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Le bruit et l’odeur, l’insulte et le tracas : Mélenchon se présente

Publié le 22 novembre 2010 par H16

Et pan ! À peine le paisible teckel frisé s’est-il présenté que ping ! c’est au tour du yorkshire psychotique d’y aller à son tour : Jean-Luc Mélenchon tente la présidentielle !

En tout cas, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Ou au contraire, qu’il a joué avec brio sur un velours dont le côtelé ne déplairait pas à Montebourg, le gentleman farmer.

Oui, ces deux extrêmes semblent possibles, car à lire ce que la presse écrit sur ce bouillant tribun, on est soit tombé dans le populisme le plus tonitruant, soit dans les manoeuvres politico-politiciennes les plus subtiles.

Du côté figaresque, on nous explique que le bruyant orateur s’est tant frotté au côté populiste qu’il risque bien d’en faire les frais ; quant aux autres socialistes, ils sont jugés trop mous, et Jean-Luc prône donc une « révolution citoyenne », qu’on imagine mal calme et pondérée…

Pour Libération, en revanche, ce même populisme qui fait jazzer la droite semble au contraire s’être mis en sourdine : « Qu’ils s’en aillent tous ! » n’est plus qu’un slogan sur les affiches, et les critiques se font tout en nuances.

Bref : s’il y a bien une caractéristique saillante qui ressort de son discours, c’est qu’on ne sait plus si Jean-Luc veut ruer dans les brancards où s’il veut au contraire se faufiler entre eux. Autrement dit, voilà notre panzer qui tente le patinage artistique.

Mélenchon, sympathique et jovial

Pourtant, à lire ses déclarations, on est tout de même bien loin des glouglous roucoulants et liquides du gentil Montebourg : « Je suis le bruit et la fureur, le tumulte et le fracas » a en effet lancé dimanche Jean-Luc, devant un parterre de millions de centaines de personnes. On dirait du Macbeth, parlant de la vie racontée par un idiot, selon lui pleine de bruit et de fureur, mais vide de signification. On pourra s’interroger sur le nom de l’idiot…

Car c’est vrai qu’en terme de signification, les discours bruyants du leader du Parti de Gauche laissent planer un doute sur ce qu’il compte réellement faire puisqu’il s’annonce prêt à transformer son propre parti, «le dissoudre, l’additionner, le coaguler à d’autres.» Après la gauche plurielle, nous aurons droit à la gauche coagulée… C’est beau, un bout de parti qui coagule avec d’autres bouts, mais une fois tout ça encroûté dans une belle coagulation d’ensemble, on se demande exactement ce que ça peut bien faire si ce n’est se rattacher, pardon coaguler derechef au Parti Officiellement Socialiste histoire d’avoir une chance, le moment venu, de récupérer quelques bricoles d’une présidentielle qu’on sent déjà bien mal partie.

Arghn

Et maintenant qu’on a pu voir que notre ami Jean-Luc manie la langue de façon diablement ambidextre, que trouve-t-on sur le fond ? Ici, il ne s’agit pas de savoir s’il aime ou pas Dominique Strauss-Kahn (la réponse est non, cela semble clair), s’il adule les propositions du Parti Socialiste (trop pastel à son goût), ou comment il compte mener sa barque, mais bien de connaître les fondements de son idéologie.

Et là, c’est très dur : d’une part, les mouvements de micro de ce week-end furent essentiellement là pour ameuter la presse, trop contente de se mettre sous la dent du bruit et de la fureur d’opéra (un bon spectacle, c’est toujours sympa, surtout quand c’est gratuit), et d’autre part, même en fouillant le site officiel, il est bien difficile d’y trouver des propositions.

Au-delà, en effet, des effets de manches de son leader et de l’incantation quasi-religieuse à la Révolution Citoyenne dont la définition se rapproche pas mal d’un soviétisme vaguement repeint aux couleurs modernes, avec tous les accessoires et toutes les options, goulags inclus, on ne trouve rien. Ou si peu qu’à côté, le pénible discours de Montebourg fait figure d’abondance de concret.

En fait, au doute synthétique joué par une presse qui, finalement, adore les saltimbanques, on peut clairement opposer la certitude que tout ceci est une vaste bouffée d’air tiède: gros aérostat gonflé d’une importance médiatique artificielle, Jean-Luc se place, poussé par des vents favorables, comme opposant à tout et n’importe quoi tant que ça peut faire parler de lui et, par conséquence, enquiquiner le PS.

Mais au-delà…


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