Il n’y a plus de doute, le transport aérien va franchement mieux.
Bientôt, il ne sera plus nécessaire de prendre constamment le pouls du convalescent : il est tiré d’affaire. Cela fait maintenant plusieurs mois que le trafic aérien progresse ŕ nouveau avec une belle régularité, que les bonnes nouvelles se succčdent. Y compris dans deux zones qui avaient tardé ŕ reprendre le droit chemin, l’Europe et les Etats-Unis.
Le Vieux Continent a profondément souffert de la récession et c’est trčs lentement qu’il a repris des couleurs, compagnies low-cost mises ŕ part, lesquelles se sont constamment bien comportées. Ces derničres, en effet, ont profité du malheur des autres et n’ont pas tardé ŕ tirer les leçons de cette situation trčs contrastée. En témoignent les propos tenus récemment par les dirigeants d’EasyJet, bien décidés ŕ s’arroger une part accrue du trafic d’affaires. Cela moyennant quelques entorses ŕ un modčle économique désormais moins rigide.
On retiendra que le pavillon européen bénéficie désormais d’un taux de croissance qui se situe au-delŕ de 8%, avec un coefficient moyen d’occupation des sičges de plus de 80%. Dans ces conditions, il n’y a plus d’excuses ŕ ne pas afficher des résultats financiers de qualité et tel est bien le cas. Reste que la Ťvolatilitéť du marché reste trčs marquée, au point de faire apparaître dans les statistiques le moindre petit incident de parcours ou encore des phénomčnes récurrents comme le ramadan. En temps Ťnormalť, il n’est jamais question de cela.
Par ailleurs, aux Etats-Unis, l’optimisme est également rétabli. Lŕ aussi, la reprise a tardé puis s’est manifestée de maničre tout d’abord paresseuse, suscitant un regain d’inquiétude qui n’était finalement pas fondé. L’Air Transport Association confirme que le trafic a enfin retrouvé son niveau d’avant crise et que ses membres enregistrent des recettes en nette augmentation depuis 10 mois.
Les statistiques établies par ID Aéro, mondiales en męme temps que transversales, c’est-ŕ-dire trčs proches de la réalité quotidienne, font apparaître une progression de trafic de 9,7% pour octobre. Et le cumul sur 10 mois montre une augmentation de la demande trčs confortable de 7,8%. D’oů un coefficient d’occupation de 80,4% (81,7% en octobre), trčs au-dessus de la ligne de flottaison. De plus, on peut désormais confirmer que la reprise est tout ŕ la fois franche et rapide. Ainsi, le coefficient d’occupation se traînait encore ŕ 75% environ en début d’année. On constate aussi –nous l’avons noté précédemment- que le pavillon française a enfin redécollé.
Au niveau hexagonal, précisément, le remaniement ministériel confirme malheureusement que les transports ne bénéficient pas d’un traitement prioritaire au plus haut niveau de l’Etat, pas męme d’une grande attention. En effet, dans le Ťnouveauť gouvernement Fillon, un Ovni succčde ŕ un absent, le poste de Dominique Bussereau étant repris par le député du Vaucluse Thierry Mariani. Ce dernier a surtout fait parler de lui en matičre d’immigration et, ce qui n’est pas précisément utile pour se pencher sur des dossiers aéronautiques, il est membre d’un groupe d’étude sur le Tibet. Ainsi va la France.
Il faudra pourtant faire entendre notre voix dans diverses enceintes qui brassent des idées pas toujours judicieuses ou encore appuyer les efforts de groupements professionnels qui dénoncent un mal pernicieux. A savoir la tendance néfaste ŕ considérer les compagnies aériennes et leurs clients comme de vulgaires vaches ŕ lait, taxables et corvéables ŕ merci.
Cette attitude est celle d’une autre époque. Chacun sait, politiques mis ŕ part, que l’économie mondiale ne peut fonctionner sans une aviation commerciale saine et solide dont les comptes ne soient pas obérés par des taxes de toutes natures. Par ailleurs, il y a longtemps que la sécurité aérienne, au sens large, mérite de nouveaux échanges de vues et de solides initiatives. Or, depuis la catastrophe du vol AF447 Rio-Paris, le silence gouvernemental a été proprement assourdissant. Dans le męme esprit, le dialogue avec les personnels navigants, męme s’il relčve essentiellement des employeurs, c’est-ŕ-dire des compagnies, devrait ętre renoué et apaisé. Lŕ encore, depuis trois ans, rien ne s’est produit. Heureusement, de nos jours, les pilotes automatiques sont fiables…
Pierre Sparaco - AeroMorning
(Photo: Daniel Faget)