Le match fut compliqué pour l'attaque tricolore !
Que dire ? On s’est tout de même pas mal ennuyé hier soir devant notre télévision. Pourtant la première mi-temps était pleine de promesses, mais ensuite plus rien. Quelles sont les forces et faiblesses de ce XV de France ? A un an de la Coupe du Monde et avant un match qui s’annonce capital face à l’Australie traitons d’y voir plus clair :
Au rang des satisfactions on retiendra bien sûr la victoire, elles furent assez peu nombreuses contre l’Argentine ces derniers temps pour qu’on la déprécie. La mêlé et la prestation des avants dans son ensemble furent satisfaisantes, il s’agit-là de l’unique certitude sur laquelle pourra s’appuyer le XV de France dans un avenir proche. La défense est également à classer du côté des points positifs, même si les Argentins n’ont pas vraiment été dangereux. J’attends de voir la tenue de notre défense face aux Wallabies, équipes autrement plus électrique que celle des Pumas. Je retiendrai enfin le jeu au pied qui fut nettement profitable au XV de France et qui permis d’occuper le terrain et aux Bleus de se sortir de situations délicates.
Malheureusement le test-match de la Mosson nous aura laissé sur notre faim avec un sentiment de frustration comme c’est souvent le cas après un France – Argentine. Un manque de fluidité, un manque de repère dans les transmissions, manque de vitesse aux ailes, incapacité à multiplier les temps de jeu. Plus on avance, plus on s’approche de la Coupe du Monde et moins cette équipe à de repaires ! A chaque fois que la balle a été envoyée à l’aile cela s’est terminé par une touche avec un lancer argentin !
Attardons-nous un petit peu sur la prestation des joueurs. Comme je l’ai déjà dit plus haut, il n’y a pas grand-chose à reprocher à nos avants qui furent vaillants tout le match. Les mêlés ont été d’une manière générale dominées par les Bleus et l’arrivée des remplaçants (Ducalcon, Guirado) n’ont pas affecté le rendement en mêlé. En revanche du côté des touches il semblerait que le joueur catalan a eu du mal à trouver ses repaires, mais il est vrai que la gestion des remplacements par les entraineurs n’a pas été glorieuse n’ont plus. J’y reviendrai. Enfin ! Nous avons vu Sébastien Chabal dans le seul registre où il excelle véritablement qui est celui d’un joueur d’impact derrière lequel on peut jouer (à condition qu’il ne perde pas de ballon en route), avoir voulu l’enfermer dans le cinq de devant et le coller aux tâches ingrates ne me semblait pas très pertinent. Malgré tout, je préfèrerai une troisième ligne Dusautoir – Harinordoquy – Ouedraogo que je trouve plus mobile et nous donne plus d’assurance en touche. Pour moi Chabal reste un excellent joueur d’impact que l’on peut faire rentrer dans les 20 dernières minutes.
Damien Traille a été précieux par son jeu au pied mais a éprouvé énormément de mal à lancer sa ligne de trois-quarts. La paire de centre Jauzion-Rougerie ne m’a pas spécialement marqué. Certes l’Auvergnat a joué juste en défense, il vola même un ballon aux Argentins dans un ruck. Mais ce qu’on peut attendre d’une paire de centre au bout d’un moment c’est de franchir. A part un franchissement en fin de première mi-temps complètement improductif que retiendra-t-on de cet essai Jauzion – Rougerie ? Idem, pour notre triangle offensif 11-14-15 incapable de mettre le feu dans la défense argentine. Leurs vis-à-vis argentins, Camacho et Amarosino ont eux aussi manqué de tranchant, mais au moins ont été capable de faire jouer derrière eux et d’assurer la continuité du jeu. Je ne sais pas si d’autres ont pu observé la même chose que moi, mais j’ai eu le sentiment qu’entre un trio 10-12-13, puissant et un peu lent, et un autre trio 11-14-15, rapide mais n’arrivant pas à faire la différence, il manquait quelque chose.
Le résultat de tout ça, c’est que de toute les équipes de la première division mondiale (Tri-nations, 6 Nations + Îles du Pacifique et Argentine) la France est celle qui propose aujourd’hui le jeu le plus triste de toutes. Je ne dis pas le moins efficace parce que ce serait mentir, mais le plus ennuyeux. Ce qui est complètement paradoxale pour une équipe d’entraineurs qui prétendaient que la France allait révolutionner le jeu. C’était flagrant, après chaque ruck, après chaque regroupement, la balle tardait à sortir, impossible de mettre de la vitesse dans ce match ! Plus ça va, plus le jeu du XV de France semble triste !
Alors que faire ?
Je ne détiens pas la vérité et proposer avec un clavier restera toujours plus facile que de gérer un groupe d’hommes. Souvent le manque de tranchant de la ligne de trois quart vient d’un manque de soutient des avants. Hier, le jeu semblait s’organiser autour de trois blocs : un groupe d’avant qui s’obstina au combat et aux tâches obscures, les 10-12-13 qui jouèrent dans un registre, et le trio offensif dans un autre registre. Chacun de ces trois blocs ont joué son propre rugby sans se soucier de celui des autres, sans cohésion entre les blocs. Après les Blocs offensifs qui firent le succès de Bernard Laporte, les blocs improductifs sont une nouvelle invention de notre trio d’entraineurs ! Une première solution consisterait peut être à mettre une troisième ligne plus mobile en substituant Bonnaire et Chabal par Ouedraogo et Harinordoquy (en 8), cette dernière pourrait être d’avantage au soutien des trois-quarts. D’ailleurs il m’a semblé que l’entrée d’Harinordoquy a apporté un peu plus de cohésion dans le jeu. Ensuite, je remettrai une vraie paire de centre avec Bastareaud derrière lequel on peu jouer accompagné de Jauzion ou de Mermoz. Pour les ailiers et l’arrière, je n’ai pas de noms bien précis car à chaque j’ai été un peu déçu de ce côté-là, j’aimerais bien revoir Fall et voir Porical dans un match de très haut niveau. Si aucun nom ne ressort on pourrait toujours utiliser le trio offensif du Stade toulousain qui à défaut d’être sensationnel en équipe de France possède déjà des repaires entre joueurs. C’est pourquoi j’attends avec impatience le retour des Mermoz, Bastareaud et Trinh-Duc.
Enfin, je me demande si la meilleure solution pour apporter du jeu ne reste pas le pragmatisme, les joueurs commencent en général à prendre des initiatives quand ils ont des schémas de jeu simples et suffisamment de repaires pour se sentir en sécurité. Les entraineurs du XV de France veulent s’orienter vers un jeu complexe, mais le temps dont ils disposent ne leur permet pas de faire la synthèse et les joueurs n’ont pas le temps de se l’approprier.