettre en avant leurs connaissances théoriques, mais pas tant que ça. Sûrement estiment-ils que c'est une chose naturelle ou évidente. Par contre, ils tentent souvent de valoriser leurs stages comme s'ils y avaient travaillé sur des technologies de pointe, même lorsqu'ils ont passé 3 mois à faire du développement Java dans une SSII.
  • Les ingénieurs ont trop souvent la grosse tête, à force de se faire répéter à longueur d'année qu'ils font partie d'une élite et que leur formation surpasse toutes les autres. À ce titre, ils parlent beaucoup de leurs réussites personnelles dans l'exécution des projets qu'ils ont eu à réaliser. Ils sont poussés à trouver des stages de fin d'études innovants et n'hésitent pas à en rajouter un peu à ce niveau.
  • Les “apprentis”, pour leur part, n'ont grosso modo que leur expérience professionnelle à faire valoir. Tout du moins, c'est ce qu'ils imaginent, car leurs discours tendent souvent vers une survalorisation de leur temps en apprentissage. Bien souvent, quelqu'un ayant un diplôme BAC+3 dont 2 années en alternance essayera de se vendre comme ayant 3 années d'étude et 2 années d'expérience professionnelle.

Au final, ces exemples ne sont pas si caricaturaux que cela. J'ai rencontré tellement de candidats qui tombaient dans un piège ou un autre...

Quelques réflexions en vrac :

  1. Il est ridicule de vouloir faire croire qu'une formation en alternance est équivalente à une formation classique de durée équivalente ajoutée à une expérience professionnelle à temps plein de la même durée. Parce que les formations classiques contiennent toutes entre 6 et 18 mois de stages en entreprise, et que cela n'est pas compté «en double».
  2. Vouloir à tout prix présenter un stage comme ayant été une expérience particulièrement novatrice n'est pas toujours une bonne idée. Un recruteur cherche des compétences qui lui seront utiles au quotidien. Avoir été «là où aucun autre être humain n'est allé auparavant» (un peu comme dans Star Trek) est satisfaisant pour l'égo, mais n'a jamais révélé des qualités utilisables en dehors d'un laboratoire de recherche.
  3. Quelle que soit la formation suivie, elle n'est que la graine de savoir que chacun de nous doit faire germer de son propre chef. Au final, peu importent les cours suivis, les projets réalisés ou les entreprises auxquelles on a été confronté, seuls comptent les compétences que nous avons, l'intelligence que nous aurons dans leur mise en œuvre, et le potentiel d'évolution que nous pouvons démontrer.

Alors petit conseil pour tous les informaticiens qui défilent dans mon bureau : Arrêtez d'essayer de vous faire passer pour ce que vous n'êtes pas. Je veux savoir qui vous êtes, et je finis toujours par le savoir (que ce soit en discutant, en faisant passer des tests techniques, en vérifiant vos références, ...). Si vous êtes celui qu'il faut pour le poste, je vous embaucherai ; si ce n'est pas le cas, cela ne sert à rien de vouloir vous faire passer pour quelqu'un d'autre, à part nous faire perdre notre temps à tous les deux.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Abouchard 392 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog