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Tea Party : le témoignage

Publié le 22 novembre 2010 par Pierre

Tea Party : le témoignageUn long silence, épais. La main de l’homme secoue lentement le large verre. Le glaçon tinte faiblement contre la paroi cristalline. La robe or et pourpre du bourbon scintille de mille feux, illuminée par le soleil couchant qui entre à pleins rayons par la fenêtre entrouverte. L’homme approche le verre de sa bouche, avale une longue gorgée brûlante et, nous fixant de ses yeux acier, fend le silence en lâchant les mots suivants :

« Le Tea Party a changé ma vision du monde ».

Stupeur.

Notre ami Peter est devenu un adepte de ce parti aussi fanatique qu’extrémiste.

Nous lui demandons évidemment les raisons de sa brutale conversion.

Peter remplit à nouveau son verre, et l’examine longuement. Puis il lève la tête vers l’horizon, l’œil embrasé par le crépuscule flamboyant. C’est avec un air grave et pénétré qu’il sèche d’une traite son second Jack avant de nous expliquer qu’il vient du pays des plaines, un pays où les vrais cow-boys ont pris à la loyale la place des Indiens, où les bronzés rasent encore les murs, où les jaunes ne se sont pas encore aventurés, où les « mojados » continuent d’astiquer docilement les sols des supérettes… Peter nous décrit cette Amérique bien organisée et fière de ses valeurs, ce « proud wild land where the wind goes free ». L’œil brillant, il continue : « Oui, grâce au Tea Party la vraie Amérique existe et s’affiche ».

L’homme râblé, fier de son effet, se ressert un Jack bien tassé puis s’approche pesamment de la fenêtre en faisant claquer ses bottes ferrées sur le sol en chêne massif. « Bam, bam, bam, bam ».

Encore un long silence…

Il porte le verre à ses lèvres et ferme les yeux. « Voyez-vous, l’Amérique est en danger, il faut la protéger et écraser les terroristes à coups de bombes sur la gueule ».

Des gouttes de sueur perlent maintenant sur sa calvitie naissante, l’atmosphère devient même inquiétante car Peter a saisi son fusil Winchester. Mal à l’aise, nous faisons mine de nous lever mais sommes arrêtés d’une main levée pleine d’autorité : «  Les puissants, les financiers, le lobby de l’argent, les fédéraux… Moi je les connais tous et croyez-moi, on va aussi s’en occuper de toute cette vermine… ».

Peter a le visage fermé, celui des mauvais jours, l’œil toujours fixé dehors.

Soudain, il arme à l’épaule son fusil, et canarde furieusement le paysage. « Saloperies de corbeaux » aboie-t-il en guise de conclusion à notre entretien.

François et Frédéric


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