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Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent

Publié le 21 novembre 2010 par Vonric Vonric

*Coup de gueule*Le mensonge, l'omission, le retournement de veste (qui se dit élégamment U-turn en anglais) est certainement parfaitement et également réparti au sein de l'ensemble de la classe politique. Le dernier exemple nous vient des Libéraux Démocrates (pourtant crédité du parti le plus honnête dans les précédents sondages): alors qu'ils nous ont expliqué que les Tuition Fees (frais universitaires) augmentés par Tony Blair devaient être supprimés, voila qu'une fois au pouvoir leur leader accepte sans broncher leur augmentation de ...5%? 10%... non: 200% !

Bref, les frais universitaires qui pouvaient atteindre £1000/an avant 2007, et qui ont été portés a £3000/an par le gouvernement Blair, seront de £9000/an dans quelques années grâce au soutien des LibDems. Bien joué les gars !

Un petit retour il y a 4 ans. En 2006 j'écrivais:

"Ainsi sur la réforme des top-up/tuition fees qui réformait les droits d'inscription universitaires en Angleterre en les portant à £3000 par an (et oui, vu de France on croit rêver), certains membres de son parti ont refusé de voter sa loi au parlement, car elle contrevenait à la promesse de ne pas toucher aux droits universitaires (écrite noir sur blanc dans le manifeste du parti pour les élections de 2001) : "We will not introduce 'top-up' fees and have legislated to prevent them." En fait selon lui il fallait lire : "We will not introduce 'top-up' fees and have legislated to prevent them [for the duration of the next parliament 2001-05 only]". Le passage en gras n'était pas indiqué, mais comme Tony Blair y avait pensé très fort, c'était tout comme. "

Il doit y avoir une malédiction propre aux Tuition Fees. Un sort qui oblige tous les partis à mentir et retourner leur veste.

Il était une fois (en avril 2010, pendant la campagne pour l'élection des députés britanniques) un royaume (uni) ou un parti (les Libéraux Democrates) avaient promis qu'ils voteraient contre toute augmentation des frais universitaires (Tuition Fees). La preuve en image avec:

Leur chef, Nick Clegg, actuellement Vice-Prime Minister

Nick Clegg tuition fees pledge

Danny Alexander, actuellement Ministre du budget

Danny Alexander tuition fees pledge

Mais après les élections, certains des membres de ce parti se sont retrouvé au gouvernement (dont les deux ci dessus) et devinez ce qu'il advint ? Début novembre 2010 la coalition Tories-Libdems au gouvernement annonce que les frais universitaires pourront être portés à £9000/an à partir de 2012 (l'expérience précédente montre que bien que les £3000 était un plafond, tout le monde s'est aligné sur ce plafond). C'est aussi une façon pour l'Etat de réduire de façon drastique ses subventions aux universités et ainsi participer à la centaine de milliards d'économies que le gouvernement entend réaliser... mais cela est moins connu: c'est une privatisation de l'enseignement supérieur.

Ok, pour être honnête j'ai trouvé des éléments dans le Guardian dans un article de septembre 2009 qui montrait déjà les doutes de Nick Clegg sur la possibilité de supprimer les frais ("la seule question est de savoir quand nous pourrons les supprimer";). Mais il était bien hors de question de les augmenter.

Bon à la fin, l'excuse de Nick Clegg est : "[Oups] j'aurais dû être plus prudent quand j'ai signé la promesse pré-électorale" et "cela ne prenait pas en compte les difficulté financières que nous avons découvert au pouvoir" .

Sauf que le weekend dernier, les journaux anglais ont ainsi révélé que la promesse réitérée de nombreuses fois de supprimer ces frais et de trouver une alternative était en fait secrètement abandonnée deux mois avant l'élection. C'est un document datant de mars 2010, écrit par Danny Alexander (celui-là même qui signe la promesse au dessus) qui disait:

"Sur les frais de scolarité, nous devrions parvenir à un accord sur les étudiants à temps partiel et abandonner le reste. Nous sommes clairement avec une ligne jeune par rapport aux autres partis sur le relèvement du plafond des frais de scolarité, alors ne nous laissons pas entraîner dans plus de problèmes nous-mêmes [en voulant les supprimer]".

Comme quand il n'y a pas qu'en France ou les politiques aiment enchaîner mensonge après mensonge.


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