L’affaire LVMH/Hermès tourne au pugilat médiatique avec une offensive des dirigeants de la Maison du faubourg Saint-Honoré qui n’entendent pas se laisser vampiriser par Bernard Arnault. Même si une enquête a été ouverte par le gendarme de la Bourse, le patron du géant du luxe « ne voit pas en quoi le gérant d’une société cotée en bourse est qualifié pour demander à un actionnaire de vendre ses titres », alors qu’au contraire, « il est censé défendre les intérêts de ses actionnaires », a-t-il souligné, un rien ironique, dans le Journal du Textile du 9 novembre. Ce qui en soit n’est pas faux et ce d’autant que ce même Bernard Arnault a déclaré qu’il entendait être un actionnaire dormant (d’un œil) et que sa prise de participation n’était pas hostile. En attendant peut-être des jours apaisés…
Dans ces échanges par voie de presse, on est surpris par la réaction épidermique de la Maison Hermès, certes, le groupe LVMH, leader incontestable du luxe, n’a pas les mêmes méthodes marketing que le groupe Hermès, mais il a prouvé combien il sait faire fructifier de belles marques. Parler du loup dans la bergerie est excessif, on peut éventuellement évoquer l’entrée d’un bélier chez les brebis… Et après tout, on pourrait presque se réjouir du patriotisme d’Arnault, cette prise de participation aurait pu être réalisée par un assaillant « étranger » moins soucieux d’intégrité de la marque et de la culture du sellier. Et ses dirigeants ne veulent pas se laisser alpaguer, pourquoi laisser du flottant à la merci des marchés ?
Néanmoins, sans augurer de la finalité de cette guerre à fleuret non moucheté, on peut avancer que le capitalisme familial est plus stable, fort d’une gouvernance plus socialement responsable et moins avide de rendements à deux chiffres, moins obsédés par la lutte acharnée pour les parts de marchés. Sauf que des actionnaires familiaux peuvent aussi faire main basse sur le pactole offert par un cheval de Troie qui hennit en sourdine. On peut ajouter que toutes les entreprises cotées en bourse ou aux mains de fonds d’investissement ne sont pas tourmentées par les seuls bas de bilans, ils existent des actionnaires anonymes socialement investis qui ont des visées à long terme. Entre les deux mon cœur balance… : en économie, les certitudes ne sont souvent que des variables, en témoigne la crise dans laquelle nous pataugeons encore.
« Si vous demandez à quatre économistes, vous aurez cinq points de vue différents », a déclaré un jour Winston Churchill. A méditer par les dirigeants d’Hermès…