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Les jeux vidéo : un melting pot culturel ?

Publié le 10 janvier 2008 par Onigiri

Vous l'aurez compris, j'ai toujours du mal avec cette idée que Soul Calibur va intégrer des personnages de Star Wars dans son jeu. Ce matin, je me suis levé avec un sentiment proche de ce qu'on a dans le ventre au lendemain d'une rupture amoureuse un peu compliquée. L'annonce, totalement sournoise et ridicule, m'a d'abord laissé dans une certaine surprise. Après la surprise est venue l'incompréhension : un samourai qui se bat contre Dark Vador, juste l'idée est stupide. L'incompréhension a ensuite laissé place à une certaine colère mêlée de déception, et générée par le fait que ce "cross-over", si on peut l'appeler comme ça, a clairement vocation a générer de la thune sur le dos de tous les fans de Star Wars, qui vont se jeter sans réfléchir sur le titre.
Ça me donne une impression avant tout : le joueur moyen, celui qui achète bien sagement ses jeux depuis 20 ans, n'est plus un marché suffisant. On s'en est bien rendus compte avec la démocratisation du Casual Gaming, mais là, la tendance se confirme clairement chez tous les éditeurs. Du coup, puisque le joueur de longue date n'est plus un client intéressant à lui tout seul, puisqu'on n'a plus envie de le séduire, on va aller séduire celui qui ne joue pas d'habitude, mais qui aime bien une grosse pompe à fric, Star Wars, par exemple.
alien-vs-predator.jpgPourtant, ce n'est pas la première fois que deux univers pas forcément proches se rencontrent dans un seul et même jeu vidéo. Et l'exemple le plus marquant est certainement Alien Versus Predator. Je ne vous parle pas du film qui vient de sortir en salle, et pour lequel la bande-annonce montre plus de décès violents que dans n'importe quel film d'horreur moyen. Non, je vous parle du jeu vidéo, sorti bien avant, et dont la plus vieille version que j'ai retrouvé date de 1993. Ici, la rencontre est intéressante, puisqu'on est face à deux univers différents, mais liés par le côté science-fiction, le fait qu'il s'agisse de deux grosses licences cinématographiques des années 80, et qu'en gros il s'agisse de la même chose : des militaires contre des extra-terrestres.
robocop-vs-terminator.jpgMais rappelez-vous également, juste après cela, nous pouvions nous battre avec les deux robots les plus célèbres de l'époque : Robocop contre Terminator. le nom peut faire rire, mais le jeu était sérieux. Bon, ce n'était pas une grande réussite vidéoludique, mais la rencontre n'était pas idiote. Bien que j'ai toujours préféré le Terminator, dans l'absolu. Mais que le jeu Robocop, tout seul, était bien meilleur que son homologue. Bref, ici aussi, le rapport est tout trouvé : deux robots, deux films, un jeu, tout va bien. On reste dans une certaine cohérence.
x-men-vs-street-fighter.jpgD'autres exemples valent aussi la peines qu'on les regarde de plus près. Un de mes préférés, c'est X-Men vs Street Fighter, un jeu de combat bien nerveux dans lequel on peut se faire des Wolverine/Ryu ou des Cyclop/Chun-li avec un énorme plaisir. Ce mélange de licence tombait d'ailleurs sous le sens, puisqu'il s'agit de la rencontre entre la série des Street Fighter, et le jeu de combat X-Men : Children of the Atom, développé par Capcom (le studio à l'origine de Street Fighter). C'est d'ailleurs dans la même logique que Capcom a récidivé en sortant Marvel vs. Capcom, qui a même connu une suite.
capcom-vs-snk.jpgPour rester dans les jeux de combat, on peut également citer la rencontre la plus improbable à l'époque, entre les deux plus grands concurrents du milieu, à savoir Capcom vs SNK. C'est à dire toute la clique de la Neo Geo contre tout l'univers Capcom. Et comme on pouvait s'y attendre, ça a donné un des meilleurs jeux de baston de sa génération, qui a même connu une suite, encore meilleure et plus complète que le premier épisode. En revanche, on oubliera assez vite le spin off de la série, SNK vs Capcom Chaos, qui est largement en dessous de ce à quoi les deux boîtes nous ont habitués.
super-smash-bros.jpgNintendo est également très fort dans le mélange des genres en toute impunité. C'est avec des Mario Kart, Mario Party, Mario Golf, Mario Tennis, Mario Football et autres que l'entreprise s'est créée une image, un univers qui lui est propre, et dans lequel aucun personnage issu d'un quelconque jeu de la marque n'est étranger aux autres. Que Mario se batte contre Donkey Kong après avoir claqué la tronche de Link ne choquera personne. Pourtant, ici aussi, les incohérences pleuvent. On se demandera par exemple ce que Solid Snake (Metal Gear Solid) vient foutre là dedans.
Cela dit, même Namco a l'habitude de nous faire entrer des personnages parfois étranges dans le roster. On se souviendra par exemple de Link (Zelda) dans Soul Calibur 2, voire même de Spawn, issu de l'univers Marvel, et dont la précédente apparition dans un jeu vidéo remontait à une médiocre production de 1997.
Bref, les apparitions étranges dans les jeux vidéos, les personnages improbables qui se rencontrent, on a l'habitude. Ça fait des années que ça dure. Le problème, c'est qu'à chaque fois, ou presque, on essayait de rendre la chose cohérente auprès du joueur, histoire qu'il comprenne pourquoi Robocop a soudain eu l'envie d'aller se fritter contre Terminator.
Aujourd'hui, ce petit semblant de cohérence n'a même plus lieu d'être. On préfère taper directement dans ce qui va générer de la thune, sans même se poser la question de savoir si ce qu'on fait a un quelconque sens logique. On fait, du moment que ça va faire de la thune, que ça va attirer du fanboy, c'est bon, on prend. Résultat : Mario et Sonic font la course dans un jeu de sport médiocre et pétri d'une licence à vomir (les J.O. de Pékin), Solid Snake va faire la fête avec Mario dans le même jeu, et Dark Vador va se battre contre un guerrier médiéval japonais. Tout cela dans un seul but : même pas le plaisir de jeu, même pas une histoire un tant soit peu étudiée, mais pour la thune, la thune sur le dos du joueur tant qu'à faire.
Elle est définitivement terminée, cette époque où on prenait le temps de créer un jeu bien soigné, où on étudiait la légitimité de chaque personnage, où on lui créait un background, où on plantait un décor bien solide dans lequel les acteur ont tous leur place. Le jeu vidéo est devenu une industrie et fonctionne comme une industrie. On tape le plus large possible, quitte à ce que le produit perde en qualité, on ne vend plus un jeu mais une image. "Achetez mon jeu de combat, vous pourrez jouer avec Dark Vador" est devenu un argument bien plus intéressant que "J'ai 30 ans d'expérience dans le jeu vidéo et 15 ans dans le jeu de combat"...

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